MONPTELLIER – LIMOGES : SUMMER MASSIF TRIP

En partant en vélo de Montpellier à Limoges, on avait quelques noms de patelins en tête,  et la certitude qu’on allait devoir mouliner sévère. C’est vrai que la corniche des Cévennes, les gorges de l’Allier et le plomb du Cantal, ça sentait à la fois les petits points de vue calés, le fromage aligoté mais aussi quelques bonnes montées. La carte ne laissait d’ailleurs pas planer le doute très longtemps : certes, beaucoup de petits traits blancs surlignés de vert, signes annonciateurs de routes peu fréquentées et superbes, mais également masse de méandres et contorsions, ce qui donnait à penser que l’endroit n’était pas rigoureusement plat. On a rien sans rien vous allez me dire. Et à vélo comme en amour, il faut cravacher longtemps avant d’en tirer quelques plaisirs.

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Mais au-delà de ces lieux  qu’on peut retrouver et délimiter relativement précisément sur notre bonne vieille carte Michelin, je crois bien qu’on allait chercher quelque chose de plus. Un quelque chose qu’on essaye désormais de trouver à chaque fois qu’on part à vélo un peu longtemps, mais qu’on a encore du mal à définir.

Ça peut prendre la forme d’une petite vallée encaissée qui croque un village endormi, posé là, hors du temps et de l’ennui. Ou alors, cette forêt à la tombée du jour où la rangée de hêtres laisse passer une merveilleuse lumière. Ou encore, cette rivière descendue de rapides en rapides, et tellement sauvage dans son état, qu’on se croirait ailleurs, loin, peut-être au Canada.

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On sentait bien qu’ils avaient quelque chose de commun tous ces lieux. On a voulu leur donner un nom. On s’est rassemblé, on a bu, on a chanté, on a bu encore et tout un coup le Bam s’est levé, solennel, a montré quelque chose au loin que lui seul semblait voir, et d’une voix blanche, a prononcé l’expression de “Pays perdu”. En anglish, the Lost World. Ce vocable était tellement stylé que Arthur Conan Doyle nous l’a piqué pour écrire son roman éponyme, avant que cette crapule de Steven Spielberg lui pique à son tour et ressuscite du même coup le T-Rex au cinoche. Complètement dingue.

En le nommant ainsi, on l’intègre maladroitement à notre vocabulaire mais on perd forcément un petit quelque chose au passage. Alors quand ce pays perdu provoque en nous un trop plein d’émotions, en parler ne suffit plus : on s’autorise comme au bon vieux temps à se regarder du coin de l’oeil et à sourire bêtement ; et à gueuler très fort au loup quand ça descend.

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La trace :

 

Plus prosaïquement, on est parti de Montpellier un certain vendredi 9 août. Cette année on avait prévu de réaliser un trip Gravel pour se rapprocher encore plus du Pays Perdu. Le Gravel est un autre concept également très puissant et essentiel. Il s’agit à la fois d’un type de chemin, d’un certain type de vélo et surtout et avant tout d’un état d’esprit. Le cycliste Gravel est ainsi sans cesse en quête, et semble taraudé par la même et éternelle question : est-ce Gravel ou pas ?

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Par exemple, un vélo type cyclocross: c’est pas Gravel. Mais le vélo qui ressemble vachement à un vélo de cyclocross mais c’est quand même un concept complètement différent et révolutionnaire : c’est Gravel.

La route bitumée : évidemment pas Gravel. Le petit chemin paumé dans la forêt qui se transforme en single track (sentier en langue Gravel) : Gravel. Mais attention, piège : ce qu’on croyait être un single track sympatoche et qui s’est révélé être une succession de fat marches de pierre nous obligeant à porter notre fat vélo avec fat sacoches sur le dos pendant 4 kilomètres : c’est pas Gravel ! C’est un fucking chemin de Grande Randonnée, YA DES SIGNES BLANCS ET ROUGES PARTOUT DUCON !!

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Vous l’aurez compris, on avait moyennement préparé notre premier trip Gravel et on s’est vite retrouvé à se poser la question de savoir si on était fait pour ça. C’est quand Louis, arrivé en haut d’une montée interminable, après avoir poussé son vélo tout du long, en a été réduit à vider sa salière pour gagner quelques précieux grammes de poids qu’on s’est dit qu’on était peut-être allé un peu trop loin et que notre trip n’avait plus grand chose d’humain puisqu’il obligeait un homme qui adore par dessus tout saler ses plats, à se séparer de ce qui faisait le sel de sa vie.

Et je ne sais pas s’il vous l’a dit, mais Louis a voyagé aux Etats-Unis à vélo, et clairement, c’est pas le genre de mec à se séparer de son sel comme ça.   

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Ca a sonné comme la sonnette d’alarme, le signal de détresse. A l’unanimité, on a alors décidé d’échanger le GR pour des petites routes bitumées, certes non Gravel, mais de temps en temps, en roulant sur le bas côté, on arrivait à faire crisser quelques graviers. Après le traumatisme du chemin de Saint-Guilhem-le-Désert, on a redescendu la Buèges, dans laquelle on s’est baigné, on est passé par Ganges, puis une très belle piste cyclable sur une ancienne voie de chemin de fer – #tmtc que ce sont les meilleures – Sumène et nuit à Saint Martial en camping sauvage. Le lendemain, on a continué vers Les Plantiers, la corniche des Cévennes, Florac et son camping spartiate.

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C’est le lendemain soir, après une belle journée et une très belle portion Gravel avant Villefort, qu’on a rejoint Inès et Bam à Chapeauroux. Ce couple charmant voyageait depuis 10 jours sur un beau tandem.

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Petite originalité de ce Massif Trip 2018, la descente de l’Allier entre Chapeauroux et Pont d’Alleyras en kayak. Et beh franchement, c’est assez jouissif. Un Pays Perdu comme on les aime. 20 kms de descente sans trop pagayer avec des rapides marrants et surtout un environnement exceptionnel : des forêts et gorges qui s’enchaînent pendant des heures et des heures sans le moindre signe de civilisation. Seul bémol, le froid qui nous saisit au moment de casser la croûte. Si on avait écouté un peu plus le Charlox, on aurait pris des vêtements Merinos pour nous tenir bien au chaud sans pour autant dégager une odeur trop désagréable, même après 3 jours. Incroyable.

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Heureusement, et à défaut de Mérinos, nos âmes d’enfant trouvent rapidement de quoi se réchauffer avec une bataille d’eau qui n’en finit plus, au plus grand bonheur de – presque – tous. Le soir on campe sauvagement non loin du petit village de Blesle après une très belle étape d’approche en partant d’Arvant.

Le lendemain nous réserve également une sacrée bonne tranche de Pays perdu. D’abord, une bien belle montée vers le plateau du Massif central avec le puy de Sancy au loin et les vaches tout près. La redescente vers Condat puis Bort Les Orgues dans une ambiance très particulière, ou l’on en finit pas de s’émerveiller par le charme discret de cette vallée touffue. Tout ça c’est bien beau mais sans aligot, ça ne vaut rien. On finit par en dénicher à Bort les Orgues, au plus grand plaisir d’une personne que nous nommerons pas ici, qui en rêvait depuis longtemps. On se pieute dans un camping de l’autre côté de la Dordogne après une montée complètement folle, ou l’on suivait dans la nuit un Iron Dad et sa U Boom beuglant, ”L’Alcool c’est de l’eau”, autre miracle, celui-ci à rebours du Christ lors des noces de Canaa.

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On était en Corrèze, département dont on ne savait pas quoi espérer et qui nous a finalement bien plu avec ses forêts vallonées et bucoliques, ses champs ou l’on cultive la tourbe et la tique, bien sur ses illustres présidents de la république, et quelques clips sympathiques comme celui-ci :

“Comment puis-je oublier
Ce coin de paradis ?
Ce petit bout de terre
Où vit encore mon père
Comment pourrais-je faire
pour me séparer d’elle ?
Oublier qu’on est frères
Belle Corrèze charnelle”

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 On quitte le couple au tandem à grand regret à Meymac avant un dernier camping sauvage en surplomb du chemin des Hêtres, spotté par le Fat Charlox, qui a l’oeil. Vendredi 17 le dernier jour, on pédale une demi-journée jusqu’à Eymoutiers, ou l’on engouffre en 9 minutes chrono une bavette d’aloyau avant l’arrivée du TER pour Limoges. Ca nous est un peu resté sur l’estomac mais c’était rudement bon !

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Prendre le train à vélo, c’est toujours épique. Cette fois ça se passe plutôt bien. Pour nous faire la conversation, un gars qui n’a plus toute sa raison et, après un long silence me regarde fixement, et crie d’une voix forte d’un autre temps : “Babylone la prostituée”. Je n’ai pas su trouver la réplique.

On arrive finalement sans encombre à Limoges ou nous attend la fat Merco qui nous emmènera jusqu’à Niort. End of the Trip !     

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IRUN-OLOT – LOS PIRINEOS MAGICOS!

Gens : Papa, Louma, Rapha

Août 2015 : 700 kms, 15 000 m de dénivelé, 8 jours. Honnête.

El camino

Le premier jour, nos corps ne sont pas encore marqués par l’épreuve, la chaleur et le doute. Nous quittons l’Océan Atlantique à Irun pour nous enfoncer dans le pays basque. Ca grimpe rapidement. Tout est vert, les forêts de feuillus couvrent les flancs des montagnes. Au détour d’un vallon ou d’un clocher, nous apercevons de temps en temps une usine ou une scierie en pleine activité. La région est à la fois sauvage et industrialisée, un mélange détonnant.

Nous prenons des petites routes qui sont à peine indiquées sur la carte, et on se régale : aucune circulation, de très beaux paysages et l’impression d’être loin de tout ! Comme la journée cycliste n’avait commencé qu’à 12h30, nous pédalons jusqu’à 21h, heure à laquelle on s’installe au resto.

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A 23h30, on est bien repus mais on n’a pas d’endroit où dormir. Il y a un hôtel à 7 kms mais il faut revenir sur nos pas : c’est trop dur psychologiquement. On tente le camping sauvage mais les environs du restaurant sont assez craignos : décharge de voiture, lampadaires allumés, bref pas terrible !

Ceci-dit, il fait assez bon et on n’est pas trop fatigués : pourquoi ne pas continuer la route à la frontale ? Le seul souci, c’est que la route en question, c’est un cool avec 800 m de dénivelé ! Le défi n’en est que plus beau ! On s’élance donc à minuit et demi, avec nos loupiotes et nos gilets jaunes pour prévenir les rares voitures qui vont nous croiser. On ne voit strictement rien car les nuages ou la brume se mêlent rapidement de la partie. Nos frontales dessinent des ombres déformées dans la nuit, il est 2 heures du mat et on est en plein milieu du pays basque, c’est une montée d’anthologie !

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On se rend compte qu’on a passé le col quand la route commence à descendre. On trouve finalement un endroit où installer nos tentes sur une petite route parallèle. Au moment de fermer les yeux, on s’aperçoit qu’on est juste en face de la nationale où passent tous les camions faisant un barouf d’enfer ! Trop tard pour changer, il est 3 heures du mat’, on s’endort tant bien que mal.

Le lendemain, on commence par une baignade dans le lac pas loin d’Eugi.

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On enchaîne avec la messe à 12h. C’est assez traditionnel : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ! La messe finie, on prend la nationale qui se révèle être assez vide de circulation, tant mieux ! On traverse de jolis paysages, des plateaux à moitié cultivés, des gorges avec des falaises impressionnantes, notamment près de Aribe où l’on déjeune. A la fin de la pause déjeuner, il est déjà 17h. Vu qu’on a à moitié dormi la veille, on décide de prendre un petit raccourci qui nous fera économiser 30 kms pour parvenir à une heure décente au camping. C’est chose faite à 19h30 quand nous entrons dans la bonne ville de Ochagavia.

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Le petit matin, c’est vraiment le meilleur moment pour pédaler. Il fait encore frais, on n’est pas encore trop fatigué, la lumière et la chaleur naissante réchauffent la route d’où s’élèvent des volutes de vapeur. Les kilomètres s’enchaînent bien. Nous entrons en Aragon, le paysage et la végétation changent rapidement, ça devient plus sec, plus rocailleux et plus vertical. De Zuriza à Anso, la vallée très encaissée nous réserve une très belle descente.

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On prend un premier sandwich sur les coups de 12h30 à Anso puis un deuxième pas loin de Echo.

Au moment de nous donner les sandwichs que nous avions commandés, le barman nous glisse à l’oreille : « Il y a une petite note pour vous dans le sandwich ». Bizarre…. Je pensais ne pas avoir bien compris ce qu’il voulait me dire mais au moment de manger les sandwichs, on découvre le petit papier en question : « Appelle-moi au 07 78 45 41 25, Jésus, le cuisinier » ! Hahaha, bon fou rire ! L’un de nous avait visiblement tapé dans l’œil du cuistot du bar !!

Réflexion faite, on s’est dit que c’était sûrement le barman qui avait voulu faire une blague à son pote cuistot en mettant le petit mot. Très bon en tout cas !

On se baigne dans la rivière et on repart de plus belle car il nous reste pas mal de bornes avant Jaca. On parcourt une quarantaine de kms, on passe deux-trois petits cols, et on aperçoit notre objectif à une dizaine de kms. Ca tombe bien parce que les jambes se font lourdes ! Malheureusement, les derniers kms sont en mode montée descente tous les 200 m, ça nous achève bien. A Jaca, on s’installe au camping (avec piscine !) où nous rejoint Louma qui arrive tout droit de Paris. Il a même eu le temps de faire les courses. On se met bien !

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Le lendemain, on part sur les coups de 8h. On prend une petite route qui longe une rivière et s’élève doucement vers le col de Sarrablo à 1200m. On évite un gros orage en s’abritant dans le petit village de Laguarta. La partie qui traverse le parc naturel de la sierra de Guara est très sympa. On finit par redescendre dans la vallée et on décide de s’arrêter à Boltana. Il est 15h et il nous reste moins de 10 kms, donc on est large. On se trouve un petit bistrot où on s’installe confortablement. Les plats s’enchaînent aussi rapidement que les bouteilles. A la fin du repas, on est très très bien.

Pour peu qu’on soit entouré par des gens ayant le même sens du défi, c’est généralement le moment où l’on commet les actes les plus glorieux ou les plus stupides, c’est selon. En tout cas, c’est à ce moment-là que notre vie bascula.

Il se trouve qu’il y avait un coiffeur juste en face du resto. Il se trouve aussi que germait dans nos esprits depuis quelques temps l’idée selon laquelle, la crête de l’iroquois, c’était quand même ce qu’on peut faire de mieux en termes capillaires. Jusque-là, nous n’osions pas. Jusque-là, nous étions couards, car isolés et sobres. Mais réunis et saouls, nous devînmes braves.

En l’espace de 30 minutes, le temps de faire passer la tondeuse sur nos 3 crânes écervelés, nous avons quitté le commun des mortels pour rejoindre la tribu des Iroquois et des punks à chien. Une nouvelle humanité s’offrait à nous !

L’avantage avec ce genre de coiffure, c’est que tu te marres pour pas cher. Les 2 jours qui ont suivi « l’acte fondateur », on se bidonnait rien qu’à voir la gueule de l’autre, et par ricochet en imaginant la sienne. C’était surtout de derrière que ça donnait le mieux.

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Bref, fiers comme des paons, on remonte sur nos montures et on se pose au camping de Ainsa, où l’on passe quelque temps devant le miroir pour apprivoiser notre nouveau moi.

La suite de l’itinéraire jusqu’à Olot nous régale. On se souviendra notamment :

  • Du monasterio de Santa Maria de Obarra dans un recoin de la montagne. Juste au-dessus, la vallée se ressert dans un goulot impresionnant.

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  • D’une très belle lumière et une vraie fraîcheur dans la descente du coll Creu de Perves. Pour la peine on se paye le bungalow au camping de Senterada
  • Du petit déjeuner charmant le lendemain matin à Pobleta de Bellvei

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  • Des chouettes villages de Peramea, surplombant Gerri de la Sal, Fornols et Josa de Cadi dans la Serra del Cadi

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  • Du cagnard pour monter au Col de Canto à 1725 m

Au bout de 8 jours de chevauchée, on arrive à Olot où l’on va saluer le cousin Gilles puis retrouver la famille dans un gîte posé. Les frères et soeurs et épouse apprécient notre look à sa juste valeur.

Bon vous l’aurez compris, encore une fois ce trip vélo aura été un Very Fat Trip !!

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MONTAUBAN – MEYRAS : L’AUBRIC à BRAC !

Gens : Bambam, Charlox, Louma, Louis, Rapha

On a cherché dans nos annales. On a creusé dans nos souvenirs de pédales. On a eu beau fouiller, sonder le fond de nos poitrines, passer en revue les magazines, on en a pas trouvé, de trips aussi fats que ce trip.

On a vu des châteaux au nom de président, des plateaux sauvages fascinants, des plats au fromage dégoulinant. On a roulé dans des fonds de vallées brumeuses, dans des descentes sinueuses. On a eu des journées pleines de soleil et des nuits de froid sommeil.

On a même vu la neige. On a même vu les loups. Ahoooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!!!

Faut dire que le programme était prometteur : 5 jours de vélo à 5 potes. Des nuits à moins 5°C, et pour se réchauffer, des côtes et des bières à 5 %.  Partir de Montauban pour rejoindre l’Ardèche avant le nouvel an. Tarn-et-garonne, Tarn, Aveyron, Lozère, Ardèche… une bonne diagonale du vide comme on les aime.

La Trace :

Part 1

Part 2

 

Avec Charlox et Louma, on rejoint Louis sur les coups de midi à Montauban. Courses en sacoches, on part tranquillement sur une dèpe blanche en direction de la vallée de l’Aveyron. Quelques villages de caractère nous offrent le charme de leurs vieilles pierres : Montricoux, Bruniquel, Penne, Cazals…

Ambiance à Montricoux

Ambiance à Montricoux

En arrivant sur Saint-Antonin Noble Val, nous entrons dans une véritable purée de pois que nous ne quitterons qu’en nous extirpant de la vallée un peu plus tard. Le brouillard nous trempe allègrement. Peu après Varen, on donne un sérieux coup de collier car on doit choper un train en marche du côté de Najac.

J’entends déjà les pharisiens s’insurger et les envieux ricaner dans leur coin. Je vais ici être très clair pour dissiper les malentendus. Oui Monsieur, nous avons pris le train ! Non, Madame, nous n’en avons pas honte. Premièrement parce que le Grand Charlox lors de son Illustre Voyage Cycliste en Européanie a utilisé à maintes reprises ce moyen de transport. Les mauvaises langues disent à ce sujet qu’on l’aurait d’ailleurs plus souvent aperçu durant ces 6 mois à la voiture bar d’un train de voyageurs à vider des bières bon marchés, susurrant sereinement des « Tu sais, j’ai pas mal barouder » à l’oreille de créatures innocentes, qu’en train de pédaler sur son vélo surchargé. Je pense qu’il s’agit là tout bonnement de racontars et je ne préfère pas leur donner de tribune ici. Deuxièment, parce que le trajet initial nous faisait passer par une grosse dèpe rouge et que nous avons fait le choix stratégique de passer par des petites routes tortueuses, nous rajoutant des kms et du dénivelé, plutôt que de poursuivre sur de grandes lignes droites sans intérêt. Troisièmement, parce que tel était notre bon plaisir, et que nous n’avons pas à nous justifier, merde !

Dans la vallée de l'Aveyron

Dans la vallée de l’Aveyron

Toujours est-il qu’on monte en 4e vitesse une côte soutenue, qui nous fait cracher nos poumons de citadins encroutés. Et alors qu’on atteint le col, et qu’on se dit qu’on est un peu juste pour le train, la route s’ingénie à nous faire passer par des montées descentes en cascade. Nous n’y croyons plus et pourtant dans un sursaut d’énergie et d’orgueil nous parvenons tout de même à la gare, 2 minutes avant l’arrivée de la locomotive. Caramba, une sacrée aventure que nous avons vécue là !

Le train nous dépose 20 min plus tard à 21h à Villefranche de Rouergue. J’essaye de faire découvrir à mes amis cyclistes les merveilles de son architecture telles la place Notre-dame et son marché ou encore l’arcade Alphonse de Poitiers, mais ces ignares ne sont pas réceptifs. De vrais bovins. On se pieute en contrehaut de la ville.

Le lendemain, on pédale sur le plateau pour rejoindre le Bam à Saint-Christophe Vallon. Ce que nous faisons sur les coups de midi. Celui-ci nous attend, étendu tel un gitan sur le parvis de l’Eglise. Nous attendent également un bon kilo d’aligot et quelques bières du pays de la meilleure facture. Positif !! Après quelques montées descentes, dont certaines plus raides que d’autres, nous dégringolons vers Estaing, son château et la vallée du Lot. A ce propos, saviez-vous que le château a été racheté par Valéry Giscard d’Estaing et ses frangins en 2005 grâce à nos impôts ? C’est véritablement intolérable. Mais cela ne m’étonne pas beaucoup de la part de cette famille d’usurpateurs dont le titre est vieux de moins de cent ans : « Edmond Giscard, père de Valéry, fut autorisé, par un décret pris en conseil d’État en 1922, à relever le nom d’Estaing, éteint avec sa trisaïeule Lucie-Madeleine d’Estaing de Réquistat Dubuisson, dernière du nom, « issue d’une branche apparemment bâtarde [donc roturière] de l’illustre famille d’Estaing ». Che pas pour vous, mais moi je trouve ça affligeant.

Bref, on se trouve une petite pelouse douillette en face de l’Eglise de Perse, par où passe le chemin de Saint-Jacques. Feu, merguez et chipolata, on fait péter une tite teille du languedoc et on se met ienb !

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Notre coin pénard

Le lendemain, tout est gelé, à commencer par nos moignons et nos roustons. Le vélo de Charles avec sa technologie Roll Off rechigne à passer les vitesses. Faut dire que quand on n’investit pas dans du bon matos aussi… Comment y fera quand je l’emmènerai sur les plateaux du Tibet ou de la Cordillère des Andes ?

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Bon d’accord, on s’est gelés les miches

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Glagla

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Saint-Côme d’Olt

Le paysage est magique au fond de la vallée du Lot. On se cale dans un petit bar à Saint-Côme d’Olt, avec Jean-Pierre et Raymond qui sont au demi-sec, et ils ont bien raison. Réchauffés, on se lance sur la côte qui va nous mener sur les plateaux de l’Aubrac. Il fait super beau, ça devient de plus en plus sauvage, on se régale ! Voyez plutôt :

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On atteint Aubrac puis Nasbinals, où on s’attable devant de gros burgers comme on les aime. On repart sur le plateau, et là c’est vraiment du bonheur. On fait un détour par la cascade du Déroc. Avec le coucher de soleil, la lumière est incroyable. Les prés sont séparés par des murets de pierre et des cours d’eau qui serpentent dans des tourbières. Leur dites pas mais j’emmènerai ma femme et mes gosses ici et on s’y installera.

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Allez viens, on fera plein d’enfants

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J’inviterai mes potes de temps en temps

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Je te susurrerai des mots doux au soleil couchant

On prend notre temps pour atteindre le gîte du soir. Il y a quelques belles baraques rénovées qui font rudement envie ! On arrive de nuit dans une maison chauffée, où un dîner nous attend. Le pied !

Petit réveil matinal, et départ à l’aurore. Il est 10h. Evidemment le soleil se lève sur un ciel d’un bleu profond, et dès que nous sortons du hameau, la beauté du paysage nous frappe sans retenue. Une terre blanchie, neigeuse, froide et immobile, d’une beauté magique. Un moment unique suspendu dans nos mémoires.

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L’objectif est de foncer au parc des loups du Gévaudan pour ne pas rater la visite de 11h. Mais nous restons en extase, et prenons un nombre conséquent de photos, comme pour tenter de marquer le moment plus profondément, pour entretenir le souvenir, avec la peur que le temps passe trop vite, et qu’on oublie ce qui s’est passé ce matin là. Nos petits cerveaux tentant d’ancrer le présent par peur du futur…très humain tout ça. Le soleil vient éclairer ce tableau, et réchauffer lentement l’atmosphère. Les températures étaient négatives cette nuit. Nous avons la tête tournée non pas dans la direction de la route mais sur le côté, le côté gauche plus précisément. Là ou le soleil se lève, là d’où viennent les rayons. Ce plateau de l’Aubrac aura été une merveille. J’ai envie d’y passer la journée, prendre 1000 photos, toutes les mêmes, blanches, jaunes, marrons au fur et à mesure de l’avancement du jour, et de la fonte des glaces sur les champs.

Le chrono nous rattrappe, et nous devons avancer. Les paysages évoluent. Nous nous éloignons du plateau et les forêts font leur apparition. C’est plus escarpé, plus pentu, toujours aussi beau. Le Raph se rend compte finalement qu’on a une heure d’avance. Mais ca valait le coup, je n’aurais pas troqué ce lever de soleil contre un lever plus tardif.

Voila enfin la surprise concocté par Mr Dumont à ses congénères cyclistes. Nul ne savait à quoi s’attendre, à part moi bien sûr. La surprise est de la taille d’une meute de loup ! Petite déception quand on les voit dans des parcs pas très grands. J’avais imaginé qu’on irait marcher en forêt et faire une approche furtive pour les voir dans leur habitat naturel, mais j’ai du trop regarder les documentaires sur Arte, parce qu’après coup, ça me parait compliqué de faire ça en 1h sans équipement.

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Admirez la dentition !

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Ahouuu !

Un petit pique-nique plus tard nous revoilà en route. A l’est ! Ca roule bien, les paysages sont beaux, pour changer. Louma se retrouve à lécher sa selle, engluée de miel suite à une légère altercation avec l’ami Bam, coutumier du fait. Après tout, il a raison de ne pas se laisser faire. Si on te vole une tartine, jusqu’où cela peut-il aller ? Question ouverte, réponse fermée. Miel sur selle, langue sur miel, cul collant, la totale.

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En même temps il l’avait cherché

Nous montons le col du cheval mort, 1453m. Le soleil se fait rasant. Puis c’est la descente ! Le froid devient plus pressant. Nous n’avons rien pour manger le soir, puis nous tombons sur cette petite épicerie à Chateauneuf-de-Randon. Il fait nuit maintenant. Les couches s’accumulent sur nos épaules. La station service accepte à contrecoeur de remplir nos gourdes. C’est trop aimable.

Puis nous attaquons la dernière partie. Direction Cheylard, environ 15km plus loin. Lumières allumées, mulière ammulées. C’était pour le plaisir du bon mot. Petites routes, étoiles brillantes. Rouler de nuit est toujours une expérience différente. Regards sur la carte, on prend une route qui n’y est pas. Et la partie la plus fun de la journée commence ! La route est entièrement gelée.

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Là on commence à se marrer

Il y a bien quelques centimètres, et ça descend, pas trop sévèrement heureusement. Louma tente bien de prévenir son frère, « Attention à la glace ! » « Quoi ? » zip boum, 2e chute. Bam n’est pas en reste malgré ses pneus de 50mm. Louis et moi tenons bon. Faut dire qu’on a de l’expérience nous, on a pas mal baroudé.

Le village de Cheylard l’Evêque en contrebas est presque désert. Nous allons déranger un homme chez lui, qui après un regard à son local rempli d’engrais chimique nous dit qu’on peut aller demander au garde forestier un peu plus loin, et qu’il doit avoir des garages ou un gite forestier. En effet celui-ci nous précède en voiture sur 2km de montée puis s’engage sur un chemin de terre avant d’arriver devant une petite maison. Une seule pièce, des paillasses, une table, des chaises, du bois pour le feu. Il nous a même apporté du petit bois pour démarrer tout ça. Nous n’avions pas super envie de dormir dehors. Il faut dire qu’il allait faire dans les -10°c et déjà la nuit passée sous tente il y a 2 jours n’avait pas été de tout repos. Et puis tout était déjà gelé ici. Nous passons une soirée extraordinaire, et n’en croyons pas notre chance d’être au calme dans une petite maison au milieu de la forêt, avec un gros feu, un repas décent…Difficile de décrire le sentiment profond de joie et de bonheur qui nous habite ! Bénies soient ces heures. La nuit déroule son scénario classique mais les étoiles brillent plus fort qu’à l’accoutumée. Le froid est mordant, les pauses toilettes sont efficaces. Seul regret, et pas des moindres : nous n’avons que 3 bouteilles de bière et 1 bouteille de vin. Triste sir ! Bon sang, qui a fait les courses ?! Radin ! J’en viens néanmoins à penser aujourd‘hui que c’était au contraire l’idéal pour sublimer ce moment. Nous chantons, nous rions. Nous chantons plus fort, et rions encore plus fort. Puis c’est dodo. Mauvais choix, je suis sur la paillasse du haut. Le vide à ma droite, le Bam à ma gauche. J’ai voulu faire mon brave mais je passe la nuit à avoir peur de tomber.

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Very Fat Soirée !!

Nettoyage de la petite maison puis départ. Montée sur route glacée.

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Mon Bruto Megalo (pour rappel, héros de mon tour d’europe quelques mois plus tôt) s’en sort plutôt bien avec ses roues de 50mm. Du gros pneu et une aisance de conduite exceptionnelle me propulsent premier du peloton. Paysages vallonés entre Cheylard et Luc, forêt verte, chasseurs, ciel bleu, glace, givre, soleil…On n’est pas malheureux.

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Raph et Bam haranguent le peuple du haut de la tour du château du Luc, heureusement remis en valeur depuis 1978 par les amis du château du Luc, Louis et louma font des blagues, le marché du biscuit prend de la valeur, et nous revoila en selle. On aimerait arriver vers midi au mas d’un ami, mais ca monte, et on prend notre temps. Nous arrivons au col de la croix de Bauzon, 1308m. Vue magnifique sur l’Ardèche en contrebas, sur les sommets enneigés la-bas au loin…peut être le parc des Ecrins. La descente est sublime. Longue, intense, pas trop rapide. Voila quelques jours qu’on est dans le merveilleux, et ça continue.

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OMGGGGG !!!

Nous arrivons en Ardèche. Le petit village de La Souche, son bar local et son supermarché qui feront l’affaire pour un pique-nique improvisé. Ça joue à la pétanque de manière sérieuse. Carreau sur carreau. Clac ! Ce goût des choses bien faites n’est pas pour me déplaire.

Quelques centaines de mètres avant l’arrivée, nous avisons un terrain de foot. Le fameux terrain de Meyras. On avait justement pris un ballon. C’est l’occasion de montrer qui est le patron. Un petit 2 contre 2, à bout de souffle, à bout de fatigue, mais un moment génial. Puis nous arrivons chez notre ami, accueilli comme des héros. Ah, nous voyons bien ces regards impressionnés, ce respect que nous imposons sans même forcer. J’en fais peut être un peu trop. La soirée sera courte pour le Bam, malade comme un chien et qui ne supporte pas la 2e gorgée de bière. Il doit également partir demain matin à 5h pour rejoindre valence et y prendre un TGV pour Paris. Bonne année à toi l’ami ! Au final, je commence aussi à ne pas me sentir bien. Un sentiment qui se confirme d’heure en heure. Je vois passer toute la nourriture sous mes yeux, impossible d’avaler quoi que ce soit, et c’est dodo à 2h. Un souvenir cuisant pour quelqu’un qui aime pousser la soirée jusqu’au bout ! Et que dire du champagne ? Tant pis, je me force. Seul Louis s’agite comme un fou, puits d’énergie sans fond. Le lendemain, départ matinal des Dumont, et Louma ne se sent pas au top non plus. Ah !

Je passe une journée de plus ici, et le lendemain rejoins Raph a Aubenas et nous prenons la direction de Montpellier que nous atteignons le lendemain dans la journée. Nuit dans la famille avant de reprendre le train 2 jours après pour Nantes.

Un voyage qui restera dans les mémoires.

Bonne année 2017 !

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Fraîcheur

MONTAUBAN – THIVIERS/LIMOGES : DELUGE DANS LE PERIGORD

Gens : Bambam, Barth, Charlox, Papa, Rapha

Day 1 : de Montauban à Rocamadour 133 kms

 

On est chauds, on est beaux. Il pleut un peu, on commence bien. Sentiment de liberté ce jeudi 30 avril au soir…avant d’aller prendre le train de 22h43 à la gare d’Austerlitz. Direction Montauban ! Le pays de la fameuse série des « Fortunes de France » de Robert Merle ! Pays mythique encore vierge de souvenirs. Pour ce trajet, Bambam, Raph, Barth et moi, Charlox, réunis dans un wagon couchette plus confortable que j’imaginais. Les lits ne dépassent pas 1,90 m, j’y trouve mon compte mais y en a un qui râle. On discute avec notre coloc, Stéphane, un fou du vélo qui fait Paris-Bordeaux et ses 600 kms en 3 jours. Il en est pas à son coup d’essai, et à son actif on compte aussi un Paris-Brest-Paris de 1200km en 81h environ ! Autant dire qu’on reçoit une belle leçon d’humilité, nous qui nous nous prenions pour des durs de la pédale… On passe un super moment dans ce wagon couchette à discuter, boire un ptit coup et manger des gateaux. Puis vient la nuit et le bruit du train emplit la petite pièce de ses grincement, tiraillements et ses cliquetis réguliers…

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Couchettes kiltran tavu !

6h : debout les morts ! Montauban est là. On a plus qu’a attendre « El Padre ». Mr Papa Dumont en personne. On l’appelle…pas de réponse. On tombe sur la messagerie. Merde qu’on se dit, outai papaoutai? On n’ose imaginer le pire : que Vianney soit en train de faire la grasse mat’ ! Mais non, nous voila rassuré, il arrive fièrement. Le téléphone n’avait pas sonné. C’est l’heure du ptit dèj, on se se cale tout ce qu’on peut dans le ventre et on est parti.

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Les 5 riders sont chauds !

Il ne pleuvait pas depuis notre arrivée. On était confiants. Comment ne pas l’être? Pourquoi repenser à tous ces oiseaux de mauvaise augure qui nous prédisaient un week end affreux et pluvieux? Et pourquoi a-t-il fallu qu’on enfile nos Kway quasi directement après notre départ?…Parce qu’il s’est mis à pleuvoir très certainement.

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Joie

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Pas Joie

On trace à travers la campagne, c’est joli. Même s’il pleut, ça reste joli, oui mâdâme, parfaitement mâdâme. Et c’est pas parce qu’on prend des gouttes dans les yeux que ça en devient moche. Je dirais même que ça ajoute un certain charme. Le charme peut être de faire ce que personne n’a envie de faire, du vélo toute la journée sous la pluie un jour férié.

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Cirque près de Saint-Cirq

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Bon il pleut quant même un peu

On arrive à Saint-Cirq-Lapopie pour le dej. On aura déjà roulé 80km. Un exploit pour moi! Un petit record de battu. Au moment d’écrire ce texte en ce beau jour de mercredi 27 mai, je ne peux d’ailleurs m’empêcher de verser une petite larme et de lever ma plume vers le ciel en criant « BRRRAAA TMTC ske jtai mi l’blizzard!!! tkt ta fé ton malin mé jté pa vu en hau alor vazy tla raconte pa!!!! ». Ce village, posé sur la falaise, avec ses rues en pentes vertigineuses est magnifique! La boulangerie fait également l’unanimité. Serait-ce dû au bon vin, à la salade de canard confit, à la quiche ou à « la façon qu’a la boulangère de tendre ses miches en souriant? » C’est vrai que les miches sont belles ici, un beau pain rond et généreux comme on aime.

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Village de Saint-Cirq Lapopie

Tout nous retient ici, mais on repart de plus belle, comme la pluie d’ailleurs. Notre destination c’est Rocamadour! C’est à un peu plus de 50km de là. Et entre elle et nous se dressent des montées, s’affalent des descentes et…et…pas d’inspiration pour cette fin de phrase.

Le bam a mal au genoux. Bien sur le dude avait une tendinite mais il est venu quand même le valeureux chevalier de l’asphalte! Bon, je lui prend son sac à dos qui est moins lourd que d’habitude d’ailleurs. Y a des souvenirs qui remontent…(cf Clermont-Clermont en mai 2013). Il finit par chevaucher le bourrin de Vianney qui, lui, peste contre ce jeune imbécile qui le force à monter un ptinazi. Ainsi va la vie, par monts et par veaux. Que dire sur le trajet qui nous amène à Rocamadour? Euh…c’est vert, c’est gris de pluie, c’est mouillé et c’est sympa d’être là mais on est trempé. Vous savez, moi, raconter ce genre de truc ça me gave un peu. Moi j’aime broder, vous avez du le comprendre dans mes récits antérieurs que vous n’avez pas forcément lu.

Tout mon baratin nous amène à Rocamadour. C’est vraiment très joli cet endroit, tout de falaises vêtu. S’il n’y avait pas cette montée de $*%!/&@# juste avant l’hôtel! Bon, ça passe crème on est des machines. La chambre est super, Barth et Bam partagent leur couche en frères de meute, et je me retire dans mes appartements avec Raph comme au bon vieux temps. Mais avant on va au restau se mettre chéro ! Ca sera un demi magret de canard à l’ancienne frangin, et on reprend du vin et de la bière ! Bon c’est pas un restau gastronomique, mais l’important est d’être posay! Mini route de nuit au retour, l’hotel est à 2 km. Qu’est ce que c’est bon, il ne pleut pas, on sait qu’on va dormir…tranquillité de l’âme et pet du coeur.

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Rocamadour 1

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Rocamadour 2

Charles

 

Day 2 : de Rocamadour à Hautefort 129 kms

 

Cette journée commence tôt grâce à la montre de Barth qui est encore réglée sur l’heure du réveil de la vielle soit 5h45 !! Bon d’accord, dormir c’est tricher. Mais tout de même, on l’avait un peu mauvaise. D’autant plus que le Barth en question dort d’un sommeil de plomb, il nous fait donc profiter de 3 sonneries d’affilée à quelques minutes d’intervalle : on a à peine le temps de se rendormir que ça sonne à nouveau ! Scandale !!! Dans de vandales !!! Sentez la chaleur !!! Sans notre bon coeur et infinie indulgence, cette journée aurait pu commencer en mode Saint-Barthélémy!!!! Il l’a échappé belle mais pas pour longtemps.

C’est au moment où l’on reprend la route que je mets mon plan personnel de vengeance à exécution. Détenant les cartes, je laisse à penser que la route que nous devons suivre redescend ver Rocamadour 200 m de dénivelé plus bas. Ca paraît pas mais 200m c’est un sacré morceau. Pour que le lecteur se représente bien la chose, ce dénivelé est équivalent à pas moins de 20 fois une distance de 10 m, ou encore 40 fois une distance de 5 m (tmtc j’ai fait terminal S). On me rétorque : « T’es sûr qu’il faut redescendre Raph ? » Et moi « Certain les amis, partons à présent ». Et la troupe s’ébranla.

Ce n’est que 200m plus bas et une fois le pittoresque village de Rocamadour traversé que je révise mon jugement : « Il se pourrait bien que je m’ai gouré les gars ». – « I beg your pardon??? » « Oui en fait, la route, elle passait par en-haut, faut qu’on retourne à l’hôtel ». Les visages se figent, les regards sont durs. Le temps s’égrène lentement et les hautes falaises qui nous entourent  sont propices aux envies de meurtre. Je parviens cependant à m’en tirer, feignant de me soumettre. Je m’excuse platement et nous repartons. Je sens cependant que quelque chose s’est brisé dans la confiance qu’ils me  faisaient. Cela me turlupine, il faudra prendre garde à maintenir le moral des troupes.

La route qui suit est merveilleuse : entourés de falaise, nous descendons doucement en lacet la vallée. Le soleil, dont nous avions oublié l’existence sous le déluge de la veille, nous fait même grâce de sa présence. Ca ressemble grave à un trou de verdure où chante une rivière… accrochant follement aux herbes ces haillons / d’argent, où le soleil de la montagne fière, luit. C’est un petit val qui mousse de rayons. Spéciale cassededi à TuTur du 08 pour ce slam qui manque pas de fraîcheur.

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On profite des rares instants de soleil

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Nous remontons ensuite tranquillement vers Payrac. En cherchant Marie-José, nous nous arrêtons au café pour notre 2e petit déjeuner. Au moment de repartir, Barth se détache pour aller acheter des timbres à la poste. Grossière erreur que de se séparer du groupe… Alors que nous descendons le long d’une rivière charmante vers Lamothe, il tente de nous rejoindre, s’égare, nous appelle, en vain, crie maman, pleure doucement, pour finalement tracer sa propre route, écrire son histoire. Nous le retrouvons à Masclat, 4 kms plus loin.

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Craquounet

Juste après avoir traversé la Dordogne, nous avons la chance de rejoindre une piste cyclable aménagée sur une ancienne voie de chemin de fer. Sur une vingtaine de kms qui longent la rivière avant de s’enfoncer dans le pays saraladais, nous pédalons gaiement,profitant de l’absence de circulation et du dénivelé limité. Cela ne m’empêche de crever pour la 3e fois. Chienne de vie.

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Château en bord de Dordogne

Arrivés à Sarlat pour le déjeuner, nous cherchons avant tout à nous différencier des hordes de touristes qui viennent admirer les vieilles pierres et s’entasser dans les restaurants. Nous cassons donc la croûte sous un abri bus proche de la gare après avoir dévalisé le rayon produits régionaux du Leclerc d’à côté. Les verres s’enchaînent et les terrines se vident, ça fait plaisir à voir. Malheureusement, nous devons ici nous séparer du Bam qui malgré sa vaillance et sa détermination, a été laché ignomineusement par son genou. Il reprend le train à Sarlat direction Paris… Comme le dit si bien L.M. Montgomery : “Next to trying and winning, the best thing is trying and failing.”

L’estomac lourd et les yeux humides, nous nous remettons en selle, visant la vallée de la Vézère. Celle-ci nous gratifie de deux beaux chateaux et des grottes de Lascaux surplombant Martignac. On troque nos pédales pour 45 minutes de culture préhistorique. Juste avant la visite, Charles et Barth s’éternisent aux toillettes, ce qui fait dire à Papa qu’ils n’ont pas quitté l’Age du Bronze. LOL. L’exposé du guide est clair, le style est rapide et limpide. Pour tout dire je lui lâche 2 euros à la fin de la visite pour l’encourager dans cette voie.

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Le Bogoss et son Taucha

Il est 19h et il nous reste tout de même 30 bornes à manger avant Hautefort. Ca pédale sec, les muscles tendus par l’effort. Hélas, la chambre à air de Barth lâche à 10 kms de la destination. Par mesure de solidarité, nous décidons de continuer notre route avec papa en laissant Charles et Barth derrière. Nous parvenons finalement à l’hôtel à 21h30 après quelques tentatives infructueuses dans le noir. Et c’est à 22h45 que l’arrière-garde nous rejoint. On avale vite fait des sandwichs qui font plaisir et on va se pieuter. 2 journées à 130 bornes, c’est quand même solide !

Rapha

 

Day 3 : de Hautefort à Thiviers/Limoges 30/87 kms

 

Réveil 7h, chambre 116. Dans le lit, deux beaux garçons ne décollent pas. Il faudra 10 min pour accepter cette nuit peu réparatrice ! 7h10 donc, Charles s’empare des toilettes, et se les attribue : il en fait sa demeure sensorielle, sa roseraie bien à lui. On ouvre les rideaux, le soleil pointe le bout de son rayon sur la droite du Chateau de Hautefort. Le temps est sec, voilà qui nous ravit.

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Château d’Hautefort

7h40 petit déjeuner. Rendez-vous était donné dans la salle du restaurant/accueil/télé/hall d’entrée à 7h30 et les Dumont y étaient bien à l’heure. A l’heure mais pas en tenu. Amateurisme.

Beurre salé, confiote, miel, croissants, bref petit dèj sans charme mais ô combien important. La veille mon pneu avait creuvé et je pense le retrouver à plat, car nous croyions entendre de l’air après l’avoir remonté. Il a tenu, nous irons jusqu’à Limoges avec. Départ 8h30, photo de groupe, descente, petite pluie fine, allons-y gaiement en direct de Saint Martial Laborie. Quelques kms plus tard, j’échange avec Vianney de mon choix d’avoir opté lors de l’achat de Tigran (ma monture)  pour un « marathon + » en pneu arrière (double membrane, blabla, quasi 0 chance de crevaison…). Moins de 1 km plus tard, alors en queue de peloton (pour ne pas changer) BAM !!! Ce même pneu vanté quelques minutes auparavant explose littéralement, une déchirure de 3 cms. La chambre à air est irrécupérable, quoique… Raphael grand serviteur devant les serviteurs, me voyant pris d’un grand désarroi, s’en va ensellé et chambre à air à la main en recherche d’un pneu 700*25 et de la chambre à air associée (la chambre à la main c’est pour aider à amadouer les voitures pour l’autostop qu’il dit!).

Il est 9h15 environ, nous repartirons en direction de Excideuil 3h plus tard ! Mais ça, nous ne le savons pas encore… Aucun pneu dans les villages altentour mais Rapha revient avec des aiguilles et du fil, ah bon ? La dernière chance pour avancer à vélo et éviter le stop, alors que nous sommes sur une route très peu fréquentée. Je couds, tu couds, il coud, … Non en fait JE couds mais avec le soutien de Charles qui dort (mais a fait le taffe la veille pour la roue avant) et Rapha qui m’oriente et me soutient dans cette démarche de Do It Yourself !

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Handmade repair

Pendant ce temps, Vianney a fait 30 bornes pour chercher une solution pneu, sans réussite, mais quel dévouement de la part du clan Dumont. Le papa nous attendra finalement à Excideuil, nous y reviendrons.

Je couds, nous rajoutons un bout de la chambre à air explosée au pneu puis je recouds pour finalement remonter le pneu !

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He did it !

Ouf ! ça tient, alors même que sans réparation, une chambre neuve sortait du pneu… Allégresse, nous pédalons nus dans la campagne !!! (photos censurées).

12h30 l’heure de la reprise a sonné. Arrivée  à Excideuil, ville de fabrication des chaussures Repetto, passage à la pâtisserie, puis retrouvailles avec Vianney. Il nous a concocté un déjeuner divin ! Salade Sodebo, sandwichs triangle et bière. Nous sommes des hommes heureux. Nous dévorons cela au bord d’une route, un peu en retrait de celle-ci. La joie et la bonne humeur est là ! Les plus jeunes jouent avec la nourriture ! Vianney le professionnel parmi les amateurs ralliera Limoges à la nage ! A moins que ça ne soit à vélo.

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Château d’Excideuil

Nous repartons donc à 3 vers Thiviers  petits joueurs qui attendont le train de 16h10. Ailleurs, la témérité bat son plein, la deadline de Vianney est son train : 76 kms en 3h30. Défi relevé !

Les derniers kms vers Thiviers sont pour ne rien changer un enchaînement de montées-descentes. Je suis léger , depuis ma réparation, Raph et surout Charles portent tous mes bagages.

Notre arrivée à Thiers est fracassante. Ce village est très charmant pour son extrême banalité. Direction la gare. Ter de 40 min, nous visionnons quelques photos du voyage . Nous rions !

Arrivée à Limoges, tour de la ville avec Charles. Raph petit kiki fait dodo dans un jardin publique. Magnifique cathédrale !

Clap – Fin des hostilités

Barth

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Izy

BLOIS-BLOIS : CHATEAUX DE LA GLOIRE

Gens : Riton, Katia, Paul, Romain, Polo, Baudouin, Géraud, Anne et Rapha.

Partisans du Mouvement de tous pays !

Elle était à nos portes, dans nos villes, nos coeurs,
Epiant tous nos pas, nous la savions tapie.
Aux aguets elle rôdait, de ses dents de frayeur
Engloutissant gaiement les gamins assoupis.
L’apathie.

Et le mouvement vint. Il nous donna espoir.
Il parla longuement de changer notre histoire.
Il nous dit l’amitié, il nous dit le terroir.
Il nous dit le vélo, la liberté, la gloire.

Nos sensibles esprits retrouvaient la lumière.
Redécouvraient ensemble le service et le don,
JF à cet appel, nous prêtait sa maison
Pour nous faire un logis sur nos chemins de terre,

Baudouin quant à lui, par son grand cœur poussé,
Acceptait la mission de nous bien sustenter
Nous comptâmes sur lui, sur Vincent-le-grêlé,
Raphael et Camille pour être bien équipés

De prendre du matos, ils se firent une joie,
Afin de pallier tout défaut de monture.
Chacun se cotisât, muni de 10 eurois,
Et d’un sac de couchage en guise de couverture.

Et nous fûmes fin prêts.
Et nous fûmes  unis.
A notre tour, enfin, nous le devînmes aussi :
Le Mouvement.

1er jour : 83 kms de Blois à Lussault-sur-Loire

Riton, ce Gentil Organisateur nous avait prévu un départ à 6h53 le samedi matin ! Miraculeusement tout le monde était à l’heure. Inutile de préciser que dans le train, les conversations se sont vites assoupies.

9h, arrivée à Blois où nous louons une partie des vélos (dont un tandem) et où nous rejoignent Baudouin et Paul, Géraud et Anne. Paul a ramené un drôle d’engin : un vélo à 3 roues que tu propulses à la force des bras… on essaye tour à tour la machine et on se rend compte assez rapidement que ça demande de sacrés biceps !

10h la troupe est en route ! L’itinéraire devait nous emmener devant des châteaux de renom : Cheverny, Clos de Lucé, Beauregard… Le hic étant que pour admirer ces vieilles pierres, il fallait se délester au passage d’une somme avoisinant les dix euros pour chaque château. Alors certes, nous aimons la culture et nous sommes au plus haut point sensibles au fait qu’il faut entretenir ces monuments historiques mais de là à lâcher 30 balles en  2 heures pour pouvoir y jeter un coup d’oeil furtif, il y a un pas que pas un d’entre nous n’a souhaité franchir. Si bien qu’on a pu admirer l’harmonie et les belles courbes de ces châteaux grâce aux fascicules qui nous avaient été donnés à l’office de tourisme de Blois.

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Nous pédalons tranquillement sur un itinéraire balisé qui nous fait passer par de jolis villages.

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Nous troquons régulièrement les bords de Loire pour les vignes situées un peu plus haut au dessus du fleuve. Au final, on s’envoie tout de même 83 kms dans la journée, record absolu pour Paul en tricycle ! Le soir, dans la maison d’un ami, boustifaille à base de tartiflette aux pâtes et au reblochon. Bien fatos comme il faut !

2e jour : 51 kms de Lussault-sur-Loire à Blois 

Levés à 9h, on se fait un fat petit dèj à base de brioches grillées et de chocolat chaud. La maison rangée on remballe tout.

On démonte le fauteuil de Paul et on repart. 5 min plus tard, le gros Polo se bouffe dans la descente de Lussault, la journée démarre gaiement ! Départ de Lussault à 10h30 pour Amboise où nous assistons à la messe, légèrement en retard (pendant l’omélie, le fat padre renoi nous dit qu’il faut garder nos portes ouvertes mais c’est chaud, winter is coming, il est inconscient ou quoi ?).

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On repart d’Amboise pour un parcours entre les petites collines vers le village de « Chargé ». On dèj au bord de Loire et ces fatos de Raph et Riton vont se frotter à la Loire malgré le courant et le fonds de l’eau qui est frais. « Quels bonhommes ! » murmure l’assistance médusée. La route reprend sur les bords de Loire et passe par Chaumont-sur-Loire.

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Une partie des aventuriers se perd à 15 kms de Blois (Raph, Vincent, Romain, Katia, Baudouin et Paul). Géraud, Riton, Polo et Anne continuent sur la bonne route (stylés) et arriveront bien en avance. A Blois, Géraud tombe en tandem en voulant impressionner des lycéennes. Une bonne bière clôture ce fat WE avant le retour sur Paris !

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Riton, Katia et Raph

 

CHARTRES-ALENCON : FROID DANS LE CALECON

Gens : Sandra, Raph, Charlox

 

Samedi 14 mars : Chartres – Nogent-le-Rotrou

Départ pour chartres. Petit comité pour un week end VIP. La belle, la brute et le truand. A vous de comprendre qui est qui. Le voyage est tranquille jusqu’a chartres. Un petit TER comme on les aime. Y a même de la place pour les vélos. Par contre, on se les pèle à Chartres à 9h44. Il fait 3 degrés, et bien tassés, donc disons 2. M’enfin, après tout, on a choisi d’être ici. Enfin je crois, enfin peut-être. Car choisis-t-on jamais ce qui nous arrive? Sommes-nous livrés au destin comme Vercingetorix lui même se livra aux romain? Car il n’y a pire folie que de se prétendre maitre du destin! Malheureux qui pense cela! Bouffon même! Rentre chez toi!

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Nous décidons d’aller visiter la cathédrale de Chartres, fameuse de par sa renommée qui a fortiori la précède. C’est super grand comme monument. Les vitraux sont magnifiques! Alors pour la p’tite histoire, charlemagne a bâti cette cathédrale en 850, afin de montrer toute la splendeur de sa gloire certes, mais surtout, dans le cadre d’une politique de grands travaux publics, avec pour but de relancer l’économie qui à cette époque était bien morose. Les artisans patissaient de l’industrialisation croissante des grands secteurs industriels. A noter que les plus touchés ont été les producteurs de cervoise qui, après l’apparition disruptrice du houblon dans le processus de création, ont du remettre en question tout leur savoir faire. Le consommateur, encore une fois, a été gagnant mais cela ne s’est pas passé sans heurts.

Je disais donc que cette cathédrale était magnifique et nous avons d’ailleurs été tous 3 magnifiés. Ah mais il est déjà l’heure de se mettre en selle. Classique, une ptite pizza a la boulangerie pour se mettre bien (et combler l’estomac de Mr Raph qui n’est jamais trop rempli) et on est reparti. Il fait froid, oulala qu’il fait froid. Ca faisait longtemps que le froid ne m’avait pas mordu comme cela. La piste est sympathique et la campagne aussi. On se retrouve assez rapidement sur des petites départmentales très peu fréquentées. On suit l’itinéraire nommé  »  » qui va de Paris au Mont St Michel. C’est plutot bien indiqué et ca, ca fait plaisir. J’ai un peu oublié le trajet entre Chartres et le déjeuner. Du coup je passe au déjeuner. Ah non, en fait oui, je me souviens que c’est pas facile facile pour Sandra. Dès que ca monte, c’est rude! J’ai encore en tête les réflexions de Raph : « Mais c’est pas vrai! Moi je dois rouler à 30km/h de moyenne pour être bien! Nan mais c’est incroyable! » Ca se termine que je lui en colle une petite et qu’il passe par dessus le bastingage. Je ne l’ai plus jamais entendu se plaindre par la suite. Nan mais en fait mademoiselle chevauche le poney de Mademoiselle ma soeur. Enfin, elle poneyche le poney de ma soeur. La bête est lourde. Je ne crache pas dans la soupe, et si d’aventure tu lisais ces mots chère soeur, ne va donc pas te faire des noeuds d’indignation étouffés dans un toussement, ton poney nous aura été bien utile et publiquement, je te remercie. Seulement voila, son terrain de jeu préféré c’est la ville et la, c’est un peu dur pour les jambes de Sandra. Je lui prends un peu de poids, puis nous finirons par échanger de vélo.

On se pose à  » « , dans le jardin d’enfant, et on déballe tout sur la table à pique nique qui nous attendait. Classique, la petite bouteille de rouge, rien de moins qu’un grand cu classé. Moins classique la ptite bière à 11° ramenée par l’ami raph. C’est quoi le nom déja? Bref on se met super bien, même si on a super froid!

A côté de nous siège un magnifique chateau moyen ageux. Il faut savoir que le coin est réputé pour ca. Les chateaux. Et aussi quelques autres trucs.

Après manger on continue notre route, qui serpente entre collines, sur les collines, passe près d’églises, d’une ancienne abbaye. Y a pas à dire, c’est joli et on profite du moment. Il fait bien gris mais on profite. Il fait froid mais on profite. On des profiteurs en somme.

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L’heure tourne, et Raph doit prendre son train à Rogent le notrou dans un peu plus d »une heure. Il nous reste une quinzaine de kilomètre, tranquille, ca va le faire. On prend la route plus fréquentée mais plus rapide et on arrive a destination. Easy riders.

L’hotel  »  » que nous avons réservé est parfait. Un grand lit, une douche. Parfait. Nous nous reposons, ptite sieste pour mademoiselle, ptit coup de fil familial pour moi. Cela s’appelle chiller sévère. On check tripadvisor et on décide d’aller manger dans un ptit restau à coté du chateau, à 1 km de là. Bon, on part pas super tôt (21h) mais c’est raisonnable. Après avoir grimpé toutes les marches, une par une jusqu’au chateau, et bien on finit par comprendre qu’en fait y a rien ici. Pas de restau. Qu’une rue sombre mais pas malodorante. En clair, trip advisor nous a bien roulé! On redescend les marches 4 par 4 et on file dans le restau italien qu’on avait vu sur la place en face de l’hotel. Bon…ils ne servent plus que des pizzas, on essaye en face dans un autre restau mais la c’est croque monsieur. La queue entre les jambes nous revenons à l’italien et plaidons notre cause. La gérante nous dit que c’est ok et on commande 2 pizzas reine qui sont d’ailleurs très bonnes. Petite ambiance assez cosy, on est bien. On est toujours bien le samedi soir, j’ai déjà du écrire ca dans l’un de mes nombreux textes acclamés par la critique. Et cette fois ci n’a pas dérogé à la règle. La nuit non plus.

 

Dimanche 15 mars : Nogent-le-Rotrou-Alençon

On se réveille le dimanche matin, frais, prêts à battre le gravier et, surprise, nous sommes accueillis par un ciel gris et une petite pluie. Finalement il ne pleuvra pas aujourd’hui mais le ciel est bas. Cela ne nous empêche pas de bien petit déjeuner (big up pour le pain au raisin bien moelleux) et de prendre la route, confiants. C’est joli, on passe dans des forêts, sur des petits chemins, sur des petites routes. L’itinéraire est toujours plutôt bien indiqué. Ah le vélo, le vélo!

Jusqu’à Alençon c’est un chemin assez facile, assez large. Un ancien tracé de chemin de fer à en juger par les vieux panneaux de signalisation et surtout les petites maisons qui bornent le trajet. J’avais déjà rencontré ce style de chemin, ah tiens, en faisant route de Nantes vers le Mont St Michel! Comme le monde est petit. C’est parfois surprenant!

On déjeune à la fraiche, il nous reste du maquereau à la tomate, qu’on tartine sur des ptits carrés crème…délice divin s’il en est.

On peut rouler l’un à côté de l’autre alors on discute. J’aime discuter à vélo. Parfois ca me manque. Difficile de parler quand les autres gros bourrins veulent arriver les premiers en haut de la côte, kicékéleplufor? Moi ca me désole ce genre de personnes. La, avec Sandra, on est plus civilisés. Et puis là, c’est le drame, je crève. Bon, je peux pas démonter la roue arrière alors je fais ca en freestyle sans l’enlever et ca marche. Y avait une belle épine de ronce dans le pneu. C’est moche les ronces et ca pique; je vous laisse juger par vous même de l’opinion que je porte à ces plantes de malheur.

On roule on roule. Et puis on finit par arriver à Alençon. On est dans les temps, alors on fait un ptit tour. De beaux monuments, un centre ville tranquille, nous sommes contents et allons manger un kebab. 19h30 nous arrivons dans la gare pour notre train de 19h50. Oups! Notre TER est supprimé! Aucune raison particulière. On prend celui de 20h30 et on descend à SURDON pour le changement pour Paris. Je vous laisse trouver Surdon sur la carte. En fait le train pour Paris passe ici et doit faire un arrêt spécial pour nous, on est une petite 15aine a être la. Le train passe dans 40 minutes. L’horloge tourne, le silence serait presque pesant dans ce petit hall de gare. Heureusement que Sandra est la, on papote. Puis, 21h30, on se presse sur le quai pour ne pas rater le train! 21h35 et 30 secondes : rires, silences énervés et questions…Oups! Le train nous est passé sous le nez! Hahaha. Le conducteur a du oublier de s’arrêter. Bon retour dans le hall de gare, la pauvre responsable passe 3000 appels et au final on prend un taxi pour Paris. Mais les vélos restent ici car pas de place pour eux. J’obtiens la promesse de les avoir tres rapidement a paris et surtout, en bon état!

Je finis par avoir mes vélos livrés chez moi le vendredi suivant, apres avoir eu les 2 chefs de gare d’Alençon, la gare de Surdon, le service bagage, a nouveau le service bagage, le livreur au téléphone…Je m’aperçois apres coup que le garde boue du vélo de louise est en partie cassé, et qu’un écrou du mien est tombé…bref, mais les vélo sont la.

Merci les amis, c’était l’histoire du fameux wk Chartres-Alençon avec dans le rôle de la belle…Rapha! Dans le rôle du truand…Sandra! Et dans le rôle de la brute, toi même tu sais qui c’est la brute, c’est oim!!!!

 

Charles

AUXERRE-DECIZE : NIGHT TRIP IN THE NIVERNAIS

Gens : Yannick, Barth, Louise, Charles, Marion, Sandra, Xavier et Lisa

Nous partîmes 8, fiers comme l’océan, prêts à braver le firmament…

Après avoir voltigé dans la circulation parisienne pour atteindre cette bonne gare de Bercy, nous voila réunis sur le quai. Il est 20h35, le train part pour Auxerre dans 3 minutes et tout le monde est la, ou presque. L’élément perturbateur, oui, je le nomme sans peur, Yannick! arrive au galop et jette sa bécane dans le dernier espace vide au bout du wagon. Je tiens à saluer la performance de l’ami Barth qui est arrivé, avec les honneurs, 10 minutes avant le départ. Un exploit que je suis malheureusement le seul à comprendre et célébrer. Le trajet est festif, nous remplissons le wagon de rires et, cela va sans dire, de nos vélos. Leffe moi kiffer la vibe! Arrivée sereine dans la nuit fraiche. Il est environ 22h, le ciel est sombre, mais tout est calme, paisible. Klik blam sloum, vélos en ordre de marche, photo de départ, premiers regards…sur l’itinéraire, où comment fait-on pour rejoindre le chemin de halage? Il est vrai que les organisateurs auraient pu jetter un oeil a l’itinéraire avant de partir, au chaud dans nos chaumières, mais la vie est tellement plus amusante dans l’imprévu! Et je suis fier de sortir mon smartphone pour montrer qu’aujourd’hui je maitrise la situation. J’ai pris mon temps, certes, pour avoir ce genre d’engin mais toi même tu sais que c’etait juste pour sauver l’environnement. Et comme il est sauvé, je me dis que, diantre! faisons nous plaisir et laissons nous tracer par le GPS. Donc je sors le truc et tout le monde pense « Quel aventurier intrépide! ». Je donne des cours d’intrépidité d’ailleurs pour ceux qui seraient intéressés. C’est simple, foncez.

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Bref, nous roulons maintenant le long du canal laissant derrière nous Auxerre la belle de nuit, illuminée du mystère de son histoire…Oh! Serre moi fort et partons! Au fur et à mesure que les étoiles se découvrent, nous nous couvrons. Le froid se fait en effet sentir. Pause générale pour enfiler les coupes vents, kway, HNI (habits non identifiés)…et oui! La voila! La première chute de Barth! Sur un coup de pied arrêté, Yannick n’hésite pas une seconde et lui donne le coup de grâce! Empêtré dans ses pédales, le malheureux n’a plus d’autres choix que celui de s’affaisser lourdement sur le bord du canal. La confusion est totale. Yannick balbutie quelques mots d’excuses visiblement plus destinés au public qu’au pauvre diable gisant à terre. Une barre est avalée, quelques habits techniques enfilés et le conflit est enterré. « On a frôlé la catastrophe » nous glissera plus tard, et sous couvert d’anonymat, un des cyclistes présent sur les lieux.

L’itinéraire est simple: suivre le canal. L’objectif est clair: survivre. L’état d’esprit qui nous anime est des plus valeureux. Mais je dois dire qu’avec ma polaire trop petite, je n’en mène pas large. L’humidité m’agresse de tous les côté, je suis submergé. Pas de place pour 3 vélos sur la même ligne, alors on est créatif et on discute par groupe de 2. Des nuages de buée nous sortent de la bouche à chaque respiration mais toujours pas de nuage à l’horizon. Comme prévu, le tapis d’étoile se déroule sous nos yeux ébahis. Mère nature est présente, on le sent.

Après une bonne 30aine de km, il est temps de s’arrêter. Nous trouvons une aire de pique nique qui convient parfaitement pour planter la tente. Le sol, jonché d’aiguilles de pin est sec et moelleux. Il mérite une note de 8/10. On se retrouve tous les 8 dans la tente de 3 pour manger un bout puis chacun retourne chez soi, dans sa petite intimité chaude, moyennement chaude voire très froide pour l’une d’entre nous. A noter, l’efficacité de Yannick et Barth dans le montage de leur tente définitivement high tech et « user friendly ».

Ron piche, Ron piche. Debout les morts! Gros reveil late back grasse mat’ vers midi. Petit dej en mode posay! toi même tu say! Puis on reprend la route avant 14h, il faut de la discipline, on ne va pas non plus se laisser aller. Combien nous reste-t-il de km? je ne sais pas, il faut demander à Louise. Ce canal est décidément très joli. On roule, nous roulons, vous roulez pas assez vite mais ca va.

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Aaaaaah, la pause midi qui fait du bien. Et le petit coup de rouge traditionnel! Authentique! Vous pensiez bien qu’il n’allait pas tarder et vous aviez raison. Le plaisir de partzger un repas dehors, dans l’intimité de la nature, mère des hommes, mère paradoxale de la douceur et de la violence. Euh. On enchaine sur un jeu de société super fatos, les 7 merveilles, soit en VO, « The 7 wonders ». Un jeu à fort potentiel stratégique, pas forcément évident à maitriser lorsqu’on écoute pas les consignes pourtant très claires de Lisa. Les ronflements de Xavier, paresseusement allongé dans l’herbe fraiche nous donnent le rythme. Puis nouveau départ vers l’infini et l’au delà. Le but est de manger dans un restaurant à chitry-les-mines et célébrer la fin du jour calmement. Mais tel n’était pas notre destin. A la tombée de la nuit, pause technique: polaires, lumières, barres…

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On repart, yannick talonnant le groupe. C’est alors qu’un drame se joue silencieusement. Ce fougueux yannick crève « sans vraiment m’en apercevoir. Cela s’est vraiment passé à l’insu de mon plein gré. Il semble que je sois techniquement responsable, mais certainement pas coupable! » nous confiera-t-il plus tard. C’est apparemment la ligne défendue par son avocat. Sur le moment les doutes sont là mais le choix est rapidement fait: « J’ai décidé de continuer à rouler, ma théorie étant que si autant d’air pouvait sortir d’un seul coup de la chambre à air, ce même volume d’air pouvait tout aussi y rentrer. Un coup de pédale et la boucle était bouclée » (sic). Faisant montre d’un courage hors du commun pour bien des mortels, il décide de se taire et d’endurer cette « épreuve venue du ciel » selon lui. Nos analystes tiennent néanmoins à souligner l’impact positif qu’aurait pu avoir une prise de décision rapide et surtout diamétralement opposée à celle qui a été suivie par le protagoniste. Après quelques hésitations, Yannick décide néanmoins de lever une alerte: « j’étais psychologiquement instable et j’ai senti que je devais informer l’équipe de la légère gêne que je ressentais en roulant à plat. Je ne voulais pas que l’on me chambre sur mon air dépité ». Le constat est sans appel. La chambre a air est impactée à 4 endroits différents, et cela de manière indélébile. « J’ai été choqué par la violence de ce que j’ai vu, et pourtant j’en ai vu des choses pas jolies dans la vie! Tenez, par exemple, la Fiat Multipla, quand vous la regardez, vous ne vous sentez pas bien. Bah la c’était pareil, en pire. » a expliqué Charles, encore sous le choc. Courageusement, Yannick et Charles décide de réparer les dégats: « pour que nos enfants aient un meilleur futur » assurent-ils. Problème de taille: J’ai toujours été un mec confiant, pourquoi aurais-je lu les conseils donnés par les organisateurs? Pourquoi subir le poids inutile d’une chambre à air de rechange alors que je peux compter sur les autres? » explique yaya, la mine déconfite. Il continue: « comment pouvais-je savoir qu’il n’y aurait pas assez de rustines? J’ai été un peu déçu par le manque de proactivité de Louise et Charles la dessus. J’ai pris bon côté des choses, ne me suis pas plaint et j’ai même inventé une nouvelle expression: « couper les rustines en 2″ qui signifie que l’on a du mal à joindre les 2 bouts. » Fin mot de l’histoire:  » j’ai d’abord accueilli l’idée de Charles de mettre une chambre à air mais pas de bonne taille avec scepticisme mais, séduit pas sa fougue et, je l’avoue, mon absence de solution viable (se faire rapatrier en jet ski n’a pas trop plu), je lui ai donné mon feu vert pour le lancement des opérations. »

Nos 2 amis finissent par retrouver l’équipe, nichée dans une guinguette quelques kilomètres plus loin. A la bonne franquette, croque-monsieurs et crèpes au chocolat mettront tout le monde d’accord. Sacrée soirée!

Nous plantons les tentes dans un coin d’herbe derrière la guinguette, non loin du canal. « Il nous suit partout celui-la! » fera plus tard remarquer Marion, pleine de bon sens, quoiqu’un peu agacée. Ce sera une nuit moins froide pour Lisa qui n’avait pris pour le week end qu’une petite couverture polaire, en dépit des avertissements des organisateurs sur les risques encourus.

Le lendemain, nous décidons d’aller prendre le petit dej un peu plus loin sur l’écluse 23, ou 24? A moins que…a moins qu’on s’en foute du numéro, oui monsieur, pardon monsieur. Le soleil est généreux aujourd’hui. Quel bonheur!

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Nous trouvons une écluse assez extraordinaire. Le patron, hippie jusqu’aux racines des cheveux, nous sert du chocolat chaud et du café sur une table fait main, nous tous assis sur les rondins de bois autour. Des sculptures « intéressantes » nous entourent, une barge a même été transformée en salon ouvert au 4 vents, avec canap et lourde sono! Extase lorsque Eric Clapton, en direct des enceintes, se met à nous jouer son album unplugged! Rares sont les moments ou l’on peut se rendre compte que l’on est heureux. Ce fut pourtant l’un de ceux la. « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages » a dit une fois Jules Barbey d’Aurevilly. On m’a parlé de cette théorie. On s’amuse à ouvrir, à fermer les écluses pour les touristes allemands de passage. On sieste un coup puis on frappe la route encore une fois. Maintenant on doit rouler.

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Je ne sais plus combien de kilomètres il reste, mais peu importe! Peu importe, la motivation est al. Nous serpentons le long du canal, accompagné par l’eau douce et paresseuse qui avance au rythme de ses minuscules vaguelettes…Lorsque le petit déjeuner et l’écluse magique sont loins, oubliés de tous, le démon de la faim et de la fatigue vient hanter les plus acharnés. Sandra et moi, pédalant tel Pégase sur les braises du mont pelé traçons notre route, oubliant au passage que tout le monde ne carbure pas au feu divin qui nous anime. C’est la que Barth en profite pour se faire victimiser une seconde fois. Cette fois c’est Marion qui décide de le pousser à terre, comme pour se venger. « En fait, je n’avais pas de but précis » nous confie-t-elle, « je voulais juste m’amuser un peu au dépend de ce pauvre diable ». Barth, de son côté, a ressenti une profonde injustice « Pourquoi moi? Pourquoi cet acharnement? Le sadisme est le fléau de nos sociétés modernes! Unissez-vous dans la lute contre l’injustice et likez la page facebook: Barth pour la Pédale d’Or 2014. Merci. » On sent de la tension, on sent qu’on a besoin de manger. C’est plutot simple. La troupe se rassasie. Sieste. Puis on arrive enfin à Decize! Decize la grande, Decize la belle, Decize l’indecize!

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On se pose dans un café. Des pintes de chouffe? Non, on fait pas. Comment ca « 2 demis »? Attendez, je vais voir. D’accord, 2 demis? C’est noté. #serviceclientalafrancaise.

Une fois dans le train (pas facile de mettre nos vélos, c’est assez plein!), on joue au 7 wonders. Un jeu de société bien stylé que je recommande. Un malheur arrive sur la voie, quelqu’un s’en est allé. Nous on est dans le train, on continue à jouer. C’est pas évident ce genre de choses. Je finis tout de même 1er ex aequo avec Yannick. GG (good game pour ceux que vous avé pas compris). On a 2 bonnes heures de retard, mais la vie va ainsi. Ce week end était génial. Merci l’équipe !

 

Charles

VICHY – VICHY : ET ILS LÉCHÈRENT LE SOL…

130 kms de Vichy à Ambierle à Vichy – Mai 2014 

Gens : BamBam, Riton, Charlox, Géro, Raph.

Premier jour : de Vichy aux environs d’Ambierle, 63 kms

 

Deuxième jour : d’Ambierle à Vichy, 67 kms

 

Monstre d’acier incontrôlable rendu fou par la pluie et la bêtise des gens, l’Intercités 67434 pourfendait la campagne à toute berzingue, emportant dans ses chiottes un cycliste éperdu cramponné au loquet défectueux d’une serrure mal vissée.

Ainsi commença la chevauchée fantastique de la horde des Hurlefatos, ainsi faillit-elle s’achever.

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Vichy, au petit matin. La pluie, les passants à l’air louche, coupable. La statue du Maréchal, une fiente sur le képi. Les passants toujours, qui baissent la tête quand on passe. Le marché. Ça s’observe, ça cherche la faille. Ça chafouine sur la volaille avec des airs de grands soirs. Ça se lance des petites phrases assassines avec des sourires de braves gens. La pluie encore. Vichy, ville de collabo. Le temps n’a pas de prise sur ces choses là. Des abrités, des foutus abrités.

L’appel des grands espaces, le contre, la quête du 9e vent, tout en nous commandait le grand dehors. On s’enfonça dans la pluie épaisse et collante qui caractérise les zones de néphesh, le guidon rivé au casque, le casque rivé au crâne et le crâne rivé à l’idée qu’ensemble nos vifs étaient plus forts. Nous étions la rapidité, le mouvement et l’écart. Une boule de vélocité. Nous étions faits de l’étoffe dont sont tissés les vents.

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Les Hauts de Hurlevents. Un endroit tout pourri où Raph nous a conduits sous prétexte de remonter à la source du Furvent qui serait le 7e vent majeur blablabla. Franchement, c’est un vrai trip de boloss, faut être corniaud pour mousser sur des salades aussi tordues. Bref on s’est tapé une côte sous la flotte pour contempler un sale panneau tout boueux planté au milieu d’un champ qui ressemblait à rien, même pas au champ qu’il était censé incarner.

Les bogoss avant le massacre en l’église de Chatel-Montagne.

Loin d’étanchéifier notre soif, la pluie nous creusait des envies de citerne. Loi d’Archirède : le liquide appelle le liquide. Et quand la horde des Hurlefatos a soif rien ne saurait l’arrêter, pas même le parvis mal sertie d’une église 12e siècle. L’orage grondait, les chiens hurlaient, les trombes trombaient mais rien ne troubla suffisamment la horde pour lui faire lever la tête. Prise d’un soudain accès de piété, ses membres baisaient le sol à pleine bouche, trempant au passage leurs lèvres gercées dans des flaques d’un vieil Armagnac dix ans d’âge, objet croissant de leur dévotion frénétique.

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Ils avaient la dalle

 

La suite ne fut que pluies, forêts, forêts, pluies, pluies, forêts.  Si tu survis à Vichy, tu es prêt pour passer l’hiver en Picardie. Notons au passage la belle expansion d’AirBnB qui couvre jusqu’à ces régions hostiles et hermétiques à toute forme de tourisme autre que le tourisme éolien. (forme particulière de tourisme qui consiste à sillonner des bleds tout pourris sous prétexte de remonter à la source des vents blablabla cf.plus haut).

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Avant d’arriver au gîte

Le samedi fut placé sous le signe de la pluie, le dimanche sous celui des avaries. Une longue suite de merdes physiques et mécaniques qu’en bon chrétiens, le le Riton et le Bam égrenèrent pieusement tout au long de la journée. De crevaisons en tendinite, de tendinite en crevaisons, de crevaisons en crevaisons, de crevaisons en crevaisons, nous finîmes bon an mal an à boucler la boucle. L’homme ou la machine, la question est ouverte, on retiendra malgré tout qu’aucun des deux avaricieux ne termina la quête sur sa machine d’origine.

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Les dudes

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L’étrange oiseau que voilà

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Les brigades du tigre sont de retour

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Kakachi-sensei

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Pose devant le village de Lacotte

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C’est là que les ennuis commencent…

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Je viens de te lâcher un petit vent

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Les ennuis continuent

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Juste avant d’arriver à Vichy

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Ils sont irrésistibles

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En résumé, pour faire une belle Quête vichoise, il vous faut :

  • 5 hordeurs : Raph l’Aéromètre, Charlox le fat Troudbaldour, Riton le Pilier, Geraud le Combattant Protecteur, Bambam l’Eclaireur
  • Une flasque d’Armagnac (à laquelle vous pouvez éventuellement enlever un s)
  • Du zèphe, de la flotte et du froid
  • Un zeste de neige (ingrédient indispensable à toute quête qu’elle soit vichoise ou pas)
  • Un vent avec un nom fatos pas encore pris
  • Un casque à pointe pour draguer de la collabo vichoise
  • Beaucoup de chambres à air en rab
  • Un Intercité avec des chiottes défectueuses

Euss !!

BamBam

AVALLON – LES DEUX ALPES : DU MORVAN AUX ECRINS

Le 09/08/14 Avallon Lucenay-L’évêque, 74 kms

 

Train à 7h33 pour le début des vacances. A peine installés dans le compartiment, les camarades BimBoum et Grolouma dorment déjà en prévision des efforts à venir. Entre nous, je les sens pas ces types, pas fiables pour un sou, je tenterai de leur fausser compagnie à la première occasion. On change rapidement à Laroche Migenne, puis on arrive à Avallon sur les coups de 10h30. Heureusement, on connait déjà le chemin pour l’intermarché. On découvre qu’ils font des prix sur les pizzas au Flunch.

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Le temps de découvrir à qui il faut passer commande, et nous voilà avec 3 pizzas soit disant pour 3/4 personnes. On a bien fait de voir gros, la pâte n’est pas épaisse.

On enfourche ensuite nos montures qui trépignent d’impatience.

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Bambam : est resté enfermé dans une cave durant les 15 premières années de sa vie. Ne bouffe plus que des champignons

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GroLouma: son esprit est aussi épais que ses épaules, et dieu sait qu’il est baraque !

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Petite colline pour nous chauffer. Le nouveau plateau implanté sur Tinazzi (le vélo du Bam) semble tenir le coup. En tout cas pour l’instant. Le Morvan est vachement sympa, sauvage comme il faut, des lacs de temps en temps, de bels forêts sauvages, une campagne juste assez entretenue pour pas nous sentir perdus quand on débarque directement de Paname.

Drôle. On redescend tranquillement une colline, je suis situé à l’arrière du convoi, admirant les bocages vallonés, quand je vois détaler des vaches, visiblement effrayées par quelque évènement majeur. 20 mètres plus loin, je vois Louma à terre, le bras lacéré par les ronces, sa monture un peu plus loin.

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Se marrer ouvertement puis vérifier que ce n’est pas trop grave :-)

Le malheureux a oublié de regarder la route dans un virage (bah ouai on est pas toujours obligé de regarder la route en descente quand ça tourne). Heureusement la pente était douce, il s’en est tiré avec quelques égratinures légères. Un jour viendra, je ne serai plus là pour veiller sur lui. Dès lors, qui pour lui tendre la main et le relever lorsqu’il aura chuté ? Qui pour le soutenir au milieu de l’orage ? Qui pour le serrer dans ses bras en lui chantant une berceuse pour réconforter son coeur meurtri ?
Le vide pour seule réponse à mes questions m’amplie d’angoisse et de peur.
N’importe, continuons notre route.

En dehors des vaches traumatisées par la chute du pachyderme, quelques locaux ont repéré l’évènement. Ils nous invitent à venir partager leur fin de repas, soit une excellente tarte à la prune et aux abricots. Une famille mi française mi malgache, qui habite le coin, avec qui nous passons un très bon moment. Nous apprenons entre deux tisanes écossaises (comprendre « whisky ») que les vacanciers hollandais qui séjournent ici sont de vrais goujats : ces pieds plats viennent avec leurs voitures remplies de cochonneries des pays-bas, du gouda, du pain de mie, et du jambon stérilisé, de quoi tenir un siège mais sûrement pas de faire marcher les commerces locaux. Ils iraient même jusqu’à ramener leur matériel de bricolage plutôt que de faire appel à un artisan français. Il n’y a guère que pour la bibine qu’ils ont du se rendre à l’évidence : le jus de tulipe n’a jamais pu évincer un bon vieux bourgogne des caves de chez nous. Nous ne manquons pas de nous montrer désagréable avec tous les bataves que nous croisons.

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Les barbares nous épient

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Petite sieste au bord du lac

Le soir on plante la tente au camping municipal de Lucenay-l’évêque pour notre première nuit.

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Le 10/08/14 de Lucenay-l’évêque à Petit-Noir, 112 kms

 
 

Nous partons au petit matin dans les monts du Morvan.

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La portion juste avant Pommard est assez jolie. A Beaune, Papa nous rejoint pour la suite du voyage.

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Après quelques heures de réglage vélo, nous partons vers l’est et les monts du Jura. On joue avec le Doubs et la Saône qu’on enjambe dans un sens puis dans l’autre aux environs des Bordes et de Saunières.

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Un peu avant Neublans-Abergement, les nuages gris se rapprochent dangeureusement. On trouve refuge dans un hangar agricole juste avant que la première averse s’abbatte sur nous. 10 minutes plus tard on tente notre chance, mais on a à peine fait 100 mètres qu’on fait demi-tour pour sauver nos os des eaux du déluge. L’évidence est là : nous parvenons très difficilement à lire les signes du ciel et à prédire quand vont s’ébranler les grandes masses d’en haut. Si bien qu’on se fait bel et bien surprendre au bout de quelques kilomètres en terrain découvert. Cette fois, nous n’avons pas la chance de trouver un refuge rapidement, et le trajet prend alors une caractèristique humide qu’il n’avait pas jusque-là.

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Les jeunes insouciants…

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… cueillis par la pluie

On traverse à nouveau le Doubs pour arriver au Camping des moustiques. Ceux-ci nous laissent à peine le temps de siroter 2-3 pintes avant de nous piquer de leur dard fourbe. C’est le Darfour.

 

Le 11/08/14 de Petit-Noir à Jougnes, 90,4 kms à vélo + 40 kms en camionnette

 

Longue journée s’il en est. Le genre de journée où tu t’endors le soir en essayant de te rappeler comment a commencé le naufrage.

Avec un peu de recul, je crois que c’est le Château-Landon qui nous a mis dedans. Faut dire aussi que ce vin nous a pris en traître : c’est le seul vin au monde qui partage le même procédé de production et donc le même nez avec le vin de Jerez. Ca nous fait une belle jambe, vous allez me dire. Oui mais non ! Car en fait, nous avons pour ainsi dire baigner dans le vin de Jérez depuis que nous sommes petits. Ne parlons pas ici de papa qui baigne dedans depuis plus de 50 ans. D’ailleurs pas plus tard qu’au Noël dernier, on s’est enfilé une bouteille d’un litre à 2 en train de regarder des vidéos de vélo. Maman était pas bien contente parce qu’on avait pas commencé à manger qu’on était déjà ivres. Cependant, cette-fois ci nous sommes un peu plus sages : nous n’ouvrons pas la bouteille tout de go et attendons le midi pour la déguster. Entretemps nous apprécions le village de Château-Landon qui surplombe les alentours, redescendons dans la vallée, nous faufilons dans le défilée de Baume-les-Messieurs où nous visitons une ancienne abbaye.

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Village de Chateau-Landon

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Une fois sortis du canyon, nous progressons lentement vers les contreforts du Jura. C’est là que nous nous arrêtons pour déjeuner sur les bords du lac de Chalain. On ouvre la bouteille aussi sec.

C’est en général à ce moment-là que tout devient absolument clair et que nous prenons les meilleurs décisions. Emmenés par un GPS qui ne nous a jamais trahis, nous décidons de prendre un raccourci qui nous évite un détour de 5 kms. On traverse un camping et voyons la route laisser la place à un chemin qui s’enfonce insidieusement dans la forêt. Au bout de 500m, Louma flaire le piège. « Ca nous mène à rien ces conneries », qu’il dit l’asticot. « A chaque fois qu’on prend un raccourci, on crève et on perd un temps monstre ». Pas faux, pas faux, mais ça fait mal au derch de rebrousser chemin. Entretemps, Papa, boosté par ses jarrets en feu et son GPS infaillible nous a semés. Nous choisissons donc de faire demi-tour. Grand bien nous en a pris car nous découvrons un peu plus loin une route bitumée privée qui nous permet de couper au mieux. Papa nous appelle ensuite : « Bon vous êtes où ? Parce qu’en fait j’ai crevé ». Surprenant ! Il nous rejoint en roulant sur sa jante sur une dizaine de km. On répare son tubeless bon gré malgré, mais on a pris 3h dans la vue.

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Heureusement, il fait super beau et les paysages de forêts et de lacs s’enchaînent merveilleusement bien.

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N’empêche que ça monte quand même bien, qu’il est 18h et qu’il nous reste 40 bornes pour arriver chez le CoJac, le pote de Louma qui nous héberge pour la nuit et chez qui nous avions prévu d’arriver à 19h. Nous appelons le bougre pour lui parler de notre retard prévu. Celui-ci nous propose dérechef de venir nous cueillir grâce à la camionnette de son voisin. L’histoire ne dit pas si nous avons cédé à la tentation. Toujours est-il que sur la dernière portion de 40 kms pour parvenir à Jougnes, nous avons fait du 65 km/h. Oui Monsieur. Parfaitement Monsieur.

Le soir, nous attendait Thérèse et son merveilleux risotto. Mamamia, dire qu’elle avait peur d’en avoir fait trop… Sur les traits de son visage, nous avons pu voir cette angoisse disparaître aussi rapidement que le bon plat chaud dans nos estomacs. Merci CoJac et Thérèse !!

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Le 12/08/14 de Jougnes à Evian, 45 kms à vélo, 10 kms à la nage (lol)

 
Le lendemain, c’était plutôt pénard. On est descendu en Suisse soit à peu près 800 m de dénivelé négatif jusqu’à Lausanne pour retrouver des températures plus estivales ainsi que les bords du lac. Nous rejoignons Blandine, une amie du handball pour déjeuner. Très sympa, le déj au bord de l’eau. Puis nous prenons un bateau avec un magnifique moteur réglé comme une montre suisse pour traverser le lac Léman et débarquer à Evian. Ici nous attendent les cousins Meuriot dans leur chalet de vacances. Le soir, l’oncle tient absolument à nous faire goûter ses différentes vodkas polonaises. On tombe dans le piège tête baissée…

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Rapha

 

Le 13/08/14 de Lugrin au Grand Bornand, 95 kms

On a appris à mépriser les danois, on commence à craindre les polaks, du moins leur vodka. Après une nuit entrecoupée de mauvais rêves et de réveils la gorge sèche (paradoxal étant donné la quantité de liquide ingurgité dans la soirée) le réveil est un peu morne : les bouteilles sont vides et le ciel se dévide en fines lamelles sur nos crânes endoloris. Qu’importe ! Tels les poilus se ruant hors la tranchée sous une pluie de mitraille, nous prenons vaillamment la route pour nous arrêter 15 minutes plus tard au décathlon de Thonon pour m’acheter un bon vieux K-way plastique, le test d’absence d’étanchéité de ma veste technique s’étant révélé désagréablement positif.

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La montée commence dans le froid, la pluie, mais la bonne humeur et à grand renfort de barres et de pâtes d’amandes. Nos jarrets redécouvrent douloureusement les joies de la montagne et le col de Jambaz passé c’est avec plaisir que nous faisons une halte au Carmel du reposoir, belle bâtisse nichée en haut d’un raidillon, qui accueille depuis le XII ème siècle les cyclistes éreintés passant par là.

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C’est joli, on en profite pour dire une dizaine et passer aux toilettes avant de repartir pour l’ultime montée de la journée.

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Et c’est pas mécontent de nous mais les doigts et les pieds gelés par la dernière descente que nous arrivons au grand Bornand, son petit camping et surtout son resto savoyard où nous vidons quelques flacons bien mérités ! La nuit se passe bien, à peine dérangée par le claquement continu des dents de BB (qui n’hésitera plus désormais à investir dans un bon sac de couchage), persistant malgré nos demandes amicales mais répétées, puis fermes, d’interrompre ces dérangeantes castagnettes. Nous ne désespérons néanmoins pas de lui inculquer un jour les bases de la vie en communauté et de respect des autres.

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Le 14/08/14 du Grand Bornand à la Bathie, 66 kms

 

On a d’abord descendu à travers les différentes stations de ski avant de franchir le Col des Aravis où on a pu déguster des Sérieux (comprendre Pinte dans le patois local). On passe ensuite par Villard sur Doron un joli bled. Après le passage du pont, ça redémarre sec pour le Col des Saisies. BamBam nous quitte pour partir vers Arèche alors que nous continuons vers Albertville.

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Méditation amicale

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Col des saisies pas bien joli

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Les JOSOLYMPIQUES d’ALBERTVILLE !!

 

Le 15/08/14 de la Bathie à Allemont, 98 kms

 

C’est la journée à risque, la plus grosse jamais réalisée dans notre carrière de rouleurs : 2 cols monstres, la Madeleine, 26 bornes, 1500 m de dénivelé, des vilains 8-9% (tu forces, t’as mal au dos, tu te mets en danseuse, t’as mal aux cuisses, tu te rassois, t’as mal aux fesses, t’as fait 20 m, tu recommences). On la monte sous la pluie et puis rapidement dans le froid, on s’échine un bon moment et quand on est à bout on découvre le final, un beau mur avec 4 km de lacets à 10% (tu reprends le schéma mais cette fois tu parviens juste à parcourir 10 petits mètres). Le col franchi on s’envoie un choco liégeois, une tarte à la myrtille et la descente dans la foulée.

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Le Glandon c’est la même chose, 21 km, 1400 m de dénivelé, on a juste la Madeleine dans les pattes. On y croise un Autrichien complètement ravi qui nous vient tout droit de Bavière ( pas tout jeune, il doit se venger de l’Anschluss), et alors qu’on fait déjà le deuil de nos mimines pour la descente, il sort une énorme paire de gants en nous expliquant avec un grand sourire que comme ça il n’aura pas froid. Enervant. On est donc au col.1408Alpes40

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Le col de la croix de fer est au fond

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Vue au niveau du col du glandon

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C’est fou comme les anciennes générations n’arrivent plus à se détacher de leur iphone

On se plaint un peu depuis le début de la journée mais on touche quand même à la récompense : un beau jeu de lumière qui nous éclaire le col de la croix de fer (envoyé dans la foulée) et qui nous accompagne tout au long d’une descente grandiose, bordant un lac bien paisible. Dernière remontée fourbe pour éprouver jusqu’au bout nos pauvres cuissots puis couchage à Allemont. Demain c’est l’Alpe d’huez, pour récupérer…

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Le 16/08/14 de Allemont aux Deux-Alpes, 43 kms

 

On se lève tôt ce matin (vague tentative de grasse mat’ immédiatement repérée par Rapha, sans pitié sur ces coups la), et sortant la tête de la tente, je hume longuement l’air y percevant un doux parfum de légende que le vent balayant la vallée nous ramène d’une pente mythique que nous allons rejoindre sous peu : L’Alpes d’Huez c’est un peu le Graal de tous les grimpeurs, la montée sacrée du Tour, les virages les plus suivis par des téléspectateurs avides d’exploit, en habit de course devant leur téléviseur, les yeux injectés de sang alors qu’ils tentent de reproduire l’étape sur leur vélo d’appartement.
Pour le départ c’est toute la rue qui entends Thunderstuck lancé à plein volume. Le tout c’est de se fixer des objectifs réalistes. Papa dit : Pantani, 1995, 37 min. Soit. Mais ne comparons pas l’incomparable. Déjà le mec est rital, n’a pas de cheveux et, par moment, un bouc, jaune. Pas nous. En plus si on en croit sa biographie wikipédia, il chute beaucoup ce qui doit lui permettre de bien se reposer et donc d’aller beaucoup plus vite ensuite. C’est ce qui fait l’essentiel de sa force, bien plus qu’un éventuel entrainement intensif depuis son plus jeune âge, son statut de professionnel du cyclisme et de meilleur grimpeur au monde, ou encore sa participation à divers essais médicaux sur l’érythropoïétine, les hormones de croissance et régulièrement les corticoïdes, pour laquelle nous devons saluer son courage et son désintéressement.

Il n’y a malheureusement pas de temps de référence dans la catégorie vélo + tente + sac de couchage + tongs de rechange, ce qui nous laisse dans un grand flou en abordant Bourg d’Oisan et les premiers contreforts de cette vilaine pente. On arrive jusqu’à la ligne de départ , ce qui est déjà pas si mal, où l’on croise quelques spécialistes dont Rapha remarque qu’ils sont un peu plus « fit » que nous.Pas tout à fait d’accord : Certes ils ont un bon vélo, des belles fringues de cyclistes, les jambes épilées, mais leur petit haut moulant dévoile la petite bedaine, mais les mecs n’ont pas 6 jours de vélo intensif dans les pattes et nos cuisses dures comme du chien, mais surtout ils n’ont pas notre mental d’acier, aguerris au cours de tous ces cols interminables, la bouche sèche, les jambes en feu et la pensée de plus en plus confuse sous les coups de boutoir d’un soleil implacable.

On les laisse partir avec un peu d’avance, le temps de pisser un coup et on attaque. 21 virages, 1000 m de dénivelé, pas mal de voitures et des cyclistes à tout va, qui ont une fâcheuse tendance à nous doubler sans cesse malgré notre mental d’acier et notre entrainement prolongé. On se cale vite fait dans une roue un peu lente qu’on lâche rapidement au profit du paysage qui se dévoile avec l’ascension, lentement. Il fait beau et il s’agit d’en profiter, bien que l’on prenne notre tarif habituel, qui passe finalement mieux dans ce climat de saine émulation même si les seules personnes que l’on double sont un quinquagénaire obèse et un gars en train de faire un infarctus (déso mec on a lancé le chrono). Les lignes entre les virages s’allongent, le soleil tape dur, mais finalement l’arrivée semble se dévoiler, en la personne d’un gros nounours et son T-shit « we did it ». C’est un mensonge du lobby des cafetiers de la rue pour qu’on s’en jette un à leur terrasse, le véritable finish se trouvant en fait à encore 2 bornes de là. Les gars fit y sont déjà (quel obscur raccourcis ont-ils bien puemprunter ?) et se vantent désagréablement de leur chrono officialisant la demi-heure qu’ils nous ont mis, sur leur montée d’à peine une heure.

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En haut de l’Alpes d’Huez

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Un rare moment de ciel bleu

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On redescend ensuite vers les 2 Alpes

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Louma fait la course avec la voiture

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A ce moment-là, j’ai failli tout plaquer pour devenir berger

La suite est un peu plan-plan, on passe le col de Saverne après la sieste, puis une longue descente vers le lac jalonnée de rapides coup d’œil en face, sur les montagnes majestueuses et parfaitement dévoilées ce jour-là, dont on profite après ces longues journées de gris . Ultime farcissage de 600 m de dénivelé nous séparant des 2 Alpes, où la foule en délire scandera nos noms jusqu’au plus profond de la nuit.

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Arrivée aux Deux Alpes !!!

Louma