Tjentiste – Tirana

Jeudi 21 avril, Tjentiste, Bosnie-Herzégovine

Mais le lendemain, lorsque j’arrive à la petite maison des renseignements, un homme m’arrête et après m’avoir demandé de déplacer mon vélo sur un ton qui ne souffrait aucun délai, m’en interdit l’accès. « It is not open now, it is a VIP reception for 1 hour. You can wait and get information after. » Je ne comprends pas bien le truc, j’ai pas envie d’attendre 1 heure pour qu’on me dise que je ne peux pas randonner, ou que c’est trop compliqué ou n’importe quoi d’autre. Après avoir un peu préssurisé mon nouvel ami avec mes questions, ce à quoi il a répondu qu’il ne savait rien, je comprends qu’il ne travaille pas pour le parc! Haha, en fait c’est un agent de sécurité parce que l’ambassadrice américaine doit arriver d’une minute à l’autre! Très bon! Je trouve des guides et les questionnent rapidement. C’est 75€ pour faire la rando dans la forêt primitive…4 heures de rando…de toute façon, j’avais déjà compris que j’allais continuer ma route. Pour profiter vraiment de ce parc j’aurai du préparer la rando avant. Mais il y a très peu d’infos sur internet, donc c’est compliqué d’imaginer les possibilités, et en plus il est préférable d’avoir une voiture pour atteindre rapidement les coins les plus sympas. Voila une expérience de plus à retenir. Au moment où je m’apprête à frapper la route comme dirait ce bon vieux Raie Charles, voila 2 énorme suburban chevrolet qui arrivent. On s’en doute, c’est l’ambassadrice américaine.

De beaux pickup Chevrolaids

De beaux pickup Chevrolaids

Alors que quelques dizaines de minutes après je continue ma route au milieu d’un canyon des plus magiques, le convoi me double. C’est « earth day » demain, raison de visites officielles d’une des richesses de la Bosnie. Il y a pas moins de 5 voitures. 3 4×4 chevrolet, et 2 pickup suburban donc des pickup pour la ville quoi, logique. Ca charge puissament la route! Ils ont du importer leurs voitures spécialement des USA. Pourtant la France n’est pas si loin, une petite citroen présidentielle aurait pu les contenter non? Of course not.

La petite photo qui donne envie

La petite photo qui donne envie

Splendide canyon

Splendide canyon

Je grimpe encore à la sortie de Tjentiste. Une bonne, grosse, montée. Avec de bon, gros, tunnels. Le convoi me redouble quelque temps après, et je salue les conducteurs qui commencent à me connaitre. En arrivant à Gacko, honorable ville choisie pour mon déjeuner, je décide de m’arrêter au premier restau. Et, surprise! Je retombe sur notre tribu américaine qui a du penser la même chose que moi. Simplement, le restau est privatisé. de toute façon je voulais manger dehors. Je discute avec l’un des gardes du corps, qui m’explique que la Bosnie est considéré comme instable, donc il y a bien une dizaine de gardes du corps, et un vrai convoi de véhicules. Il me dit en rigolant que je vais commencer à être suspect, ce que j’avais déjà pensé à vrai dire. Il est plutot sympa, mais ne s’eternise pas, le boulot l’appelle. Je me met bien et je repars, juste après le départ de l’ambassadrice…

Les tunnels sont longs! Heureusement peu fréquentés ici

Les tunnels sont longs! Heureusement peu fréquentés ici

 

Le paysage ici est vraiment étrange. Une grande étendue d’herbe, parsemée de vaches et entourée de petites collines. On peut appeler ça un plateau en langage géographique. Ca me rappelle un peu la provence parfois. Un sol caillouteux, une herbe rase. Je poursuis ma route et décide de m’arrêter à Bilesta. Pour me motiver sur les derniers kilomètres je me met un album de Pink Floyd, The dark side of the moon, groupe que je ne connais que très peu. Avec le paysage qui défile autour, ça donne une impression particulière. Money! It’s a crime.

Marrant ce paysage nan?

Marrant ce paysage nan?

 

Une recherche d'originalité qui va finir par payer...ou me couter cher

Une recherche d’originalité qui va finir par payer…ou me couter cher

Je ne sais pas bien quoi faire. Dois-je chercher un petit hotel dans Bilesta, ou m’acheter des provisions et aller camper plus loin? Au final je tombe sur un petit parc avec un restaurant/bar. Je me pose devant une limonade, de l’eau citronée en fait. Le coin est joli, des familles sont là, à regarder jouer leurs petits dans le bac à sable, des jeunes jouent au basket un peu plus loin. C’est très calme. Je me verrai bien planter ma tente ici. J’ai un bon sentiment. D’ailleurs lorsque je pars faire un petit tour de reconnaissance, je me fais aborder par le groupe de jeunes qui joue au basket. Ils ont entre 8 et 15 ans. Lorsque je leur demande s’ils pensent que c’est ok de dormir ici, ils me répondent qu’il n’y a pas de problèmes, et me proposent de les rejoindre pour faire une partie. Un 2 contre 2. J’ai un lourd passé de basketteur, donc je ne peux refuser une telle offre. Certes, je sens bien les genoux qui rechignent à se plier à ma volonté, mais c’est du détail. Game is on! J’ai quelques restes, mais malheureusement pour mon coéquipier j’ai perdu un peu de précision en chemin, ce qui fait que je rate systématiquement tous mes paniers. Je dois en rater une dizaine. Petite honte, et je m’excuse auprès de lui, mais il est de bonne composition, et ça ne lui pose pas de problèmes. Au fur et à mesure, notre groupe s’élargit. Tous les jeunes du coin semblent s’être passé le mot, et nous sommes maintenant une bonne quinzaine!

Les kids de Bileça !

Les kids de Bileca !

Je leur fais essayer mon vélo, ils rigolent bien. Leur anglais n’est pas très bon, mais on s’en sort. On prend quelques selfies et on échange nos comptes facebook lorsque la nuit tombe. Je prends une pizza au restaurant d’a coté, qui me confirme d’ailleurs qu’il n’y a pas de problèmes à ce que je dorme dans le parc. Vraiment un moment génial ici! Ces jeunes sont super sympas. L’un d’entre eux me demande à ce qu’on se retrouve le matin à 7h30 avant l’école pour jouer un peu au basket, du moins c’est ce que je crois comprendre. Je suis un peu étonné au début mais j’accepte!
Au petit matin, avant que mon réveil sonne, vers 7h, j’entend des pas autour de la tente. Je me dis que ce dois être un jeune. En effet, l’un d’entre eux voulait m’aider à monter la tente hier soir, mais il était surement couché lorsque je l’ai fait, donc il est revenu le matin et semble impatient que je me réveille. A un moment je vois une tête se glisser sous la tente et lorsqu’il voit que je suis reveillé, enfin! C’est le branle bas de combat. Hahaha, ca me fait pas mal rire, et je trouve ça super touchant! Je lui explique quoi faire et, super consciencieusement, il exécute mes ordres. Ensuite il m’amène à un supermarché pour que je me déleste de mes derniers marks avant de passer au monténégro. Enfin, on se dit au revoir et il file vers l’école. Brave garçon!

Charles se souviendra de toi, sacré...euh, tu peux juste me rappeler ton prénom?

Charles se souviendra de toi, sacré…euh, tu peux juste me rappeler ton prénom?

Pour changer, voila une rude montée vers la frontière monténégrine. Je suis d’humeur joyeuse, il fait beau, les paysages sont beaux. Mais un observateur finaud aura compris que beau + beau, ca fait bobo. Bref, la journée tourne lentement à l’épreuve. Premièrement, ça grimpe constamment. Deuxièmement, le ventre n’est pas au top. Troisièmement, le moral baisse sensiblement. Je décide de me mettre de la musique catégorisée « énergisante ». Je sors donc un album de Booba, le sorte de 50 cent français, donc pour ceux qui ne connaitraient ni l’un ni l’autre, un gros rappeur aux textes sensibles et profonds. Je vous épargne la street poetry, et ses envolées lyriques à faire retourner plus d’un Zacbal dans sa beutom (Balzac dans sa tombe en verlen t’as vu), mais retiendez seulement que la musique un peu violente est une bonne source de motivation.

J’arrive dans un cirque naturel magnifique. Je suis entouré de montagnes. J’oubliais de vous préciser que j’ai le vent contre…donc en descente, et sur le plat, ça n’est pas sympa. j’ai hâte d’arriver à Kotor, la journée est longue.

Une mise en scène des plus originales

Une mise en scène des plus originales

Mais d’un coup, ça y est! Je suis dans la baie de Kotor. Les images parlent d’elles mêmes. C’est tout simplement splendide. Les montagnes se jettent dans la mer, c’est vert, bleu, jaune, blanc dans les villages…Je comprends que cet endroit, du moins à vélo, se mérite.

Petit saut classique

Petit saut classique

 

Splendeurs millénaires

Splendeurs millénaires

Je finis par rentrer dans Kotor, fatigué mais heureux de ces derniers 30km entre descente vertigineuse et ballade dans la baie. Je loge dans un hostel, plutot sympathique. Ce n’est pas la pleine saison mais il y a un peu de monde. Je discute avec un anglais qui s’est donné 2 mois pour rallier Istanbul d’Angleterre, entre randos et transports en bus. Il y a aussi cet argentin, qui fait le tour d’europe pendant 4 mois, ces français venus faire la fête et visiter kotor et les environs…C’est sympa de discuter, mais demain je reprends la route donc je n’ai pas envie de sortir et de vider des pintes. Au dela de ça, je suis pas un fan de soirées organisées comme ça dans les auberges de jeunesse. Je vais me coucher pas trop tard après cette difficile journée! Probablement la plus difficile depuis le début du trip. Quand le moral baisse comme ça, quel calvaire! Je sens qu’il faut que je me repose. Les genoux sont fatigués, et être au calme fait du bien.

La dure condition du chanteur de rue : Vous entendez pas quelque chose les gars? Y a pas comme un bourdonnement la? mouaif...nan j'entends rien.

La dure condition du chanteur de rue : Vous entendez pas quelque chose les gars? Y a pas comme un bourdonnement la? mouaif…nan j’entends rien.

Mais je n’ai pas particulièrement envie de rester à Kotor. C’est touristique et assez petit. Mais ce matin il pleut. Donc je prends mon mal en patience et j’attends. David Fisher, un des gars rencontré à l’auberge joue dans la rue. Il fait ça depuis quelques années. Il gagne sa vie en chantant dans les rues des villes européennes, ou dans des bars. Et il chante bien en plus! Je m’assoie et je l’écoute un moment. C’est agréable d’être là. Il pleuviote mais rien de bien dérangeant, on se croirait en septembre.

 

Chanteur de rue : "Vont-ils entendre la souffrance que je distille savamment dans ces accords mineurs?" "Attendez les mecs, j'entends vraiment un truc bizarre, ca vient peut être de la bas?"

Chanteur de rue : « Vont-ils entendre la souffrance que je distille savamment dans ces accords mineurs? » « Attendez les mecs, j’entends vraiment un truc bizarre, ca vient peut être de la bas? »

"Ah mais oui! J'y suis! C'est les travaux en face qui font un bruit pas possible. Haha, j'aurai presque cru qu'on chantait dans mon dos, à la bonne heure!"

« Ah mais oui! J’y suis! C’est les travaux en face qui font un bruit pas possible. Haha, j’aurai presque cru qu’on chantait dans mon dos, à la bonne heure! »

Au final, le temps se dégage quelque peu et je décide d’avancer vers le sud du monténégro, et vers l’Albanie, qui m’attend. Encore une belle montée pour sortir…difficile d’y échapper. Ah les balkans, pas faciles pour les cyclistes mais quel coin extraordinaire.

Surprise au tournant

Surprise au tournant

Je veux éviter la grande route vers Budva, alors je reste dans les hauteurs. Ca monte, ca descend. Mais j’ai un bon sentiment, car je sais que je n’ai pas d’objectif précis.

Quand on comprend qu'il faut faire le garage pour la voiture et non la voiture pour le garage!

Quand on comprend qu’il faut faire le garage pour la voiture et non la voiture pour le garage! A moins que…

Je vais juste rouler tranquillement. je vois des hommes en train de réparer une église. Ils m’interpellent et me disent de venir les rejoindre. J’ai le temps, je pose mon vélo et monte au pied de la chapelle. Ils m’accueillent avec force pain, fromage, saucisse, oignon et un verre de raki. J’aime ces traditions! Il y a là une dizaine d’hommes qui réparent cette chapelle qui appartient à leur village. C’est une vallée sacrée me disent-ils. Avec une cinquantaine de chapelles sur 40km…C’est une terre orthodoxe. L’un d’entre eux me demande ma religion. Je glisse un petit « chrétien catholique », et le voila parti sur une belle explication avec comme point central le fait que la religion orthodoxe est la seule vraie religion, une religion qui ne change pas, qui se maintient dans le temps. Il m’explique aussi que leur peuple (Monténégrin? Balkanique?) est mort pour nous, peuple de l’europe de l’ouest, afin de contrer les invasions musulmanes et autres. Bon, je ne doute pas qu’il y aient eu quelques morts dans le coin en effet, mais enfin bon, ses discours ne m’intéressent pas au plus haut point. J’ai l’honneur de pouvoir faire sonner la nouvelle cloche de la chapelle qu’ils viennent de poser aujourd’hui. Puis je reprends la route vers Budva.

Effectivement il manque encore une cloche à l'église

Effectivement il manque encore une cloche à l’église

 

Après un passage absolument pas sympathique, sur une grosse route, sous une pluie torrentielle, j’arrive à Budva et prend un lit dans une auberge de jeunesse dans la vieille ville.

Ma parole, mais avec ce 3 de carreau tu as une magnifique paire ma chère!

Ma parole, mais avec ce 3 de carreau tu as une magnifique paire ma chère!

C’est une vieille ville sur le même modèle que celle de Kotor. Très jolie, des petites ruelles, des restaurants. Je discute un bon moment avec le receptionniste. Un gars un peu plus jeune que moi, qui adore le vélo et aimerait faire un voyage au long cours également. Sa copine habite à Podgorica, à 60km d’ici. C’est le genre de dude qui a fait l’aller retour Budva-Podgorica dans la nuit pour surprendre sa copine, et qui se rend compte au final, à 5h du mat, que sa copine dort, situation somme toute assez logique, et qui décide de ne pas la réveiller et de repartir à Budva, parce qu’il bosse l’après midi. Il aime être dehors, même quand il pleut, il aime faire des trips dans les montagnes du monténégro…bref, un sacré dude! On discute plus d’une heure sans s’en apercevoir, alors que je n’ai toujours pas enlevé mes affaires. Vient le moment de visiter mes appartements et poser mes sacs. Dans la cuisine, je retrouve un groupe de 3 filles serbes. Des styles définitivement très différents! Entre la fille style pin-up, celle tatoué partout, style complètement désabusé, ou un peu droguée, et celle, et bien, qui a l’air plutot normale. La fille tatouée me propose de manger ce qu’elle prépare. Elle en a fait trop. Des nouilles a la façon asiatique. J’hésite à accepter mais elle me dit qu’il y a aucun problème. Ces filles travaillent pour une agence de tourisme serbe. La cuisinière est guide dans toute l’asie depuis plus de 7 ans. Elle me débite d’une voix monocorde tous les pays qu’elle fait visiter. Quelle joie, quelle energie! Une personne très difficile à cerner tant elle pose les sujets sans place pour la discussion. En gros, elle va vivre en inde maintenant, et arreter de revenir en Serbie pour quelques semaines entre les voyages organisés. Elle m’explique qu’elle a changé de religion, changé de vie, et que sa famille ne l’accepte pas trop. Tout ça encore une fois, dit avec le ton d’une femme blasé au possible. Bon, ça aurait pu être intéressant de discuter, mais quand y a pas d’échange, comme avec le receptionniste de tout à l’heure, c’est ennuyant. J’ai pas envie de poser des questions constamment. La deuxième fille à me parler, une jolie serbe, habitant à Belgrade, n’est pas plus intéressante pour autant malheureusement. Entre 2 questions elle envoie des textos sur son téléphone. Bref, je mange puis je ne m’attarde pas, tout en les remerciant pour leur générosité.
Le lendemain, oh joie, il pleut. Il pleut beaucoup! beaucoup trop!! Impossible de partir pour le moment, c’est le déluge. Je fais un tour dans la ville avec mes habits de pluie. Certains endroits sont simplement inaccessible, faute d’un systeme d’évacuation des eaux plus performant. J’achète une brosse à dent à 1€, pour pouvoir nettoyer ma chaine de vélo. Je ne l’ai pas trop fait jusque là,

et pourtant, pourtant, je n’aime que toi,

ou plutot, pourtant je devrais le faire plus souvent. En effet, la chaine s’abime plus vite, se détend, et je perds de l’energie en ayant à la tendre quand je pédale.

Côte monténégrine, chagrine

Côte monténégrine, chagrine

Je rencontre un français qui voyage vers l’est, avec pour objectif l’Inde. Le dude, serein, ne s’en fait pas et voyage au gré du vent et de la pluie. Son objectif court terme est de trouver une plage de hippies en Grèce et de se caler la bas quelques semaines. Comme il touche le RSA, il a un peu plus de 500€ pour vivre par mois (et pour chercher du boulot normalement), et dans un voyage comme celui là, c’est largement suffisant 17€ par jour. L’auberge de jeunesse te coute 8€/nuit, la nourriture, 6/8€…tu peux même épargner! Ca fait quelques années qu’il voyage à droite à gauche, à base de CDD et d’allocations chomage. Y a pas à dire, le système français est sympathique. Après, j’essaie de ne pas juger au dela de ce que je peux me permettre. Chacun ses choix, et le jour où ça sera impossible de voyager avec ses allocs, et bien, on ne pourra plus le faire et voila. Reste à trouver comment gérer au mieux cette administration…question que l’on pourra penser insoluble tant le mot « administration » en lui même recèle une complexité sans fin. Je discute également un brin avec les potes du gérant de l’auberge de jeunesse. Ils sont guides pendant la haute saison, et le reste de l’année…ça chille. C’est ce qui s’appelle avoir du temps libre. Je n’ai pas de mal à imaginer le volume de touristes qui débarque dans la région, ni que ces quelques mois suffisent pour passer l’hiver. Tiens, d’ailleurs, saviez-vous que le Monténégro a adopté l’euro comme monnaie? Surprise! D’ailleurs, l’union européenne n’est pas trop d’accord avec ça, car les pays utilisant l’euro sont sensés respecter des règles précises, tout doit être dans un cadre quoi. C’est d’ailleurs pour ça que la Grèce est rentrée dans l’euro, ho ho! On se souvient bien du magnifique cadre doré qui entourait les comptes grecques. Malheureusement quand tout est dans le cadre et non dans le contenu…Trop beau pour être vrai. Bref, c’est à ce moment que la pluie choisit de s’arrêter, et je décide de me lancer! Et bien c’est un bon choix, car je n’aurai plus de pluie jusqu’à la fin de la journée.
Je vais en Albanie, je vais même plus précisément à Shkodër. y a une bonne trotte, genre dans les 100km. La côte est magnifique. Les nuages sont bas, ils caressent les sommets verdoyants de ce pays monténégrin. J’aime ces nuances de gris et de vert. Le truc moins sympa ici, c’est qu’il n’y a qu’une route sur la côte, donc pas mal de trafic. Moins pire que j’imaginais au final. Mais on n’est pas sur de la petite route bosniaque paumée. Y a du gros 4×4 bien cher qui passe. D’un coup, j’entends des coups de klaxon. Je me retourne et je vois 2 camping car qui croisent ma route. Excellent! Ce sont mes amis allemands de Jajce!! J’adore ces rencontres à l’improviste. Ils ralentissent, on s’esclaffe de ce hasard, on se prend en photo et ils poursuivent leur route. Ca donne le sourire.

Quand on dit Auf wiedersehen, on dit bien "Au revoir!" et on s'est bien revu en effet

Quand on dit Auf wiedersehen, on dit bien « Au revoir! » et on s’est bien revu en effet

Je continue vers le sud. Les paysages sont toujours aussi beaux. Les côtes, assez inaccessibles malheureusement, sont de toute façon bien occupées par des constructions d’un style plus ou moins bon.
C’est de la montée descente constante. Pas évident. Jusqu’au point ou la route se détourne vers le sud est, en direction de l’Albanie, et ça devient parfait. Un faux plat descendant, puis une grosse descente juste avant la frontière. Excellent.

P1010127

gestion toute balkanique des déchets

Un camping car de francais se trouve dans la file des voiture à la frontière, mais un peu pressé par le temps, je ne m’arrête pas discuter. C’est marrant néanmoins de voir leur plaque française et leur camping car old school.

OrthovsCatho : mais qui aura la plus grosse église?

* OrthovsCatho : mais qui aura la plus grosse église?

Semblerait que les orthodoxes  soient plus riches que les catholiques dans la région

Semblerait que les orthodoxes soient plus riches que les catholiques dans la région

Passage de frontière impécable, puis je fonce vers Shkodër. Je n’ai pas réservé d’endroits pour la nuit, mais je sais qu’il y a des auberges de jeunesse. J’avais pu observer après avoir franchi la frontière que c’était plus pauvre ici, mais j’en prends encore plus conscience lorsque j’arrive dans la ville. D’un coup j’ai des souvenirs d’Afrique qui remontent. Probablement cette odeur de brulé assez caractéristique, ces chiens dans les poubelles, ces routes mal entretenues, ces petites mobylettes, ces vieux vélos, ces batiments irréguliers…C’est marrant, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais pas forcément à ça. Après, pas d’exagération non plus, on est pas dans un bidonville, loin de là. Simplement, il y quelque chose de très différent. La pauvreté est plus marquée que dans le reste des balkans. Je finis par trouver l’auberge que je cherchais. Elle fait partie d’un groupe d’auberges de jeunesse des balkans. Les 2 autres de kotor et Budva étant très bien, je ne vois pas d’objections à continuer l’expérience. Je prends une petite rue sombre qui ne mettrait pas en confiance, mais ca va, il n’est pas très tard encore.

C’est une maison en L, avec un jardin, très sympa. Je m’y sens bien rapidement. Douche, courses, spaghetti, sauce tomate poivrons, bière. Je me joins à un groupe dans la salle à ma manger. 2 potes néo zelandais/australien, 2 marmules, avec des bras monstrueux, des torses non moins gigantesques et des barbes qui leurs permettrait de se faire adouber vikings sans l’ombre d’un soupçon! Ils habitaient en coloc en Ecosse, avant de décider de partir en trip sac à dos jusqu’a Athenes depuis Helsinski. Ils sont attablés avec un autre australien, qui fait un tour d’europe et de la randonnée dans les montagnes balkanes, et d’un français, Clément, qui est parti de France vers l’Inde, en stop, parfois en bus/train quand c’est trop galère. Tout ce petit monde regarde des vidéos d’animaux qui se battent. Ces vidéos où un plus petit animal déjoue les pronostics en faisant fuir un plus gros. On aime bien ce genre de chose, quand ce sont les plus faibles qui l’emportent. On se dit que tout est possible, et puis ça a plus de classe, ça donne plus d’excitation. Quand je regarde un match de foot, que ce n’est pas un match de la France, ou un match entre une équipe francaise contre une équipe étrangère (admirez le patriote), je suis toujours pour l’équipe la plus faible. En gros, je suis toujours pour l’équipe qui joue contre le Barça. C’est toujours plus marrant.
Donc je mange mes spaghetti, et discute un peu avec ces messieurs. Clément et les 2 potes vont à Tirana le lendemain, donc il y a des chances qu’on se recroise. Je suis fatigué alors je ne prolonge pas l’entretien. Demain il y a 130km pour Tirana, ça va rouler.
Le petit dej est offert, et ça c’est cool. Café et patisserie au chocolat. Le classique des balkans. Ca stuffe et ça lance une journée comme il faut. Malheureusement il pleut…Mais l’averse est de courte durée. Il doit pleuvoir plus dans la journée. Clément hésite à faire du stop, et éventuellement se prendre la saucée en attendant…les joies du voyage.
De mon côté, je prends la route, confiant. Et j’ai bien raison! Pas une goutte de pluie pendant la presque totalité du trajet. Une grosse saucée sur les 20 derniers kilomètres…mais quand on sait qu’on arrive…c’est moins embêtant. J’ai droit à une jolie route, peu fréquentée pour commencer. Aujourd’hui c’est plat. C’est pour ça aussi que je me permet ces 130 bornes. je vois quelques montagnes au loin, c’est vert, c’est la campagne. Je me retrouve soudain sur une route bien mieux bétonnée, qu’elle n’est pas ma surprise moi qui croyais ne suivre que des petites routes secondaires. 10km plus loin, le doute n’est plus possible, j’ai pris la nationale. Aie, repiquage vers la route campagnarde, faite de gros blocs de ciment posés les uns après les autres. Avec le temps, et l’usure, ces blocs s’écartent, et ça fait clac-clac, clac-clac, clac-clac, et les sacoches subissent, patiemment. Régulièrement apparaissent des mini bunkers.

Joli petit champignon albanais

Joli petit champignon albanais

Le dictateur fou avait en son temps ordonné la construction de 700 000 de ces bunkers, extrêmement résistants, capables de se prendre une bombe sur la tête sans être détruits. Ils ont même fait l’expérience avec un humain dedans, et ce gars, selon le guide du free walking tour de Tirana s’en est sorti vivant, en héro, avec surement 2 oreilles en moins et une raison vacillante. L’Albanie a été complètement coupée du monde pendant des années. Ce dictateur, donc je retrouverai un jour le nom, s’etait en effet fâché avec toutes les plus belles dictatures du moment, c’est à dire l’URSS, la Chine, la Yougoslavie…Magique! J’en revenais pas quand j’ai entendu ça. Je me demande bien ce qui a poussé tout un pays sous la coupe de ce fou. On m’a conseillé de lire Hannah Arendt et son livre sur le totalitarisme. Voila un challenge pour le Charlox! M’enfin, on verra plus tard. N’empêche que ça sera toujours mieux d’avoir vu et entendu toutes ces histoires, pour ensuite se faire une idée plus précise de ce qu’est une dictature, et comprendre (si peu!) ce que peux représenter une telle privation de liberté au nom d’idéaux irrationnels détournés à des fins personnelles.

Le train ne sifflera pas 3 fois avant de passer et de me forcer a accélerer mon selfie

Le train ne sifflera pas 3 fois avant de passer et de me forcer a accélerer mon selfie

Alors que je roule le long d’une voie ferrée qui semble abandonnée, l’envie me prend de faire une petite photo. Je ne sais pourquoi mais j’adore les rails, les trains abandonnés, le train en général d’ailleurs. C’est un moyen de transport extraordinaire. Collectif, tout en préservant une certaine intimité, confortable, plutôt silencieux, relativement rapide (admirez la puissance du « relativement »), et surtout, il permet de voir défiler du paysage. Une vraie source d’inspiration! bref, je me met en place, lorsque je vois au loin une masse sombre s’avancer. pas besoin d’attendre 3 heures, c’est bien un train qui arrive!! haha. Les rails étaient tellement abimés, l’herbe poussant partout, et tellement accessibles, justes à côté de la route, que j’étais certain de leur abandon. Surprise! bref, je laisse passer le tas de ferraille, et prends cette photo, méritée.
Au détour de la route, un gigantesque terrain, sur lequel se dresse des cheminées géantes ainsi que de vieux batiments, de vieilles usines probablement, dont il ne reste que l’ossature fatiguée, détruite. Des ruines partout sur cet énorme terrain. Qu’est ce qui pouvait bien être produit ici? Je me le demande, voyez-vous. Et je n’ai pas la réponse, héhé. Surement du bon gros matos communiste, dont le fer a du rouiller entièrement aujourd’hui, se fondant à la terre dont il était issu. En tout cas, c’est très impressionnant. Ces lieux silencieux sont propices à l’écriture de romans, ils stimulent l’imagination.

La fumée n'en sortira plus

La fumée n’en sortira plus

 

Abandon et destruction : pourquoi? Comment? Notre enquête exclusive ne parlera pas de ça aujourd'hui.

Abandon et destruction : pourquoi? Comment? Notre enquête exclusive ne parlera pas de ça aujourd’hui.

J’ai à nouveau quelques passages de grosse route fatiguants. je décide de bifurquer dans un raccourci dont ma carte a le secret. Les restes de béton se transforment rapidement en graviers. Je dois franchir des petits cours d’eau, rien de bien méchant, au contraire, ca pimente le trajet! Puis arrive la pluie…qui aura du mal à me dire au revoir jusqu’à Tirana.

L'équilibre du selfie semble rompu. trop c'est trop.

L’équilibre du selfie semble rompu. trop c’est trop.

j’arrive dans une auberge de jeunesse trempé et la fille qui m’ouvre est plutôt surprise! l’effet de surprise. Une bonne tactique militaire, comme lorsque les dudes sont sorti du cheval de Troie, mais à vrai dire, puisqu’on en parle, honnêtement, qui croirait une telle histoire? J’y pense de temps en temps, et j’ai surtout l’impression qu’il y a un gars qui a voulut lancer une expression, et qui a créé toute l’histoire pour rendre plus vraisemblable son expression « un cheval de Troie ». Mais c’est une autre histoire.

Tirana : une ville qui donne envie

Tirana : une ville qui donne envie

Je retrouve, avec joie, Clément! Toujours à se boire de bonnes grosses pintes avec les 2 gars de Shkodër. Mais pour moi ce soir c’est spaghetti et skype avec Mademoiselle Nilsson. On se prend au moins 2 bonne heures, et ca fait du bien. Puis dodo.
Le lendemain, mardi 26 avril, je pars avec Clément pour un free walking tour. Le soleil brille, éblouissant. Le guide est sympa, intéressant. Je n’ai plus en tête tout ce qu’il nous a dit malheureusement pour moi, heureusement pour vous. Mais en gros, le communisme pour eux c’était la dictature, pure, la fermeture du pays au reste du monde, c’était la propagande quotidienne, la destruction de beaucoup de lieux de cultes, anciens entres autres. Aujourd’hui les différents lieux de cultes se reconstruisent, avec les capitaux des pays plus riches concernés. A l’image de la Grèce finançant à Sarajevo l’église orthodoxe, ici c’est la Russie qui aide. Nous pouvons voir l’église avec une statue de Mère Theresa. En effet, elle vient d’Albanie. C’est une personne très importante ici. Nous voyons la maison du dictateur, et de sa femme. Le fameux Caucescu. Construite en plein centre de Tirana. Le batiment est toujours tel quel. Inutilisé. Ils ne savent pas quoi en faire. Je suis sur pourtant qu’il le vendrait cher. A VENDRE : ancienne maison de dictateur, construite sur un model communiste, charme certain. Salle de torture au sous sol, chambre de prisonniers en état. Donnera une aura incroyable au propriétaire!

Je me disais : pourquoi on installerait pas des montagnes autour de Paris? Moi je dis, installons des montagnes autour de Paris! regardez le somptueux exemple de Tirana! Ce qu'on fait les Albanais peut être fait par les Francais de bonne volonté.

Je me disais : pourquoi on installerait pas des montagnes autour de Paris? Moi je dis, installons des montagnes autour de Paris! regardez le somptueux exemple de Tirana! Ce qu’on fait les Albanais peut être fait par les Francais de bonne volonté.

A la mort du gars, ils lui ont construit un musée. Magnifique pyramide style egyptien, tonnes de béton. Pareil, ils savent pas quoi en faire aujourd’hui. Par contre on peut monter en haut assez facilement. Paraitrait que la descente n’est pas aussi facile.
On se promène ensuite avec Clément dans l’espoir de trouver un petit restau sympa. On se mange finalement un sandwich puis on se ballade, au hasard des rues, au hasard de la conversation. J’apprécie vraiment ce moment. C’est un gars intelligent, qui n’a que 23 ans si je me souviens bien, avec cependant une forte volonté ainsi que de la maturité. A son age, j’étais loin d’avoir compris tout ça. Bon, ca ne fait que 3 ans, et certains pourront, à juste titre appeler à la retenue quand à l’importance donnée au volume relatif de ces 3 années d’écart. Et je leur donnerai raison, mais ce que je vois c’est qu’il y a de réelles différences dans le développement personnel. J’ai bossé mes 3 ans et 3 mois pour CSC, et je sais aujourd’hui que ce n’était pas ce qu’il me fallait. Question d’organisation, question de management, question de sujet, d’engagement, de projets…un peu de tout j’imagine. Surtout, et c’est très clair, une question de maturité du dude qui vous parle! Cette expérience est loin d’avoir été inutile! très loin. Mais quand je vois des dudes comme clément, qui ont passé 1 an au mexique, bossé à Madrid, et se disent d’un coup, en fait je vais simplement partir en stop en Inde et voir ce que je fais la bas, je me dis, c’est stylé. Je fais un peu la même chose, mais plus tardivement. Ca aura été un des points les plus forts de ce voyage, les rencontres. J’ai toujours entendu les gens dire » j’adore voyager, voir de nouvelles choses, faire des rencontres… » pour moi ce n’était que du blabla. Mais aujourd’hui, si on me demandait ce que j’aime dans le voyage, je dirai « se challenger, voir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, et faires de nouvelles rencontres… » et je le penserai sincèrement. j’écris ce texte en Russie, 1 mois et demi après les faits. Et j’ai déjà un paquet de recul en plus. Les rencontres, ca veut dire la discussion, l’échange. Parfois, pas d’échange, mais une découverte de l’humain. Comment les gens autour de nous pensent? Comment voient-ils la vie? Qu’est ce qui leur parait simple, compliqué, qu’est-ce qu’ils aiments, pourquoi font-ils ci ou ça? J’apprend énormément en discutant avec toutes ces personnes. C’est quelque chose dont j’ai déjà du parler un peu plus tôt. Mais c’est vraiment fort. Surtout quand il y a un échange, avec des questions réciproques, une réflexion. C’est quelque chose que j’ai pu rencontrer plusieurs fois dans ce voyage.
Donc nous voila maintenant discutant, une glace à la main. A peine 1€, pour un cornet surplombé de 4 boules de glaces…mais comment fais-je pour ne pas en prendre 30?? toujours est-il que je résiste. On s’assoie dans un petit café, on philosophe, on se transcende. Puis Clément se motive pour ce soir et décrète être chaud pour une ratatouille maison. Okay! Ca c’est parlé! On avise le petit marché, on se fait rouler par le vendeur ce qui nous déconfit tous les 2. Nous, des voyageurs de la première heure! des baroudeurs! Ca reste quelques euros, mais diantre! on sait bien qu’une fois qu’il nous a donné le prix, qu’on a les légumes en main, et qu’on a a pas lancé les négos, c’est rapé! Hé ouai, c’est la vie. On rentre à l’hostel, et on se lance dans l’épluchure, et la cuisson de tout ces kilos de légumes. On en a bien entendu beaucoup trop fait. En plus des 500g de pates, viennent quelques kilos de tomates, courgettes, poivrons et autres épices, herbes…Ca chauffe en cuisine! Ca fait du bien de faire une bonne platrée comme ça. On invite nos 2 potes costauds barbus à partager cette tonne de nourriture. C’est bon!

Flash info : une ratatouille tourne mal au coeur de Tirana. Un français reste sur le carreau, un autre sur l'arbalète. La cause du différent serait un dosage de sel non conformes aux respect des traditions familiales. Nous revenons vers vous dès que nous en saurons plus sur cet évènement tragique, mais pourtant si fréquent.

Flash info : une ratatouille tourne mal au coeur de Tirana. Un français reste sur le carreau, un autre sur l’arbalète. La cause du différent serait un dosage de sel non conforme au respect des traditions familiales. Nous revenons vers vous dès que nous en saurons plus sur cet évènement tragique, mais pourtant si fréquent.

Puis c’est petite bière digestive au salon avant de se coucher, serein. Demain, départ en direction de la Macédoine. Cette auberge est vraiment sympa. Le salon est chaleureux, le petit dej, bien que petit comme son nom l’indique, est bon. Avec un cuisinier italien, Luigi! comment ne pas l’être. Il y a un français qui est ici comme volontaire depuis quelques mois. Il est venu en vélo, et reste au calme avant de reprendre la route. C’est marrant. J’ai vu, notamment à Sarajevo, d’autres personnes qui travaillent comme volontaires dans les hostels. Ils ne paient pas le loyer, peut etre leur fournit on à manger. Ce n’est pas grand chose, mais quand on a envie de se poser quelque part après avoir voyagé, sans pour autant retourner chez soi, c’est une bonne option. Et puis à l’auberge de jeunesse, tu rencontres des gens, ta vie s’anime au fil des arrivées et des départs. Mais ça doit être assez fatiguant au bout d’un moment d’être dans cet état intermédiaire. Semi nomade. Pas vraiment chez soi, au contact de nouvelles personnes tous les jours, raconter sans arrêt les mêmes histoires aux gens…ou peut être est-ce mieux que je ne l’imagine. Mais ça ne me donne pas très envie. J’aime mieux rouler! Je discute également avec le patron de l’auberge et un de ses potes. Ils me racontent des histoires sur la police locale, leur stupidité, corruption et leur inutilité générale. Ca ne donne pas particulièrement envie d’avoir affaire à eux.
Un truc fou ici, c’est la culture de la voiture. Le guide nous avait raconté cette blague: « 1 allemand, 1 italien et 1 albanais sont au paradis. L’allemand explique qu’il conduisait sa nouvelle porsche à fond la caisse, qu’il a raté un virage et pouf, le voila devant St Pierre. L’Italien, lui, c’était une Ferrari. A 200km/h, il n’a pas anticipé le virage. Même sort. L’albanais, raconte qu’il s’est acheté une mercedes sport, chromée, puissante et classe. Mais il est mort de n’avoir pas pu s’acheter à manger ensuite. Fin de l’histoire » Bref, pour un pays pauvre comme l’Albanie, c’est simplement incroyable le défilé de voiture de sport, de 4×4 luxueux dans la ville, comme à la campagne! Ce sont souvent des voitures à plus de 30.000 euros, et régulièrement des modèles à 50.000 et plus! Notre guide nous a expliqué que lors de l’ouverture du pays au début des années 90, beaucoup de mercedes ont été importées. Une des raisons est que ce sont des voitures résistantes, avec une forte disponibilité de pièces détachées. Les routes albanaises ne sont en effet pas particulièrement soignées…En plus, leur moteur pouvait supporter le même type d’essence que celle utilisée pour les tracteurs, quelque chose comme du fioul, ce qui me semble est interdit en France. J’ai lu une histoire dans le new york times à propos de ce phénomène, daté de 2002, où ils expliquent qu’évidemment, personne n’achète sa voiture dans le garage mercedes. Trop cher. Les émigrés reviennent au pays avec une merco pendant les vacances, la vende sur place, puis repartent. Je n’ai pas tous les détails de ce système. En tout cas, il y a un réel culte de la Mercedes, et au dela, de la belle voiture en général. Le nombre de laveurs de voitures sur le bord de la route en atteste.
Je dis au revoir à l’équipe de l’auberge le lendemain, et c’est un nouveau départ…

Des montagnes pour Paris! Des montagnes pour Paris!

Des montagnes pour Paris! Des montagnes pour Paris!

Ljubljana – Budva : Balkans, partie 1

Dimanche 10 avril, direction Zagreb…

Je pars vers midi et décide de rouler sur l’ancienne route qui est moins fréquentée depuis que l’autoroute a été construite. Andrej m’accompagne sur 20km. Nous nous arrêtons dans une boulangerie, et je goute au burek. De la pate feuilletée, en grande quantité, avec du fromage et parfois des épinards ou de la viande, en moins grande quantité. Mais pour des prix scandaleusement bas! Je comprends vite que la boulangerie est ici, peut être même plus qu’en France, mon amie. Je me bourre avec ce burek, et enfile aussi un hot dog et un dessert, qui se révèle assez pauvre en chocolat, mais qui tient au corps. Nous prenons un café en terrasse, et c’est le moment de se dire au revoir. Merci Andrej! Quelle belle aventure à Ljubljana grâce à lui. En écrivant ces lignes, des semaines plus tard, je sens encore le bon sentiment que cette ville m’a laissé et je me dit que nous nous reverrons un jour.

Une nature slovène des plus généreuses

Une nature slovène des plus généreuses

je roule vers le sud est, et m’arrête à Novo Mesto. Nul besoin de dire que les paysages me régalent encore. J’arrive un peu tard à Novo Mesto, et ne sais pas trop quoi faire. je ne me sens pas tellement capable de faire du camping sauvage comme ça, surtout en arrivant de nuit. Je finis par demander à une pizzeria si je peux planter sur leur parking, il y a un petit coin d’herbe. Et je mange chez eux, une grosse pizza, et bois une grosse bière. Je me dis qu’il faut que je baisse ma conso de bières…et lorsque je vais me coucher, quelques dudes attablés me demandent d’ou je viens, ce que je fais etc. et m’invite à m’assoir à leur table. Il me payent une première bière. Je me souviens surtout du nom du mec à ma droite. Dejan. très sympa, mais je me rend compte rapidement qu’il est aussi très bourré. De plus en plus car il boit sa bière comme on prendrai un verre d’eau et en recommande une directement ensuite. « I’m a nice guy, but I like to drink ». Clairvoyant le dude. Il est en train d’écrire son mémoire, et je me demande comment d’ailleurs. il a fait des études de « justice criminelle et … ? », bref, lui même ca le fait marrer ce nom pompeux. En parallèle il bosse dans une imprimerie. Il me propose de pioncer chez lui, et au début j’accepte, le gars a l’air honnête et normal. Il a mon age. lorsque je me rend compte qu’il n’habite pas juste à coté et qu’il est sensé conduire…bref, je décide finalement de monter ma tente. Le gars en face de moi est plutot sympa, mais, je sais pas, quelque chose est un peu différent. ils font parfois des blagues en slovène, et il me dit toujours, « just joking maaan », « don’t worry maaan ». il sort des expressions à l’américaine, avec toujours un « maaan » a la fin, c’est marrant. il a surement copié son parler sur des rappeurs américains. Ils connaissent pas mal les équipes de foot francaises. Je pense que ce sont juste des gars qui ne font pas grand chose de leur vie, et je me dis qu’il n’y a surement pas énormément de choses à faire ici dans tous les cas. Le restau est fermé au public, c’est dimanche soir, et il ne reste que nous, les serveuses, qu’ils semblent connaitre, ou en tout cas apprécier, et ce que je pense être le patron, un gars relativement jeune. L’ambiance est assez bizarre. ils me payent une 2e bière sans me demander. Je le sens pas vraiment. je discute avec le gars en face. Il me demande si j’ai des frères et soeur. Il veut voir des photos de ma soeur…Bon, je lui explique que c’est pas un truc à demander. Il le redemande quand même. Je sens le gars un peu borderline, un peu gras, notamment quand il m’avait parlé des fesses de la serveuse…je sens une petite montée d’enervement intérieur. Bon, Dejan s’est mis à dormir sur la table…Je sens qu’il faudrait que je me casse, mais c’est pas évident de faire le premier pas, surtout que je dors sur le parking…Au final, nous partons tous en même temps, et l’histoire se termine ici. Ils étaient marrant ou bizarres ces gars, à ne pas trop savoir quoi faire avec leur vie, c’était un peu destabilisant pour moi, et je ne savais pas vraiment quoi dire, ou quoi faire. Le plus intéressant aurait peut être été Dejan, mais vu sa descente…En tout cas cette expérience m’a ouvert les yeux, et je me dit qu’il ne faut pas me laisser imposer des choses, comme cette seconde bière par exemple. C’est important que je décide moi même du moment où partir.
bref, je monte ma tente, et m’endort avec le bruit des camions qui passent sur l’échangeur pas loin…

Lundi 11 avril

Camping "Le Parking"

Camping « Le Parking »

Aujourd’hui ça sera Zagreb. Vedran a répondu à ma demande d’accueil via warmshowers. Je dormirai donc chez lui ce soir. Bonne nouvelle. Il fait super beau, le ciel est intensément bleu. Je passe à côté d’un joli chateau, les cerisiers sont en fleur, c’est splendide. Ce coin donne envie de s’arrêter et de lire au soleil toute la journée. Mais malheureusement ce n’est que le début de journée. Triste condition du cycliste voyageur, qui, malgré les tentations, ne veut prendre une petite heure d’inaction…Cela étant dit, je poursuis ma route. La forêt est belle, le vert est intense, on sent le printemps qui bouillonne.

Je suis une vallée, le long d’une rivière. Le relief s’aplatit au fur et a mesure que je me rapproche de Zagreb. Le pic nic près de la rivière est tout simplement magique, et porté par le doux bruit de l’eau, je me lance dans une petite sieste.

Une sieste réussie

Une sieste réussie

Je continue jusqu’à Zagreb, tranquillement. Puis voila le moment de rentrer dans Zagreb, et là, je perds la notion de tranquillité. C’est la galère, et je dois charger comme une brute au milieu du trafic. Je roule sur des 3 voies à plus de 30km/h, je dois éviter les trous, généralement des évacuations d’eau qui cherchent à m’engloutir, les bus klaxonnent, me doublent…Zagreb n’est pas la capitale du vélo dans les balkans. Ca serait même l’inverse. Alors que je rentre dans le centre ville, je me rend rapidement compte qu’il n’y a presqu’aucune piste vélo, et que celles qui existent ne sont que quelques coups de pinceaux à droite à gauche sans cohérence. Et je me rends compte que les cyclistes roulent simplement sur le trottoir et slalom entre les piétons. Pourquoi pas…Vedran me dit que c’est interdit d’ailleurs de rouler sur le trottoir, et que parfois ils mettent des amendes. Mais en comparaison de la route, le choix est vite fait. Au coeur de la ville, un cycliste m’interpelle et vient me voir. Il s’appelle Mladen, a la cinquantaine, et est un passionné de vélo. Il a un gros palmarès le mec! Zagreb-Pekin pour les JO 2008, Zagreb-Sotchi pour les JO d’hiver 20.., Zagreb-Londres pour les JO 2012…il a plus d’une vingtaine de vélos chez lui. Couché, tandem, cargo…il est aussi passé à la télévision croate. Il a créé une asso de vélo et fais des trips avec les adhérents. Heureuse rencontre! Comme j’ai un peu de temps, il m’amène dans un bar au centre, et me paye une bière. Un de ses amis est de la partie. Plus vieux, il est spécialiste du developpement de photo noir et blanc dans un laboratoire photo. Un des rares de zagreb probablement. Il parle moins bien anglais, alors Mladen lui traduit quelques passages. Nous parlons vélo, matériel, voyages…et il me donne quelques conseils pour la suite dans les balkans. Je dois reprendre la route pour quelques kilomètres, j’ai rendez vous avec Vedran qui habite plus à l’est. Encore une fois, je dois rouler sur les petits trottoirs de la 4 voie, voire faire du VTT dans des fossés…j’arrive à bon port, et j’attends mon hôte qui arrive accompagné de son chien, simba! Un adorable chien noir et blanc, très, très calme, qui aime aller se promener autour de l’immeuble, le soir et le matin, quand son maitre le sort, et renifler tout un tas de trucs, avant de marquer adroitement son territoire d’un petit jet de pisse tous les 30 mètres. il doit y avoir une réelle géopolitique des chiens dans le quartier, et je sens qu’un jet mal placé pourrait potentiellement déclencher un affrontement impitoyable entre les canins locaux.
Vedran est un gars vraiment sympa, dans les 35 ans, relax. il arrive avec son ex copine, et prépare à manger. Je n’ai qu’à poser mes affaires, prendre ma douche et boire de la bière en caressant le chien. Je ne me plains pas. Son amie revient de quelques mois en inde, ca avait l’air très cool. Ce n’est pas la première fois qu’on me parle de l’Inde, et je verrais rapidement que ce ne sera pas la dernière fois non plus! Ce pays semble magnetiser plus d’une âme voyageuse dans le monde. Vedran nous a fait comme des lasagnes végétariennes. C’est très bon et il m’encourage à me servir comme j’en ai envie. C’est à dire que j’en ai très envie, donc je finis par manger un bon gros paquet de ce délicieux repas, sans même culpabiliser. Son amie part, et nous nous retrouvons tous les 2 à discuter de votyage, de vélo dans la ville…il me raconte quelques anecdotes sur le maire de la ville, du type mafieux, qui n’a jamais voulu rien faire pour le vélo, sauf lorsque le premier ministre danois est venu visiter la ville et qu’il a « construit » en une nuit, une piste cyclable qui traverse la ville. Pour la petite histoire, il a fallu scier en vitesse la nuit précédent la visite des poteaux en fer qui étaient scandaleusement situés pile sur cette nouvelle piste cyclable. Cette même piste a disparu le lendemain de la visite…haha, j’ai vu la photo du poteau, ca s’est rapidement répandu sur twitter avant qu’ils ne corrigent cette bourde. il me dit aussi qu’une nouvelle loi est passé au gouvernement, qui oblige les villes à créer des pistes cyclables. Pas de panique, il se trouve que le maire a un cousin qui faire justement ce genre de trucs, donc la situation devrait s’améliorer pour les cyclistes de Zagreb!! Vedran court beaucoup, et fait des semi marathons, voire des longues distances, comme 50km. son chien le suit toujours!

On ne rate pas l'occasion de s'en jeter un petit derrière la cravate

On ne rate pas l’occasion de s’en jeter un petit derrière la cravate

Et voila que je me couche dans un bon lit. Ah, béni soit warmshowers!
Vedran me propose de rester une nuit de plus, et je décide de le faire. j’ai envie de visiter un peu Zagreb, de faire une lessive, et de chiller. Ce que je fais avec succès ce jour même. Je sors même le chien vers 14h, en laisse bien entendu, j’ai pas envie de me faire entrainer dans des endroits improbables. Il fait super beau et chaud. Je prends ensuite mon vélo et pars explorer le centre. Le centre n’est pas bien grand, et je pédale tranquillement. Soudain, j’entends qu’on appelle mon nom. Je me retourne, ça provient du même bar qu’hier, où j’avais pris des bières avec Mladen. Et voila qu’il est à nouveau assis en terrasse, avec le même ami qu’hier et sa fille de 14 ans. Allez, cette fois c’est mon tour de payer ma tournée! Leur bière ambrée, en plus d’être tellement peu chère, est bien bonne. On rediscute de mon itinéraire, il me donne des noms précis de ville à voir en Bosnie, on regarde un peu son site internet. Son prochain voyage sera en juin, pour l’euro de foot. Il va venir en France avec quelques amis en van, puis faire du vélo entre les villes où joue l’équipe croate. L’idée est de se mettre bien, et de boire de la bonne bière avec des bons potes. Ce gars est assez marrant. Plutôt d’une nature dirigiste, on sent que c’est lui le patron, et je n’ai pas le loisir de placer autant de mots que j’aurai pu le faire, mais très sympa, et entreprenant! Une belle rencontre.

Belle discussion autour d'une bonne bière

Belle discussion autour d’une bonne bière

Je poursuis ma visite de Zagreb et me pose dans un café pour écrire mes aventures. Vedran me donne rendez vous dans un café pas loin, avec des amis à lui. Dans quelques jours ils vont faire une course en bateau à voile sur la côté croate. Ils l’avaient fait l’année dernière avec un autre ami, qui était un peu trop intense à leur goût. Vedran me dit qu’en effet, son but premier n’est pas de gagner mais de passer un bon moment avec ses potes, et accessoirement de boire un bon coup. Ca me fait rire, et j’imagine que ça doit être sympa!
je tombe dans un traquenard. J’avais prévu de pédaler 100km le lendemain et de me coucher tôt car cette dernière semaine n’a pas été de tout repos. Les litres de bière se sont enchainés autant que les kilomètres. 1€50 la pinte de blonde, de rousse, d’ambrée…je poste la question : « Dites moi, dites moi, mais qui résisterait à quelque chose comme ça? » Je vois, et ça me rassure, qu’il y a peu de mains levées dans la salle. Donc je disais que cette épisode pourrait s’appeler : traquenard au bar.

Je me prend un première pinte, tranquillou. Mais a peine ai-je bu la moitié qu’une nouvelle vient m’attendre. Un des gars a en effet payé sa tournée. Ok, je me lance dans la 2e en discutant avec Goran, le mec à ma droite, pote de Vedran. Un dude qui a la 40aine, mais qui se voit comme un gamin. Il est divorcé, a une relation, que je comprends occasionnelle, écoute du rock/métal, et n’a pas peur de sortir des propos grasseux. Il me fait rire, et je vois qu’en effet, c’est un gosse. J’étais donc en train de finir ma 2e pinte, lorsqu’il paye sa tournée et me revoila a la case départ avec 2 verres à la main. Enfin, ayant tous payé leur tournée, je me dois de faire de même…

Discussion décousue autour de bières moussues

Discussion décousue autour de bières moussues

Nous quittons donc le bar avec 4 pintes dans le bide, et un misérable sandwich qui n’épongerai même pas un galopin. Mais c’est plutot léger comme breuvage, et j’ai de l’entrainement donc c’est tranquille. Je m’imagine déjà rentrer tranquillou a l’appart car il est minuit passé. Mais Goran a un autre plan, et Vedran est enclin à le suivre, alors je suis moi aussi le mouvement et je me retrouve dans un bar plutot alternatif, reggae/dub a fond, rastafaride for life, avec plein de monde qui roule tranquille son oinj dans les coins, et Goran qui me paye des bières en continu. Je ne suis pas consommateur mais cette odeur de marie jeanne grillée est douce au nez, et la musique est bonne, alors je danse un peu, sans atteindre le niveau de mon nouveau pote qui s’agite dans tous les sens, enlève son tshirt, le remet…j’observe mon hôte du coin de l’oeil, et malheureusement, lui aussi est à fond, et flirte avec une fille, je me dis que je suis pas sorti de l’auberge…et j’en sors finalement qu’à 3 heures du mat, plutot soulagé de rentrer enfin à la maison! La nouvelle amie de Vedran nous accompagne, elle est plutot sympa, style hippie, très détendue. Et enfin, je m’écrase sur le sofa! Damned, voila encore une grosse soirée, pas des plus reposantes…

Mercredi 13 avril

C’est avec le corps un peu lourd que je me reveille. Quelques heures de sommeil bien méritée, mais trop courtes. M’enfin, je vais partir aujourd’hui! Et je devrais arriver pas loin de la frontière bosniaque. C’est le plan. Pas évident de quitter l’appart, comme souvent, mais une fois que c’est fait, c’est parti. Je trouve une route moins fréquentée, et je finis par passer la journée à suivre la rivière qui se nomme: sava. Un nom prémonitoire car, effectivement sava plutot bien aujourd’hui, et cela même si je suis un peu fatigué en arrivant à Čigoč après 95km. Gros soleil, peu de trafic tout le long, plat…

Le marketing pour les nuls Vol 1

Le marketing pour les nuls, chapitre 1 : attirer le consommateur

Čigoč est un tout petit village, qui fait partie d’une zone protégée. On y protège les cigognes. Hasard des mots? Complot? je ne crois pas, non. Nous serions dans le berceau du mot cigogne. Là où tout à commencé et tout finira. Cette pensée me fait méditer et je m’imagine plutôt bien en roi des cigognes. Charlox, roi des cigognox. ca sonnox plutox bienox. J’éviterai la rime en botox. Je me pose dans un petit campingox, en mode poséox. J’arrête avec ox là.
Y a moi, et un couple d’allemand. Nous sommes donc 3 clients. J’oubliais les milliers de moustiques qui font la fiesta vers 19h30. Mais ils finissent par se coucher pas longtemps après. Je suis à la cool, petit repas froid, petit appel avec Sandra, j’écris un peu. J’aime ce genre de soir. Être dans un camping coûte, certes, plus cher que dormir en camping sauvage, mais il y a ce confort de ne se soucier de rien, de laisser ses affaires, d’avoir une douche, des tables, parfois du wifi…c’est un confort, on ne peut pas l’nier, passe moi les coeurs de palmiers. François pérusse, right here.

Lonely Camping Vol 1

Lonely Camping Vol 1

Je prévois d’aller jusqu’a Banja Luka le lendemain. 130km, tranquille. Le reveil est dans les temps. Le petit déj est plus ou moins dans les temps. La réparation du cable de lumière avant, détaché depuis 1 semaine au moins, me met dedans, et je finis par partir à plus de 11h pour mes 130km. Autant dire que je me met un peu de pression, pas non plus la folie, mais je pousse. Et après 10km, le ciel, si clément ce matin, s’assombrit dangereusement…Que va faire notre héro? Va-t-il rebrousser chemin dès que le risque de prendre un petit éclair apparait? Va-t-il courageusement foncer au travers de la tempête qui s’annonce? La suite à la phrase suivante.
En gros, ça pleuviote puis ça se transforme en orage. En orage assez proche. Je me souviens de ce moment avec Barth en Bulgarie. En fin de journée on voit soudain se lever des nuages pas très catholiques, ce qui est normal ici, mais pas non plus bien orthodoxes, ce qui nous pose problème. C’était arrivé bien vite et on voyait la pluie a 1 kilomètre. On s’était réfugié chez un dude super sympa qui nous avait servi a manger, accompagné de jus de cerise, selon Barth « Le meilleur jus que j’ai jamais bu. » Le bougre avait raison c’était divin, mais là, moi je suis en Croatie, et tout seul. Je décide finalement de rentrer dans un jardin et d’appeler les occupants de cette maison. Après quelques minutes, ils sortent et me disent de mettre mon vélo à l’abri sous le auvent. Puis ils m’invitent à rentrer chez eux. Quelle belle rencontre! Josip et Mare. Ils sont à la retraite, enfin j’imagine. Bon, une retraite croate probablement, c’est à dire, pas très fournie en argent. Il a un tracteur que je vois sous le auvent. Ils ne parlent pas un mot d’anglais, ni d’allemand, ni de suédois, et ni de français. Mais Josip, le mari, arrive quand même à comprendre certains trucs. Et à m’en faire comprendre d’autres. Ils me servent un grand verre de coca local. Puis j’ai le droit à un café. Dehors, ça se déchaine. Je suis bien ici. La télé est posée dans un coin et il y a une emission américaine qui passe, avec des sous titres en croate. Moi je comprends la langue, et eux comprennent le texte. Mais heureusement elle est loin cette télé, et je ne l’entend pas beaucoup. Alors je ne suis pas absorbée par ce trou noir dégénéré. Ils ont des enfants qui ne vivent pas très loin. Si je comprends bien ils les voient régulièrement. Mare, la femme donc, a du mal à comprendre que je parte si loin de la famille. Elle m’explique dans un croate incompréhensible, mais avec des gestes très explicites, que les enfants, ils restent près du coeur. Je les rassure en disant que j’appelle tout de même ma mère…presque régulièrement (comment ça maman, on s’appelle pas une fois par semaine? Mince, le temps passe vite!). Pas évident de discuter alors je leur montre des photos. Gros big up à ma sista loulou qui m’a fait un petit imagier de la famille Thiolon avant de partir, au format d’une carte d’identité francaise, c’est à dire un format improbable pour nos voisins européens (petite note de l’auteur). Les photos sont bien choisies. ils peuvent donc voir à quoi ressemble la familia, et ça me permet de tenir de longues minutes sans trop de silence. Mais à vrai dire le silence n’est pas si pesant. C’est comme ça, je suis là, ils sont là, l’orage est dehors. Puis je finis mon verre de cola. Et donc, on m’en ressert. Aie, c’était pas vraiment mon intention. Je vais faire durer le prochain. La maison est très simple. Une maison comme on en voit beaucoup. Simple à l’exterieur, très simple à l’interieur. Un poele ou 2, pour chauffer, pour cuisiner, pour faire le café. Et puis des canapés hors d’age, une cuisine, une table. Je ne sais pas s’ils ont besoin de plus ou pas. Probablement besoin de plus d’argent, comme disait La fouine « Le fric, plus t’en a, plus t’as d’problèmes, plus t’en as Plus t’en veux, moins t’en as, plus on t’aime » et il disait aussi « le manque d’argent, nous fait faire des choses dont on a pas conscience ». Voila un philosophe comme il nous manque dans la société actuelle. Clair, concis, les mots placés pile sur les idées. Je passe un bon moment ici. Mon histoire les fait à moitié rire, ils doivent penser que quelque chose ne va pas chez moi pour partir comme ça. Et si c’était le cas? Est-ce que c’est parce que c’est pas bien la où on est qu’on devient voyageur au long cours? Mon monde ne me suffit pas, mais le monde me suffit. Déso James, I disagree. Non je dirais que je pars parce que j’ai la chance de pouvoir le faire, et que je sais que ce genre de voyage te fait grandir bien plus que de lire le voyage des autres, même si j’ai trouvé ça super cool aussi (et à ce propos, si vous n’avez pas lu « On a roulé sur la terre » de Poussin et Tesson, pas la peine de vous dire quoi faire, et je rajouterai également « le bonheur au bout du guidon » de Christophe Cousin, sans oublier tous les autres. Mais pas de soucis, je vais vous faire une liste). C’est un défi personnel, une conquête aussi bien qu’un apprentissage de la liberté.

« Qu’on se le dise, qu’on se le dise! je ne suis pas en vacances, je prends mon temps, pour rentrer dans la danse, je prends mon temps, pour eveiller ma conscience, Je suis en quête d’infini, j’enquête sur la vie, je regarde et j’apprends, socrate jamais ne ment. »

Vous apprécierez les rimes riches.

Après, je pense aussi qu’il y a des voyages différents pour chacun. Des voyages sédentaires pour le corps, et nomades pour l’esprit. Ces voyages peuvent aussi être très positifs. Moi j’ai envie de partir et de me mettre à l’épreuve comme ça. Il semble que je ne sois pas le seul ces derniers temps. J’ai des amis sur les routes, d’autres dans le doute. C’était encore pour la rime, même si c’est vrai. M’enfin, on peut être sur la route et dans le doute aussi. Voila pour le petit passage.

Josip et Mare

Josip et Mare

La pluie se calme, je vais pouvoir partir. Moi qui voulais tracer aujourd’hui, je suis parti a 11h et viens de passer 1 heure à attendre que l’orage se calme. Mais à vrai dire je n’y pense pas trop. Juste un peu. Et puis je sais bien que ces moments là, être accueilli chez des gens comme ça, au hasard de la route, sans savoir qui ils sont, sans se comprendre entièrement, mais juste assez, ce sont des moments rares, et précieux. Mais maintenant je suis sur la route, et je dois tracer. A peine le temps de me faire un sandwich avant la frontière, vider mes derniers kuna en achetant une plaquette de chocolat gigantesque, mais en promo, et je passe en Bosnie.

Petite maison locale

Petite maison locale

Ma première cigogne

Ma première cigogne

il me reste dans les 85km à faire et il est 15h. Heureusement aujourd’hui c’est complètement plat! plat plat plat. Je roule et je roule. C’est marrant d’arriver en Bosnie. C’est un des pays auxquels je pensais le plus en préparant mon trip. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Rien de fou à première vue. C’est plat. Plat plat plat. J’ai le vent qui me pousse bien. A vrai dire, je n’ai pas grand chose à dire sur tout le trajet jusqu’à Banja Luka. Ouf, penseront certains. Cette reflexion sarcastique ne me coupera pas le sifflet. Je ne m’arrête quasiment pas, à part pour me gaver de chocolat, et j’en profite pour discuter un brin avec un dude qui passe. C’est sympa. Grosse route, je ne m’amuse pas particulièrement, et pour éviter de regarder les kilomètres défiler, je cache le compteur. Les 20km avant Banja Luka sont encore moins marrant, le trafic augmente, et la pluie tombe sévèrement. La route évidemment se remplit d’eau. La nuit tombe. Je me retrouve à zigzager entre les flaques. Je ne peux pas savoir s’il y a 2 cm d’eau ou si c’est carrément un trou. si vous voulez savoir à quoi je pense exactement, voila de quoi vous donner une image plus précise :

Je finis tout de même par arriver. J’essaye d’appeler Damir, mais il m’envoie un texto en me disant qu’on est plus en UE et que le roaming doit couter cher. Ah ouai, c’est vrai, j’avais oublié. Ici c’est 10€ le Mo. J’ai éteint mon téléphone 500m après la frontière, déjà trop tard. Google maps s’était mis à jour avec ma position. 400ko, 4€. Tranquille. Donc ouai, j’oublie les appels téléphoniques. On se retrouve et on monte dans son appart. Toutes mes affaires sont trempées, mais il est à la cool, il me dit de faire comme chez moi. Qu’est-ce que je veux d’ailleurs? Un smoothie banane kiwi? Une bière? Du fromage, du pain, du jus d’orange? j’aurai tout ça! Damir vit seul dans un bel appartment. Un grand salon, une cuisine à l’américain, et une chambre. Il travaille dans les systèmes d’information, dans l’informatique pour ceux qui ne verraient pas trop. Non, ce n’est pas un agent des renseignements bosniaques. La mi trentaine. On discute pas mal. Il a beaucoup voyagé pour le boulot. Il a travaillé entre autres pour des sociétés de logistique américaines, aux Etats-Unis, mais aussi en Afghanistan pendant quelques années (pas à 100% du temps, hein, en faisant des allers-retours au pays). Il pourrait avoir la green card, mais ne l’a pas demandé encore. Il m’a dit que les gars pouvaient commander des armes sur Amazon et se les faire livrer. Drôle non? L’été dernier il a fait un périple jusqu’à Lisbonne. 4000km à vélo. Voila! C’est ça mon gars! Le réseau warmshowers l’a bien aidé. Il a rencontré tout un tas de personnes intéressantes. Quand on regarde la carte de la France, il y a une tonne de personnes inscrite sur warmshower.org, ça fait plaisir. On discute quelques heures comme ça, puis je suis crevé. Environ 130km au compteur aujourd’hui! Objectif atteint. Demain, il me conseille d’aller à Jajce, comme Mladen avant lui.

Damir! Homme admirable

Damir! Homme admirable

ce vendredi 15 avril, matin, nous partons ensemble, car il est libre aujourd’hui et a décidé de me montrer les 15 premiers kilomètres, juste avant l’entrée du canyon. Il fait grand beau, et nous longeons la rivière. Il m’explique sur un pont pédestre, que c’est la qu’il a appris à plonger étant gamin, comme pas mal d’autres. L’eau est vraiment très claire. Je ne pense pas pouvoir le faire, ca doit être haut d’environ 6 mètres. Il m’avoue qu’aujourd’hui il ne le referait peut etre pas. Mais je veux dire, même gamin je l’aurai pas fait. J’avoue. D’ailleurs, j’avais même peur de me lancer en skate dans la rampe du skatepark de pré leroy, une rampe dans les 2 mètres, alors plonger la tête la première de 6 mètres, j’appelle à la détente les gars, là, tranquille. On passe dans un très joli café avec plein de vieilles voitures, des motos, des motos side-car, des motos en tricyle (sans pédales et avec moteur quoi, ca serait un peu lourd sinon). Je trouve le van parfait. Assez petit mais bien assez grand pour dormir dedans et voyager!

J'aurai pu profiter de l'absence du propriétaire en prison pour voler ce magnifique eptit van mais je ne l'ai pas fait

J’aurai pu profiter de l’absence du propriétaire en prison pour voler ce magnifique petit van mais je ne l’ai pas fait

Le propriétaire est en prison m’explique damir. Un peu trop porté sur l’héroine. Si j’ai bien compris, lui même étant orthodoxe, il faisait du business avec un musulman et je sais plus qui d’autre de différente culture. Donc un bel exemple de mixité religieuse et culturelle, malheureusement mal valorisé par l’Etat.
Damir faisait de la descente en canoe, slalom et tout ça, étant plus jeune. Aujourd’hui le spot n’est plus le même, ce n’est plus aussi libre, et ils ont rajouté parfois des rochers à certains endroits, rendant la descente plus dangereuse. Après un petit verre, non alcoolisé, dans un club de kayak, je me remet en route, seul. Et entre dans la partie plus étroite, le canyon! Dans cette partie se trouve tout un parcours de kayak, avec des spots aussi pour pouvoir en faire la nuit Ca ne gache pas la beauté du lieu. De toute façon, vu le trafic, on est pas sur quelque chose de très sauvage la. Il n’y a qu’une route pour aller a Jajce, et c’est de la rouge (de la route fréquentée quoi). Ou alors il faudrait faire des détours à n’en plus finir pour rester sur de la blanche. Donc je met de côté ma répugnance à partager cette route avec des bipèdes fainéants et avance. Vraiment une très jolie route.

Nature!

Nature quand tu  nous tiens

Par contre on m’avait dit que c’était plat, mais apparemment la définition a changé entre temps parce que je me paye une côte, c’est pas une côtelette. Et à mon plus grand dam, j’ai perdu ce matin le seul truc à ne pas perdre sur un trépied d’appareil photo. Je connais même pas le nom de ce petit truc qui se visse sur l’appareil photo puis viens se bloquer dans la partie haute du trépied. J’avais tenu un mois avec!! Un mois de discipline, de rigueur, à laisser ce truc vissé à mon appareil photo. Puis je l’ai mis dans ma poche, puis je l’ai perdu. Bravo! Donc maintenant les selfies seront à haut risque car je ne pourrai plus visser mon appareil photo au trepied. Un selfie est toujours risqué diront certains, même en 2016. Certes, mais parfois plus, parfois moins. Bref, pour la faire courte, j’étais venere, mais je n’ai pas laissé cet incident gacher le magnifique paysage et la magnifique côte.

Elevage de déchets plastiques

Elevage de déchets plastiques

Jésus lui même! semble déplorer les choix architecturaux de cette église

Jésus lui même! semble déplorer les choix architecturaux de cette église

Jajce est une ville assez suprenante, avec sa cascade, ses remparts, ses sommets autours et le lac, pas loin ou je vais d’ailleurs chercher refuge. Un camping est sensé être situé la bas.

Jajce cascades ici!

Jajce cascades ici!

Le camping est fermé, mais la porte est ouverte, et j’avise 2 camping car allemands. Je me retrouve à parler avec eux. le camping n’ouvre que dans 2 jours, mais le proprio les laisse rester gratis. y a de l’eau, c’est froid mais sympa. Donc je plante ici, tranquillou.

Samedi 16 avril : au coeur de la Bosnie

Réveil toujours tranquillou vers 8h30. Je prépare mes affaires lorsque « Bartok » vient me demander si je veux du café. « bartok » est l’une des 2 femmes allemandes. Je ne pense pas que « Bartok » soit son vrai prénom, mais quand elle l’a prononcé j’ai entendu « Bartok » et lorsque j’ai répété « Bartok », elle a dit « Ja ». Trève de plaisanterie, on me propose un petit café, je dis oui! Avec du milch, et ensuite on me demande si j’ai faim…j’ai 4 carreaux de chocolats et 5 gateaux donc, j’hésite à jouer le mec ultra poli blablabla mais en fait, on me propose, je dis oui! J’ai grave la dalle, vu qu’hier j’ai sauté un repas. On sort donc le pain brioché, le paté, le fromage bavarois, le jus de pomme…je me charge comme il faut. Enfin, j’y vais tranquille tout de même, avec respect. Le 2e couple vient s’assoir avec nous. C’est vraiment sympa de parler allemand. Ils me complimentent d’ailleurs sur mon parler. De mon côté, je me surprends à faire des phrases presque complètes, et presque sans trop de fautes grammaticales. Et à comprendre presque tout ce qu’ils disent. le mot clef est ici…presque. Les 2 couples se connaissent depuis 20 ans et se sont rencontrés en vacances en Croatie. Ils ont le même camping car que je visite. Une vraie petite maison. 2 lits, 3 avec un peu d’aménagement, un frigo, douche, toilette, plaque de cuisson au gaz, chauffage, climatisation…que dire d’autre? un volant pour conduire, une pédale pour accélérer. Nan mais c’est plutot stylé à l’intérieur. C’est tellement confortable. A mille lieues de mon vélo et de mes affaires enfermées dans mes sacoches comme des passagères clandestines. Les allemands sont présents partout dans les balkans, et surtout sur la côte adriatique, qui est splendide. D’ailleurs, les gens vont parler plus facilement allemands qu’anglais ici. je suis content de mes 10 ans d’études. Oui, 10 années.
Je les quitte rassasié, et prêt à attaquer ma journée! Il est 10h30, j’espérais partir plus tôt, mais, encore une fois, je m’appelle Charles Thiolon, et mon surnom n’est pas « la flèche », ca se saurait. Je compte aujourd’hui tenter d’aller jusqu’a Sarajevo. Ca tape dans les 100 bornes…donc encore un gros défi mais j’ai vu un raccourci qui normalement me fait économiser au moins 30km…Ce raccourci est une route de couleur blanche sur ma carte. Donc peu empruntée. Parfait. J’attaque!

Nature! Quand tu nous tiens!

Nature! Quand tu nous tiens!

Ca commence bien, je suis dans une vallée magnifique et je longe une petite rivière. Ca monte tranquillement. Un homme m’explique, en allemand, comment continuer vers Travnik, la prochaine grosse ville. ca semble assez simple, je continue vers Kokici en franchissant la riviere puis vers Karaho…Il fait super beau, un ciel d’un bleu puissant, et des sapins de couleurs presque artificielle, la route se tranforme rapidement en chemin. La vitesse se réduit lorsque les cailloux augmentent. Mais c’est sans soucis, j’ai tout mon temps. J’ai un peu peur de tomber sur des chiens sauvages, ou des chiens de berger, assez rageux. C’est alors qu’arrive un troupeau de moutons. Aie, ils prennent peur devant moi, se mettent à reculer en bêlant comme des moutons. Je cherche des yeux les chiens. Je sors mon cable antivol au cas ou, car le troupeau est assez grand et je ne vois toujours pas le berger. Si jamais il n’est pas là, ca peut ne pas être sympa, car il ne pourra pas calmer les chiens. Mais au final il arrive, bon dernier. Il y a 3 chiens. Un bien gros, qui ressemble à mon gros titinours, une vraie tête à calin, et une machoire à broyer ta gorge. Le 2ème est tout petit et ne semble pas faire de mal à une mouche tandis que le 3e est entre les 2. Ce dernier se met d’ailleurs à aboyer et se prend une volée de coup de bâton du berger ce qui le calme! Tiens! Sale clébard! (j’imagine le dialogue, je ne cautionne évidemment pas la violence contre les animaux). Bref, les moutons finissent par passer, et ne reste que le 3e chien qui me regarde partir avec l’air de dire « dégage de mon troupeau, intrus ».
Je continue. Autour de moi, je vois nombre de maisons en ruines. Parfois très vieilles, parfois moins vieilles mais dont il ne reste que les murs porteurs. Je pense qu’il pourrait s’agir de restes de la guerre. Les balkans sont les rois des maisons non finies, ou abandonnées avant d’être finies, mais la, il n’y a personne qui habite autour.

Construction ou destruction locale

Construction ou destruction locale

Je tombe sur une intersection. Tout droit, ca continue légèrement en montée dans la vallée. A droite, les traces sont un peu plus nettes, mais ca grimpe. Mon intuition me dit de prendre à droite, et j’y vais. 30mn de montée plus tard, je commence à douter de cette intuition magique. C’est alors que je vois des maisons! Un village à tendance musulmane me dis-je en voyant une femme voilée, c’est que je suis fin observateur. Je l’interpelle, et sans dire un mot, elle va chercher son mari. Celui ci, très sympathique me dit que je suis à Kokici! Qu’elle n’est pas ma joie! Et moi qui me croyait perdu, me voila sauvé. Bref, je continue encore une heure ou 2 à grimper, à descendre, à regrimper, sur du chemin, à 6km/h. Autant dire que j’ai oublié Sarajevo. Profitons de l’instant présent me dis-je. Sur ma droite, un panneau rouge: Attention, mines. J’avais presqu’oublié les recommandations de l’ambassade francaise, ne pas s’éloigner des sentiers, parce qu’entre autres loups, serpents et ours, il y a les mines…damn. Ca fait bizarre de voir ca. quelques centaines de mètres plus loi, j’ai tout à coup un panorama extraordinaire qui s’offre à moi. Il est 16h et Travnik est la bas, tout en bas au loin. Travnik, je le rappelle, c’était une 30aines de bornes, et je m’étais dit que j’y serais vers midi, easy. M’enfin.
Devant tant de beauté, je prends un moment.

Devant tant de beauté, comment rester de marbre?

Devant tant de beauté, comment rester de marbre?

Puis je file, enfin, « filer! ». Impossible, même en descente de « filer ». Je vais exploser mes pneus ou m’exploser moi même vu la pente et la qualité du chemin! Du coup je prends mon mal en patience et j’y vais tranquillement. J’ai envie d’un bon Cevapi, une des spécialités locales. Un gros sandwich, avec plein de saucisses à l’intérieur, accompagné de fromage nommé kajmak, style cream cheese. Cette idée me donne des ailes.
J’arrive finalement à Travnik vers 17h30 avec 55km au compteur, autant dire, rien du tout avec ces 5 heures passées à pédaler. Mais à vrai dire c’est une des plus belles journées de mon voyage que je viens de passer. De la nature, quelques rencontres, du soleil, de l’effort, et une belle récompense avec ce Cevapi bien chargé que je me met, dans le restaurant d’un supermarché.
Je file ensuite en direction du sud le ventre plein. Je ne sais pas trop ou je vais mais j’ai envie d’avancer un peu plus. Ca descend, et la pour le coup, en pédalant je suis à 35km/h, et c’est assez bon! Au final me voila dans un petit camping, en bord de route, derrière un restaurant. Tout seul sur le terrain. Le gars parle allemand bien entendu. Je prends une petite bière au restau. Un groupe de personnes, maris et femmes, ados, enfants, sont là et semblent fêter quelque évènement, car ils sont sur leur 31. Après manger, il mettent de la musique locale, et chantent, et dansent en même temps. C’est vraiment sympa à voir.
Allez, mon réchaud et mon riz, sauce tomate, thon m’attendent! 67 km aujourd’hui.
Dovidenja! Au revoir!

Lonely Camping Vol 2

Lonely Camping Vol 2

On m’avait demandé de partir à 8h30, pour une raison que j’ignorais. Mais cela servait mon intention d’arriver tôt à Sarajevo aujourd’hui. Il doit y avoir dans les 70km. Je quitte donc cet « autokamp », comprendre camping pour allemands, et m’en vais prendre un café et un solide petit dejeuner dans un etablissement peu eloigné. Je ne sais pas si vous avez reconnu le style de Jules Vernes dans cette phrase? Peut être pas. En fait j’ai pu télécharger un paquet de ses livres sur ma liseuse electronique et il a vraiment un style bien à lui le gars. Bref, le petit déjeuner avalé je file vers Sarajevo.

A VENDRE: Maison à fort potentiel, banlieue chic de Sarajevo (40km). Avancement remarquable, admirez les fenetres posées au rez de chaussée et au 3e étage. Une habitation unique à saisir!

A VENDRE: Maison à fort potentiel, banlieue chic de Sarajevo (40km). Avancement remarquable, admirez les fenetres posées au rez de chaussée et au 3e étage. Une habitation unique à saisir!

A VENDRE: Très beaux volumes, possibilités multiples d'évolution. Un état d'avancement extrêmement correct au vu de la région. Pour famille avec de l'ambition et de la patience. Fondations plus ou moins robustes. Du caractère ! Affaire à saisir!

A VENDRE: Très beaux volumes, possibilités multiples d’évolution. Un état d’avancement extrêmement correct au vu de la région. Pour famille avec de l’ambition et de la patience. Fondations plus ou moins robustes. Du caractère ! Affaire à saisir!

Route plutôt agréable, j’arrive à avoir des moments avec une fréquentation faible, il m’en faut moins pour être heureux. Comme souvent je profite de ce moment de route pour composer quelques morceaux dans ma tête qui, s’ils étaient produits, deviendraient de vrais tubes j’en suis convaincu. Malheureusement ils ne resteront qu’une vapeur de génie vite évaporée dans des pensées trop complexes.
J’arrive rapidement à Sarajevo. C’est la première fois que j’arrive quelque part aussi tôt! Enfin façon de parler, car j’arrive toujours quelque part tôt, et d’autres parts tard. Mais là, j’ai l’après midi devant moi. J’avais demandé sur warmshowers si quelqu’un pouvait m’heberger. Cat, une américaine, a ouvert une auberge de jeunesse il y a peu. Elle explique sur le site que comme ca marche plutot bien, elle offre une nuit gratuite aux cyclistes qui passent. C’est plutôt cool. Elle a accepté ma demande rapidement donc pour le logement c’est reglé. Je m’avance dans Sarajevo, qui est une ville qui s’étire en longueur, bordée à ses extrémités nord, est et sud par des montagnes, dans les 600 mètres.

magnifique batiment à raser. Ancienne maison de retraite apparemment.

magnifique batiment à raser. Ancienne maison de retraite apparemment.

Un homme se propose de m’aider. Il parle un peu français. Il est en fait danois et travaille pour l’Union européenne. Il fait des études sur la Bosnie, des rapports j’imagine sur la situation locale. J’avais compris que la Bosnie avait repoussé un peu les avances de l’Union européenne concernant son adhésion. Mais je m’aperçoit en lisant quelques documents sur internet que ce n’est apparemment pas le cas, car en début d’année, la candidature pour devenir membre a été officialisée. Le pays était candidat potentiel depuis 13 ans. Les citoyens Bosniaques ont depuis 2010 la possibilité de rejoindre l’espace shengen sans visa. Mais Damir me disait que beaucoup n’étaient pas favorables à cette entrée dans l’UE, avec la peur de se voir trop imposer de règles par l’UE. A vrai dire, pour le commissaire européen à l’élargissement, c’est « le début d’un long voyage ». Cette jolie métaphore politicienne ne manquera pas de nous amuser, certes, mais également de comprendre que la Bosnie n’est pas prête de rentrer dans l’UE.
Mon nouvel ami me guide jusqu’au centre, j’oubliais de préciser qu’il était à vélo lui aussi, et là, alors que nous nous arrêtons quelques instants pour regarder la carte, j’aperçois du coin de l’oeil un couple au profil de voyageur. Alors que je laisse trainer mon oeil de leur côté, ils viennent me demander, dans un très bon français, si je ne chercherai pas, par hasard, l’auberge de Cat, la Doctor’s house. A vrai dire leur français est même excellent, car ils sont français. Et, comble de surprise, ils voyagent à vélo également! Ils me proposent de me montrer le lieu, mais mon guide nous fait comprendre que c’est inutile, et qu’il a la situation bien en main. Nous n’insistons pas et nous donnons rendez-vous un peu plus tard à l’auberge. A vrai dire, en voyant la côté qui mène à l’auberge, mon guide annonce que je suis maintenant sur la bonne route, et qu’il peut rentrer chez lui tranquillement, sans , evidemment, affronter cette brutale montée. J’oubliais de préciser que le gars a bien au moins 65 ans…je lui fais donc grâce de mon sourire amusé et je le remercie. Il était vraiment charmant, à m’indiquer des bons endroits où manger, m’expliquer les batiments qu’on a rencontré. C’est donc une belle introduction dans Sarajevo. Je grimpe la haut, sur la colline, et arrive à cette fameuse auberge, très jolie, et qui doit sa magnifique vue sur Sarajevo à sa fameuse montée. Nous sommes à même pas 10mn à pied du centre. Je me permet de décrire rapidement le lieu, qui selon moi, est l’un des mieux organisé que j’ai pu voir. La propriétaire, je l’avais signalé, est américain, mais au vu des explications, de l’organisation du lieu, des chambres, des parties communes, elle pourrait tout aussi bien avoir été d’ascendance suédoise. D’ailleurs elle est chatain clair. Un signe? Il nous est permis de douter. Il y a des petits mot scotchés un peu partout qui répondent à vos questions alors que vous n’aviez même pas eu le temps d’y penser. C’est simple, efficace et très cosy! Les lits ont des rideaux qui permettent de les transformer en mini chambres, avec leur lampe et leur prises electriques qui, généralement, manquent dans les auberges de jeunesse. Bref, ca fait plaisir et on se sent bien ici. Je me prépare à manger, puis douche et le couple de francais rencontré plus tôt revient de sa ballade. On discute de nos itinéraires, de ce qu’on a fait jusqu’a présent. Puis, à un moment, lorsque je leur demande leur nom, Pierre et Lucie, je comprends que c’est comme « les mous du genou », couple qui a effectué France-Mongolie à vélo, et dont j’ai pu voir le film avec Raph au festival des voyageurs à vélo en janvier. Et d’ailleurs, c’est marrant, je me souviens d’un couple qui était assis à côté de nous. Et je me souviens avoir eu la pensée, rapide, qu’ils avaient l’air vraiment interessé par ce film. Comme si ils auraient voulu faire quelque chose de semblable eux aussi…Mais en fait, après avoir recoupé nos versions, on se rend compte qu’effectivement, nous étions bien assis à côté! Leur histoire est marrante, parce qu’ils portent le même nom que cet autre couple qui présentait le film, je répète, Lucie et Pierre, et ils planifiaient le même itinéraire! Ils se sont rencontrés et ont pu profiter d’un peu d’expérience de leur…euh âmes soeurs? Et nous voila, de nouveau à côté, par le hasard du destin, à Sarajevo. ca se fête, donc on va prendre des bières. Posés au centre, juste à côté de la rivière Miljacka qui traverse Sarajevo d’est en ouest, nous discutons voyage. C’est vraiment sympa! Ca fait du bien aussi de partager nos expériences, les petits trucs du quotidien, les belles rencontres, les galères…Pierre s’est foulé la cheville en Italie, apres quelques semaines seulement de voyage! la rage! C’est un coup dur parce que pour eux comme pour moi, l’une de nos plus grandes peurs est se faire mal et de ne pas pouvoir continuer le voyage. Puis c’est l’heure de manger. Je me trouve une petite boulangerie et c’est un goinfrage organisé. Du burek! Une pate feuilletée en forme de serpent enroulé avec du fromage et de l’épinard à l’intérieur. C’est bon, c’est gras, ca coute 1€, j’en prend donc trop. Ca me fera le petit dej! je retrouve le couple à l’auberge, on discute un peu plus. On ne discute jamais assez à mon avis. Et la nuit arrive.
Ils s’en vont ce matin Lucie et Pierre, alors on se dit au revoir, mais on se promet de se revoir, ce ne sont pas des adieux. On va en effet dans la même direction. Et on a vraiment accroché tous les 3, alors autant tenter t’entend?
Je vais à un free walking tour ce matin. La traduction est simple : libre marchant tour. Bref, on ne paye que si on a apprécié le guide, qui est très sympa et qui explique très bien. Pendant presque 3 heures nous déambulons dans le vieux centre de Sarajevo. il nous parle de la guerre, comment il a vécu des dizaines de mois sous la menace quotidienne des obus serbes pleuvant sur la ville. La moyenne était d’environ 300 obus par jour. Il n’allait plus à l’école, mais une institutrice venait chaque jour dans la cave de leur immeuble leur faire cours. Ils habitaient dans cette cave d’ailleurs, les appartemment dans les étages étaient trop risqués. Il nous raconte que sa mère allait toujours au travail, et qu’elle s’habillait toujours très bien, comme ça, selon elle, un journaliste pourrait la prendre en photo et elle deviendrait connue! il y a des impacts d’obus partout, la bibliotheque a brulé pendant le siège, le parlement…Environ 5000 morts civils sont recensés. Mais il nous parle aussi de l’occupation ottomane, de la brasserie locale, de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand par Gavrilo Princip. Une histoire haletante, où plusieurs hommes sont impliqués. Le premier rate son lacer de grenade dans la voiture de l’archiduc, provoquant une grande panique et blessant une personne dans la foule. François-ferdinant choisit d’annuler son repas à l’hotel de ville, et d’aller visiter la personne blessée à l’hopital. Il n’avait clairement pas en tête les recommandations de l’état français lors d’une attaque terroriste qui s’articulent autour du triptyque : s’échapper, se cacher, alerter. Mais ces recommandations paraitront plus de 100 ans plus tard! Comment lui en vouloir!
bref, toujours est-il qu’il courait vers sa perte, et que Gavrilo Princip, qui trainait toujours dans le coin avec son gun dans la veste, a eu la surprise de voir l’archiduc débarquer en face de lui. Le conducteur s’était planté! Il fallait aller tout droit au lieu de tourner à droite. Le temps de faire demi-tour…pas le temps de faire demi tour, Bra! Bra! (pan! pan! en version moderne) voila le couple assassiné et en avant le grand jeu des alliances! Nous pouvons apercevoir l’immeuble élu comme étant le plus moche de Sarajevo, et dont les appartements (info à vérifier) couteraient encore plus cher que ceux d’en face, pourtant des vieux immeubles, en belle pierre. La raison en serait qu’ils ne voient justement pas cet immeuble en question puisqu’ils sont dedans…alors que les vieux immeubles d’en face ont une vue directe sur ce laideron…haha j’en ris! je discute avec Pri de Londres et Dasha de Moscou. Un gars et une fille très sympas. On mange ensemble après la visite et on se donne rendez-vous le soir pour aller prendre une biere à la source, dans cette brasserie locale. il fait bon et doux à Sarajevo. J’aime cette ville. Elle a vraiment du caractère. Peut-être est-ce aussi à cause de son histoire récente, de la guerre. Elle est clairement marquée. C’était il y a 24 ans. Alors toutes les personnes au dessus de 24 ans l’ont vécu, plus ou moins intensément, ont perdu de la famille, ou non. Mais la ville porte les stigmates de la guerre. Et le guide nous explique que beaucoup de touristes sont particulièrement intéressés par cette guerre, par le siège. une fascination pour la violence. C’est bien humain ça, mais j’avoue que pour des jeunes comme nous par exemple, français, qui n’ont pas vécu la guerre, ici elle s’affiche sur les murs et sur les batiments détruits, elle est visible. Peut-être un peu comme ceux qui dans le nord, en picardie ou ailleurs, découvre des restes de la guerre 14-18 dans leur jardin…Mais Sarajevo bien sûr c’est beaucoup plus que ça. Il y a cette mixité de religions, encore une fois mise à mal avec la guerre mais qui n’a pas disparue. il y a ces montagnes qui entourent la ville, cette nature à portée de main. C’est la bosnie quoi. C’est un magnifique pays. Je rentre à l’auberge de jeunesse. Je dois planifier la suite de mon itinéraire. J’hésite. Mostar? Ville très touristique du sud ouest, ou Tjentiste? Parc national au sud, avec sa foret primaire, qui a plus de 1000 ans, intacte (de ce qu’on en dit tout du moins) ses montagnes, notamment la plus haute de bosnie…Un endroit où l’on peut trouver des loups, des ours, et je ne sais quoi encore. Mon hésitation ne fait pas long feu, et je choisis de partir vers Tjentiste. Une petite lessive plus tard, et avec un bon petit quart d’heure de retard, je retrouve Dasha à la brasserie. Pri sera lui encore plus en retard, aux prises avec un tinder prenant.
Tinder, application phénomène permettant de créer des « match », c’est à dire de voir si tu corresponds avec une autre personne. Le principe est diablement simple. On se géolocalise, puis on fait défiler des profils, donc les photos de personnes qui sont autours de nous, dans un périmètre défini, avec un age que l’on peut définir aussi. Lorsque la personne nous plait, on fait glisser notre doigt vers…euh la droite ou l’inverse, et si les photos ne nous plaisent pas, en gros qu’on trouve que la fille/gars est moche, alors on glisse notre doigt dans l’autre sens. Il est possible de voir des centaines et de centaines de photos de gens comme ça, en très peu de temps. T’es moche! à gauche. T’es b…elle! à droite. droite droite droite, gauche gauche, droite gauche droite droite. Et ensuite, si la personne qu’on a « apprécié » nous « apprécie » en retour, alors BOUM! On a une love story. Nan en fait on peut simplement commencer à discuter sur le chat, et perdre des heures et des heures de sa vie à dire tout et rien. les rageux diront que j’ai pas essayé alors jpeux pas parler t’as vu. Mais c’était juste pour présenter le truc. Ca cartonne cette appli. Un peu comme au début de facebook en bien plus addictif et travaillé. Bref c’était la parenthèse pour les personnes qui ne connaitraient pas l’appli…mes parents peut être! Ou mes grands parents!

Dasha, Pri and I

Dasha, Pri and I

Mes compagnons de ce soir sont vraiment sympa. On discute un peu de voyage, de la russie. Pri a fait la descente de l’europe de Londres au sud de l’Espagne en stop. Une belle expérience avec ses surprises, ses peurs, son expérience. Puis on enchaine sur une discussion touchant aux biais dont l’esprit de l’Homme est doté. Je m’explique. Daniel Kahneman a sorti un livre appelé, en anglais « Thinking, fast and slow » dans lequel il explique les biais cognitifs que l’humain peut avoir. Nous ne sommes pas aussi rationnel que nous le pensons. Nous ne prenons pas toujours des décisions rationnelles comme nous l’imaginons. C’est bien entendu beaucoup plus complexe, et je n’ai, jusqu’à aujourd’hui, qu’une petite partie de ce livre offert par ma douce. Mais cela rejoint par exemple le neuro marketing, qui étudie, mesure, décrit toutes les réactions des consommateurs dans le but de faire avancer la science. Nan je déconne, dans le but de faire plus de blé et de vendre des choses plus facilement. En exploitant les biais naturels des humains, il devient facile de faire plein de trucs. Je pense, entre autres, aux écrans dans le métro, qui attirent le regards sans liberté de choisir. Le mouvement, naturellement, attire notre regard. Je pense à la musique dans les magasins, aux parfums…C’est terrible d’imaginer le potentiel d’utilisation de cette vaste étendue d’irrationnel chez l’Homme. Ca remet en question notre notion de liberté je trouve. Il y a surement d’autres façon de voir les choses mais pour moi, je suis libre car je fais mes choix de manière rationnelle. Et lorsque cette rationalité ne l’est plus, ou du moins en partie, et bien je deviens un instrument des émotions, des stimulis, de l’environnement présent. bref, on discute bien et puis je rentre manger.
Ce soir c’est skype avec mademoiselle! Pas toujours évident la relation à distance. Et puis l’hyer communication non plus, ce n’est pas évident. On en viendrait à croire qu’il suffit d’un rien pour qu’on puisse être l’un à côté de l’autre. Mais ce n’est pas le cas. On décide alors de communiquer moins mais mieux. Un bon skype 1 fois par semaine, avec plein d’histoires à se raconter, c’est cool.
Je traine un peu pour partir. Encore une fois, pas si facile, dans un lieu si accueillant, si simple à vivre. Et puis je me lance dans l’inconnu. La sortie de Sarajevo est simplement atroce!! Une route à poids lourds parsemée de tunnels dans lesquels les voies se resserent extrêmement, avec tout juste un trottoir ou je peux me glisser et faire rouler le vélo à côté de moi. Et surtout, pas de lumière! Je sors d’un tunnel de plus de 600 mètres, les jambes flageollantes, la peur au ventre. Je donne tout ce que j’ai à chaque tunnel pour en sortir le plus rapidement mais ça fait peur. Quand on rajoute le vacarme ahurissant des moteurs prisonnier de ces lourdes parois bétonnées…

Photo souvenir du tunnel de la mort

Photo souvenir du tunnel de la mort

Pas mécontent de retrouver une route plus calme, qui bifurque vers le sud-est. Il ne fait pas beau, le ciel est couvert, et la température assez fraiche. Mais c’est bon pour un cycliste ça. Je passe à côté d’un parking pour véhicule militaires. Des tas de camions, et autres engins attendent de remettre ça en rouillant. Ils ont pas compris que pour eux c’était fini, et ils semblent attendre, patiemment, la prochaine guerre. Ca fait bizarre de voir ça. Je me demande toujours, en voyant des épaves, ou des engins en fin de course, pourquoi est-ce que ce n’est pas détruit et recyclé. Je suis allé faire un tour sur google et en gros, ce que vous savez peut-être déjà, mais y des parties qui se recyclent et d’autres non. Quand on se sert de google avant son cerveau, voila ce qui arrive. Un éclair de génie. Liquides, batteries, ferraille…je suis pas rentré dans les détails mais j’imagine que le cout du recyclage dans ces pays serait disproportionné par rapport au cout de stockage dans un coin…et que les lois en place n’obligent pas comme dans l’union européenne à faire recycler ces épaves. C’est juste le recyclage de manière général que je trouve frustrant. Frustré de ne pas en savoir assez, et frustré de voir tellement de choses jetées partout, d’objets utilisés 1 an, et partis à la poubelle. C’est frustrant parce qu’il est difficile de lutter contre ça, lorsque le prix du neuf est à peine plus élevé que le coût de la réparation d’un objet electronique par exemple, parfois même moins élevé! Un jour, mes amis, nous reviendrons à ces valeurs là. Qui faisaient que nos grands parents protégeaient leurs habits pour ne pas avoir à en acheter d’autres, qui faisaient qu’on achetait des choses peut être plus chères mais plus durables.

La guerre de la rouille

La guerre de la rouille

Bref. Donc j’arrive devant 2 tunnels. Celui de gauche, neuf, éclairé, long d’un kilomètre, mais il n’y a pas beaucoup de trafic, ca m’a l’air tranquille. Et celui de droite. Le vieux. Pas de lumière, pas de distance annoncée. des tas de journeaux qui volent dans tous les sens. Des déchets. Un tunnel à la « Walking Dead », série américaine de zombies, dans un monde, attention surprise, dévasté. Mon esprit, aventureux, courageux, me dit de foncer dans ce tunnel noir. Tout le reste, coeur, raison, corps, jambes, âme m’interdisent d’y aller et me font imaginer des monstres, de la folie, en gros, des situations que je n’ai pas envie de rencontrer. Je m’avance à pied dans le tunnel avec ma lampe frontale. C’est vraiment le tunnel de l’horreur. Je fais demi tour en maudissant ma couardise, mais en bénissant ma raison d’esprit. Je me demande bien qui aurait pu s’engager volontairement dans un trou noir comme celui-là. Si je ne l’ai pas fait, il y a fort à parier que personne ne pourrait le faire…n’est-ce pas?

Et vous, vous auriez tenté?

Et vous, vous auriez tenté?

Le ciel se couvre toujours un peu plus. Je me retrouve à grimper fortement lorsque la pluie commence à tomber. Malheur! Je sens que ca pourrait tourner à l’orage. Peut-être parce que ça gronde de temps en temps…bien vu l’ami. Je grimpe à toute vitesse, mais je n’arrive toujours pas au sommet! Alors je continue à pousser 2x plus fort. La côte la plus rapide jamais effectué jusqu’ici! je finis par me retrouver dans un hameau qui surplombe la vallée. Il n’y a que quelques maisons parsemées. Une femme est à la porte de la plus proche et me salue. Il pleut beaucoup. Je la salue en retour et tente d’engager la conversation. Elle va chercher son mari. L’homme parle allemand! Voila qui fait mon affaire. Je lui explique que je serais son obligé si seulement je pouvais monter ma tente dans leur jardin, parce que là y a de l’orage. Tout cela sans connaitre la traduction du mot obligé et orage en allemand. Il me fait rentrer mon vélo sous un petit abri,puis je suis invité à les rejoindre dans leur maison. Ils s’appellent Emina et Mouyo, si j’ai bien compris. Des retraités, ils doivent avoir dans les 70 ans. On discute en allemand avec Mouyo, et à l’occasion il traduit pour sa femme. Parfois c’est elle qui me parle en bosniaque et il traduit pour moi. Ils ont 3 fils, qui habitent Sarajevo.
Mais avant tout, on se met à table! Emina a fait un énorme burek, fromage épinard, qui est simplement délicieux! Bien chaud, et accompagné d’une petite salade d’oignons du jardin. des petits oignons, eux aussi délicieux! Le mot est faible. Donc je me retrouve comme ça, attablé avec eux, dans leur petit salon/cuisine à manger, à boire du thé. Ils insistent pour que je continue à manger le burek même quand eux ont finit. Je ne me le fais pas dire 2 fois, et je continue à me bourrer de burek. Mais même avec toute ma bonne volonté, impossible de finir. Je les supplie donc de me laisser ne pas finir le burek, proposition acceptée. Viens ensuite le dessert! Hé ouai, servi avec son petit thé, divin, doux, cosy. C’est un peu comme un baklava, seul nom de patisserie orientale que je connais. De la pate, avec plein de sucre, et du miel. Donc encore plus de sucre. Excellent! Je suis le seul à en manger d’ailleurs. Je les soupçonne de faire attention au sucre. Un jour, moi aussi, peut être, enfin, on verra bien. Là, on aurait pu croire qu’après ce dessert et les 2 tasses de thé, on allait en rester là. Que nenni! Viennent ensuite les pommes! Des petites pommes du jardin que Mouyo fièrement m’explique avoir conservé 6 mois dans la cave. Pour un lecteur, ça n’est pas très tentant. Mais les pommes sont encore trèqs bonnes effectivement. Pas pourries pour 1 mark convertible, la monnaire du pays. Et voilà que c’est Emina qui me pèle mes pommes. Je me retrouve rapidement avec 3 pommes pelées dans mon assiettes. Et elle ne semble pas vouloir en rester là. Heureusement, l’heure de la prière me permet de souffler un peu entre 2 bouchées. Mes hôtes sont en effet musulmans, ce qu’on aurait pu deviner aux assiettes peintes accrochées dans le salon, qui montrent des grandes mosquées. Un des rares objets de décoration, avec le calendrier des pompiers. Seule Emina fait la prière. Ce sont des musulmans de Bosnie, me disent-ils. C’est différent des autres, plusieurs personnes me l’ont dit avant. Plus relax niveau religion peut être. J’ai a peine terminé mon assiette, qu’Emina réapparait, et se remet à me couper des pommes. J’ai du en manger au moins 5, et en avant pour la 6e et la 7e. Mais c’est la révolte et mon estomac me lance un ultimatum alors je demande officiellement à ce que ce soit la dernière.
Nous discutons de plein de choses. Mouyo, ayant travaillé 10 ans comme maçon en allemagne, touche sa retraite de la bas. 1000€ par mois si j’ai bien compris, ce qui ici est très confortable. 1 seul de ses fils gagne plus que lui. Il est inspecteur de police, et il se déplace dans toute l’europe. Pour ça, il touche 1500€. Et ses 2 autres fils, conducteur de bus à Sarajevo gagnent 550€ par mois…On est pas dans des sommes mirobolantes comme on aurait pu s’en douter. Ils ont acheté cette maison il y a longtemps, 40 ans peut être, et viennent ici se reposer du bruit de Sarajevo. Il habitent toujours officiellement la bas, mais préfèrent cette maison de campagne pour vivre, cultiver leurs potager, leurs pommes de terre, couper du bois dans la forêt, boire l’eau de la source qui arrive de la haut…#oklm quoi! Ils me racontent un peu la guerre à Sarajevo. Leur maison de Sarajevo a été détruite, et ca leur a couté 50000€ pour reconstruire…La guerre a un cout humain, mais aussi économique. Quand on met tout notre argent à réparer, ça repousse à plus loin le moment où on investis son argent dans d’autres choses que des nécessités. la maison voisine de la leur dans ce village a été détruite en partie par des grenades. c’était la seule épicerie du coin, depuis c’est tombé en ruine. Leur maison de campagne également a reçu des obus de tank. Le toit a été détruit, reconstruit et redétruit, et reconstruit. Ils me montrent des photos de leurs petits enfants, et moi de ma famille. Puis c’est l’heure de se coucher. Ils se couchent tôt, vers 9h. Alors j’en profite. Et à vrai dire je suis fatigué aussi par cette journée.

Encore un accueil extraordinaire

Encore un accueil extraordinaire

Il me font dormir dans une des chambres. Pas de tente ce soir! Quel accueil encore une fois. C’est excellent, j’ai passé une super soirée.
Le réveil est matinal, comme mes hôtes. Ca me permet de rouler de bon matin, et c’est toujours un bon sentiment à vélo les départs matinaux. Je compte aujourd’hui atteindre Tjentiste, et son parc national. Un bon bout de route, de la grosse descente et grosse montée, avec un bout de plat entre les 2. Les paysags sont splendides.

Je tente l'originalité

Je tente l’originalité

Je dois grimper une bonne dernière demi heure avant d’être réellement au sommet et attaquer une descente infinie jusqu’à Gorazde. La crète a parfois des airs de Provence sous ce soleil chantant. Les vaches ne se soucient guère d’un pauvre cycliste comme moi, et marchent sur la route, où bon leur semble. Je passe encore à côté de terrains minés, à côté d’un mémorial de la guerre avec un tank, des mitrailleuse de tout calibre exposées. Je vérifie quand même que le canon de ces engins est bien bouché…c’est le cas.

Mine Mine Mine Mine Mine Mine Mine Mine BOUM

Mine Mine Mine Mine Mine Mine Mine Mine BOUM

je compte prendre un café et mon petit dej à Gorazde. Cette perspective me réjouit. J’ai fait 40km, et c’est sympa de s’assoir, regarder un peu les gens, tout en se goinfrant. Mon choix d’établissement n’est malheureusement pas très heureux, et dans les 3 ou 4 habitués qui trainent là, l’un d’enter eux commence à m’apostropher. Le barman ajoute, en riant, : « Careful, he is gay! ». Ok, bon, pourquoi pas. M’enfin le dude ne veut pas me laisser seul, alors que je décline l’invitation à le rejoindre à sa table, préférant l’exil sur la terrasse. Il prend sa bière et vient s’assoir a côté de moi. Bon…ça va être moins tranquille que je ne le pensais. Surtout que notre ami (je vous inclus pour me sentir moins seul), a tout une série de tics faciaux, et qu’il peut être un peu oppressant. Au final c’est probable que le barman ne riait pas tant que ça, car je me vois qualifié de « beautiful man » un bon paquet de fois. Il a un peu de mal à retenir ses reflexions intimes, et je comprends qu’il aime faire des choses aux femmes de toutes les couleurs. Je suis un mec cool, je prends sur moi et j’ai compris de toute façon que je n’aurai pas ce fameux petit-déjeuner en paix. Il m’explique qu’il a été dans l’armée pendant la guerre. Alors j’imagine que c’était l’armée serbe, parce qu’ici on est en république serbe de Bosnie. Mais il me dit qu’il aime tout le monde : « I like everybody, I like everybody » « Oh yes, you are a beautiful man, beautiful man ». Sa mère et ses soeurs sont mortes pendant la guerre. Aujourd’hui il touche une pension de l’armée, dans les 300€ par mois. Et je doute qu’il fasse quelque chose de particulier avec sa vie. Il m’a l’air pas mal névrosé. Guerre, condition médicale…? Je ne le saurai jamais parce qu’après avoir fini mon paquet de gateau avec ma grosse plaquette de chocolat, je me trace! Non pas que je suis associable, mais y a des moments comme ça…t’as envie de dire « non, non, non mec! »
Je prends un petit chemin, car la route est trop passante à mon gout. Ce petit chemin est lent néanmoins. Difficile de rouler à plus de 15kmh au milieu de cailloux, de terre. Je rencontre un berger avec son fils. Il a vécu plusieurs année en Australie. C’est marrant, je rencontre un paquet de gens qui sont allés vivre ailleurs pendant un temps. Je ne lui demande pas pourquoi il est revenu. La discussion n’est pas très longue, mais il est très symathique. Il me conseille de passer la riviere au prochain pont pour rejoindre la route, sinon je risque d’être bloqué. A vrai dire je pense qu’il y a toujours un chemin mais j’ai envie d’aller un peu plus vite. Finalement la route n’est pas si mal. Pas grand monde et j’arrive dans une petite ville pour le déjeuner, Foca. Je trouve un petit restau bar très sympathique, fréquenté par la jeunesse du coin. J’ai l’impression que tous les regards se tournent vers moi quand j’entre. N’ont-ils pas l’habitude de voir un cycliste comme ça?
C’est pas cher, comme toujours, même si la taille de l’assiette laisse à désirer, heureusement que le pain est là. Au moment de partir, il reste quelques personnes dans le bar, dont les serveurs et barman, et ils veulent prendre une photo . L’un deux me demande si j’aime bien la Serbie. Je lui explique j’aime beaucoup la Bosnie Herzégovine en effet. Que répondre d’autre? Ils veulent que je fasse un geste spécifique sur la photo, mais je ne connais pas ce geste, donc je préfère m’abstenir! Pour peu que ce soit un geste d’indépendance local…ce n’est pas mon truc et je n’ai surtout pas envie de rentrer dans des discussion de cet ordre là.
Je continue ma route jusqu’à tjentiste. Ca monte et c’est difficile. Mais la vue vaut ensuite le coup comme toujours…

Je suis assez loin la, ca devrait etre bon

Je suis assez loin la, ca devrait etre bon

Je m’arrête dans le camping/hotel. Je suis tout seul, c’est fermé comme d’hab. L’hotel est ouvert lui. Petite soupe avec bière. Wifi. Des jeunes de 10/12 ans sont la avec leur classe, et ce soir c’est une sorte de carnaval. Ca crie dans tous les sens. Heureusement il est temps pour moi d’aller me faire à manger et je repars vers le camping. La lune éclaire les sommets autour. Le coin est splendide, y a pas à dire. Le gars de la reception me dit qu’il y a de la neige encore donc plus ou moins impossible de faire des randos…voila bien mon affaire, moi qui voulait rester 1 jour ici rien que pour ça. Je décide de me renseigner le lendemain. Une décision pleine de bon sens, puisqu’il est 23h…

Lonely Camping Vol3

Lonely Camping Vol3

 

A bientot les amis!

Merano – Ljubljana

J16, jeudi 31 mars : Objectif Trento

Méditation Raphesque du matin

Méditation Raphesque du matin

Nous poursuivons au sud vers Trento. La matinée se déroule tranquillement et nous mangeons à Bolzano. Une bien belle ville, ensoleillée. On y entend nettement plus d’italien. Et c’est plutot sympa. C’est une belle langue, y a pas à dire. Ca parle plus fort, certes, ça simule sur le terrain, on peut pas le nier, ça met des coups de boules à l’occaz, ça s’habille de manière particulière, ça mafiote, m’enfin bon. On se cale un énorme poulet, fromage, bouteille de vin, salade.

Salut poulet!

Salut poulet!

J’ai l’estomac qui souffre dans les kilomètres qui suivent. Parlons en de ces kilomètres qui suivent d’ailleurs! Comme par hasard, un vent de face s’est levé, et, alors que nous continuons tranquillement à descendre vers Trento, et je dis bien « descendre », il nous faut pédaler fortement pour atteindre un ridicule 18 km/h. Encore un scandale étouffé par les rafales de vent intempestives. Nous nous arrêtons prendre une bouteille de jus de pomme dans un petit stand. L’écriteau explique que nous sommes bien dans le pays des pommes! 1 pomme sur 8 en europe vient du sud tyrol. Nous voyons des vergers depuis 2 jours sans discontinuer. Le propriétaire, nous explique alors une chose importante : le matin, le vent souffle du nord vers le sud, et l’après midi, du sud vers le nord…donc si je comprends bien, demain dès l’aube nous partirons! Sauf que c’est un peu trop tard et qu’après Trento c’est fini. Too bad.

Le vent nous portera

Le vent nous portera…ou pas

Avant d’arriver à Trento, nous croisons 2 italiens qui chevauchent des fixies et nous gratifient d’un « Salve! ». Ils nous rattrapent quelques temps plus tard et on entame la discussion. Marco et Stefano sont frères jumeaux. Ils ont 27 ans, et adorent le vélo. Stefano est un des pionniers du VTT dans le coin. Il gère un parc de descente en haut des montagnes qui entourent Trento. Il a gagné pas mal de courses locales et j’imagine qu’il se débrouille bien la dedans. Son frère bosse dans la climatisation, si j’ai bien compris. Peut être pas le métier passion de son frère, mais il a pas l’air d’en souffrir trop. Après avoir pas mal discuté, Stefano finit par nous inviter dans son appart pour manger avec sa copine. Maro nous rejoint un peu plus tard. Sa copine, discrète mais plutot sympathique, nous prépare à manger (pour peu on dirait merci bobonne), on n’a pas le droit d’aider, et on se régale. Antipasti, pasti, bira moretti et j’en passe. On rigole bien.

Unis pour un monde meilleur

Unis pour un monde meilleur

Puis viens le moment de décider où on dort. Raph et moi avons eu le désir secret qu’ils nous laissent dormir dans le salon, mais non, je ne sais pas, peut etre que sa copine ne veut pas (ça semble être le plus probable!), en tout cas nous devons trouver un endroit ou planter la tente. Première tentative autour de chez eux, mais c’est plein de chiens qui aboient de partout et de propriétaires qui sortent aux balcons donc on évite et Stefano nous ramène vers la piste vélo ou on plantera à côté du canal. C’est très tranquille. Quelle belle rencontre ce soir! Ils nous ont vraiment régalé et même si j’aurai aimé faciliter la chose en pionçant sur leur canap, je suis vraiment reconnaissant et heureux de les avoir rencontré. Grazie mille!

Inspiration nocturne

Inspiration nocturne

J17, vendredi 1er avril : Au chaud

Triste sir

Triste sir Dumont

La température s’est vraiment amélioré depuis ces 2 derniers jours. Nous roulons maintenant en direction de Trevise.

Arrêt propisse dans la belle ville de Trento

Arrêt propisse dans la belle ville de Trento

 

On arrive à éviter pas mal de montée en prenant les itinéraires alternatifs. Nos genous apprécieront. Que dire? C’est une belle journée et nous roulons, jusqu’à trouver un spot de camping sauvage. Le midi se passe au bord d’un lac, il fait chaud, le sandwich à base de pain en plastique passe tout de même la ou il faut. les vallées sont superbes.

Bien montés sur la table

Bien montés sur la table

On sent que les montagnes rétrécissent, mais on voit toujours quelques sommets enneigés au loin. Une belle montée, et quelques tentatives plus loin, la nuit est tombée et il est temps de manger et dormir.

J18, samedi 2 avril : virée à Padova

Photo du matin, classique

Photo du matin, classique

Après le traditionnel reveil tranquille et la demi plaquette de chocolat accompagnée de 15 biscuits, nous partons. Petit café dans le village suivant. Bonne ambiance du samedi matin, des ptit vieux qui lisent le journal, qui apostrophent le dernier arrivé. Ca discute, ça joue à la petite machine à sous juste derrière nous. Bruits de pièces…il n’aura pas tout perdu!
Puis la route continue à descendre vers les terres plates du sud.

Je fais semblant de regarder au loin, j'essaye de me donner un style t'as vu

Je fais semblant de regarder au loin, j’essaye de me donner un style t’as vu

Cette fois-ci nous laissons vraiment derrière nous les montagnes, et arrivons sur des terres vallonnées, et couvertes de vignes, qui elles-mêmes laissent place à des champs, plats et unb peu mornes en comparaison. Nous nous rattrapons avec un petit vin local, deliciosa, et par un jeu qui consiste à se lancer le reste du beurre dessus, qui n’avait plus un gout acceptable, sans avoir le droit de bouger. Raph, fin viseur, n’est pas loin de faire mouche, mais c’est sans compter mes reflexes qui me forcent à écarter la jambe et à laisser passer cette petite motte de beurre terreuse. Bref, on s’amuse bien. Puis on file sur les routes, en écoutant l’album « The birth of surf », musique des années 60 avec toujours les mêmes accords, mais assez survoltée, qui nous donne la pêche. Avec ce deliciosa comme carburant, on est dans les 50km/h sans forcer la. Jusqu’a ce qu’on apercoive ce petit chemin, la sur la droite, et que j’approuve la proposition de raph. C’est vrai qu’il avait l’air joli ce chemin. Définition du mot chemin : ce n’est pas une route. Donc en fait, on est à 6km/h sur un petit chemin de rando, fait pour piétons ou VTT…pas pour vélo de rando de 50kg. On galère puis on arrive à sortir du bourbier. On tombe sur 2 gars qui faisait de la motocross et qui maintenant se font une pause bière. Direct ils nous servent une bonne petite reubié, et ce sera malpoli de refuser. On discute, on rigole, ils remplacent mon eau de gourde par une autre bière, puis on trace notre route.

Une rencontre des plus agréables

Une rencontre des plus agréables

Le plan serait de prendre le train pour Trevise. Au final, on rate ce train. Puis on se dit que Padoue c’est pas loin et, y étant allé cet été, je sais que c’est super stylé. On prend donc le train pour Padoue. Nous comptons profiter de ce samedi soir pour sortir un peu! On arrive dans l’hotel, pas trop cher du centre ville, et ces chacals veulent nous faire payer 10€ par vélo/nuit pour les mettre dans leur parking. Chiens!

Du coup, on va boire des bieres sur une place, c’est super étudiant, bonne ambiance puis on démonte les roues de mon vélo et on attache le cadre au vélo de raph. Le systeme rohloff de ma roue arrière vaut presque le prix du reste du vélo, donc bon…autant le sauver s’il devait se passer quelque chose.

Colonisation de la chambre

Colonisation de la chambre

Le lendemain, on décide de rester, et de chiller comme il se doit. Ce que nous faisons avec succès. Nous avons réussi à trouver un hôte warmshower qui accepte de nous prendre malgré le fait que nous l’appelons à 14h…cool! Il s’appelle michele et sa copine, Stella. Nous discutons, prenons le temps. C’est détendu. Il y a quelques jours l recevait chez lui une famille française, partie 2 ans sur les routes, à vélo, avec leurs 2 enfants. Chaque adulte avait un tandem mixte normal/couché avec le siège couché à l’avant. Donc les enfants sont à l’avant, profitent de la vue, tranquillou, et les parents triments à l’arrière, avec les bagages en plus. Ca donne bien envie!
Il est géologue et n’a pas souhaité bosser pour les compagnies pétrolière. Il n’y a pas énormément de place dans ce métier. Il fait du vélo, et ce week end, il part grimper les dolomites, dans le nord est de l’Italie. Comme il ne s’est pas trop préparé, le lendemain, lundi 4 avril après midi, il part faire 100km. Certes c’est probablement un peu tard, mais le geste est courageux. Il nous propose de l’accompagner, mais nous décidons de partir pour Venise.

Grazie!

Grazie!

C’est assez indécis dans nos têtes. Raph a son avion jeudi, dans 4 jours. Nous ne pouvons pas trop rouler vers la Slovénie puisqu’il faudrait qu’il puisse revenir ensuite, et prendre le bus…pas super pratique pour lui. Du coup, nous roulons de Padova jusqu’a Venezia et allons poser notre tente dans le même camping que cet été! la route de cette après midi était la même aussi d’ailleurs. Je me suis rappelé de tout ça, notamment des passages avec une route bien étroite et des italiens qui te collent comme une mouche vient ne peut s’empecher de venir se coller sur une…Ils peuvent être un peu enervant parfois les automobilistes. C’est court, dans les 40km, alors c’est rapidement expédié. On avise une brasserie pas loin du camping, et après manger on y va. Bon, brune ou blonde, la différence n’est pas flagrante. Mais on est pas en belgique…on se prend un litre chacun, et on discute tranquillou. Retour à fond la caisse sur des routes presques désertes, le vélo est léger, léger, on pourrait s’envoler, s’envoler!
On décide de rouler vers l’est le lendemain. Mais avant, ça serait dommage de ne pas aller jeter un coup d’oeil à Venise, même si pour moi comme pour lui, c’est la 3e fois que je vois la ville.

oui, bon

oui, bon

Le monde est trop petit pour nous. Et nous sommes paradoxalement trop petits pour le monde. Mais là, j’ai l’impression de perdre le sens de ma phrase. Serais-je en train de philosopher? Mmmmh. Un ptit godet?
Damned! Les vélos sont interdits dans la ville. la consigne : 7€/bagage. Bref, on décide de visiter chacun son tour. Je me prend une petite glace, ayant essayé, sans succès de retrouver le glacier que Louisa, amie de ma grand mère et guide à Venise, nous avait montré cet été. On assiste à un épisode marrant, ou un couple d’indiens, je dirais notre age, essaye visiblement de retrouver un truc qu’ils ont fait tomber dans l’eau. Après avoir vainement demandé à des bateaux de passage de l’aider, ils prennent le problème à bras le corps, et la fille se met à l’eau et, la voyant galérer, raph lui prête ses lunettes de piscine. On se dit que ca doit etre important, parce que l’eau est froide la, et que la visibilité est mauvaise. De l’autre côté du canal, un débile de taxi n’arrête pas de parler à voix haute et il me semble entendre une bonne vingtaine de fois, le mot « puta i aqua ». il commence sérieusement à m’échauffer les oreilles ce crétin, à insulter la fille au lieu de l’aider, et je suis à 2 doigts de lui dire de la fermer, mais il m’a pas l’air bien intelligent, et puis on va partir, ca n’en vaut pas la peine.
Nous roulons vers l’est, sur des routes pas formidables du tout. On hésite un moment. Que doit-on faire? pousser vraiment vers Trieste? On décide de prendre des routes alternatives qui partent grosso merdo dans la direction voulues. On fait des détours mais au moins c’est calme, tranquille et on retrouve le plaisir de pédaler. On dort en camping sauvage dans la petite ville de Quarto d’Altino, après avoir regardé le match du barça, qui lutte face à l’Athletico Madrid…Moment sympa dans un petit bar local. Un sénégalais qui vit dans le coin depuis de nombreuses années vend des confections maison. Des moto en bambous, des ceintures peut etre pas si maison que ça. On discute un peu. Il a travaillé des années dans une usine de construction (pas tellement compris quoi), et l’usine a fermé. Tout le monde à la porte, et il vend maintenant des petits trucs pour touristes. Je doute que ca lui rapporte beaucoup. Il vit chez des amis. Raph se voit offrir une ceinture…et finit par lui lacher 10€. Une technique classique quoi. C’est une soirée tranquille et on dort plutot bien malgré l’humidité du petit marécage et de la rivière.
J21, mercredi 6 avril : un dernier coup de pédale
Aujourd’hui nous comptons aller jusqu’à portogruero, c’est le dernier jour de vélo pour Rapha qui a son avion demain après midi.
Le chemin est sympathique, le petit café également.

Ne vous laissez pas impressionner par mon SWAG!

Ne vous laissez pas impressionner par mon…SWAG!

sans blagues, c'est une photo d'art

sans blagues, c’est une photo d’art

 

Nous mangeons une pizza bon marché sur une place de San donà di Piave lorsqu’un homme vient nous parler. Il se présente très poliment, et présente son amie. Il commence par s’excuser pour la mauvaise qualité des routes pour les cyclistes dans la région. Nous discutons un petit moment, il aime le vélo aussi et a fait du vélo en France, en Alsace plus particulièrement. Le riesling met tout le monde d’accord. Puis en partant il nous dit qu’il est le maire de la ville. C’est marrant. D’où la petite remarque sur les routes du vélo. On sentait qu’il s’exprimait bien, et qu’il était à l’aise avec des personnes inconnues comme nous.

un homme simple aime les choses simples

un homme simple aime les choses simples

Voila pour la petite histoire. Ensuite on s’arrête à Lidl pour quelques courses du soir, plus un dessert pour combler le vide laissé par la pizza du midi. J’achète mon kilo de Fior di Latte et ma plaquette de chocolat. C’est marrant, le sentiment d’abuser peut être un peu sur de la nourriture sucrée  ne me vient pas tout de suite. Il vient plus surement après en avoir mangé 300g. Mon ventre dilaté me rappelera cette Fior di latte. N’hésitez pas à consulter la liste de mes jeux de mots mythiques sur charloxlebonmot.com.

Fior di latte à la fraiche

Fior di latte à la fraiche

Nous arrivons à Portogruaro. Demain, le gros raph prend son train vers venise, et je pars vers la Slovénie. Nous voulons marquer d’un pierre blanche cette dernière soirée, avec un Paris-Chelsea en ligue des champions. Et nous ne serons pas déçus! Petite flemme de faire du camping sauvage, alors nous cherchons des solutions alternatives. Nous pensons à l’Eglise, peut être que le prêtre nous laissera planter la tente dans le jardin du presbytère s’il en a un…Serbie, avec le barth on avait demandé dans un ptit village, et on avait dormi dans le jardin de l’église. Plus sûr que de planter n’importe ou. Raph discute avec le prêtre qui lui dit de revenir dans 2 heures, après lui avoir déjà mis une petite claque de sympathie. Raph se marre en me racontant ça, et nous sentons tous les 2 que ca va être encore plus marrant bientôt. Nous trouvons ensuite un joli parc, tranquille et en avant les Spritz! Le Spritz, mélange local de, euh, alcool un peu amer, et de pétillant. Bref c’est bien bon, ca coute pas grand chose, et ca ragaillardi son homme. Je file quelques affaires à Raph, caleçons, chaussettes chaudes, cartes d’italie, allemagne…et surtout, je lui donne le truc un peu watzefeuk du voyage, « la fin de l’homme rouge », prix nobel de littérature, offert par ma chère maman à noël. Un pavé d’au moins 600gr, pas évident à lire sur le vélo. J’ai pris ça juste avant de partir, et je me suis rendu compte après que j’aurai pu simplement le telecharger sur ma liseuse electronique. M’enfin, au total, plus de 2kg en moins, n’importe quel cycliste dans le monde serait heureux. Nous rejoignons Don Pietro, le prêtre de la paroisse de Portogruaro.
Je retranscris ici, avec une touche personnelle, les propos de Raphael Dumont, qui sera bien aimable de me contacter s’il a des corrections à apporter à mon récit.

Il nous attend pour manger. Fat fat fat repas!!! On se met iebn!! C’est gras un truc de ouf par contre. Son portable sonne, et lorsqu’il répond, il parle super fort!! Haha. Une bonne bouteille sur la table. « Une bouteille pour vous 2, et une bouteille pour moi! » nous dit-il. L’alcool coule donc à flot (mais pas autant non plus). Sur la table, rien que de la barbac : lapin, saucisse, jambon…Ses blagues nous font marrer. Celles de raph aussi. Un prêtre est devant le pupitre, puis s’adressant à la foule des croyants « Il y a un problème avec le micro » et celle-ci de répondre « et avec votre esprit ». Ou sinon, pas mal aussi : Le prêtre, livrant ses reflexions sur les fidèles de son église : « Quand je vois tous ces chapeaux, je me dis « mais où sont les pauvres? », puis quand je vois l’argent de la quête je me dis « mais ou sont les riches?? » haha, on se marre bien, et avec tout le vin qu’on boit, on rigole un bon coup en plus. Don Pietro, se tournant vers moi demande : « depuis combien de temps ne t’es tu pas confessé charles? » Je lâche un petit 10 ans, ou un truc comme comme ça, vu qu’en bon chrétien, a l’époque tout du moins, j’avais fait tous les sacrements, et qu’on devait se confesser. j’ai donc rendez-vous demain à 5h pour la confession. Haha, bon, c’est une blague, hein. Il nous compare à Jesus sur le mont golgotha, entouré des 2 larrons. Raph est le mauvais larron, celui qui dit que Jesus devrait les tirer de la, si c’est le fils de dieu. Une logique assez humaine en sorte. Le 2e c’est le mec cool, qui raisonne son compère en lui parlant de l’injustice que Jésus subit (je résume), et ce dude, c’est oim. Don Pietro, c’est jésus lui même!
Il a senti sa vocation de prêtre très jeune. Il est entré au séminaire à 11 ans! Son père, agriculteur, était un homme honnête, mais très dur, et plutôt opposé à la vocation de son fils. Alors que son fils voulait faire du camping pendant 10 jours, il avait plus de 20 ans à cette époque, son père s’y oppose en lui disant : « J’ai travaillé toute ma vie, et toi, tu veux profiter? »? Mais à 24 ans, Pierre (Pietro) a été ordonné prêtre, et est donc devenu Don Pietro. Il a été ordonné en 1966. Il a 76 ans aujourd’hui, et donc plus de 50 ans de sacerdoce. C’est fort. On parle de la jeunesse, des couples. Il nous raconte encore une blague. « Quand je suis en suède, et que je vois des belles filles (suite au fait que je lui ai glissé que ma belle était suédoise), je dis  » (seigneur)ne nous soumet pas à la tentation », quand je suis au moulin rouge, « ne nous soumet pas à la tentation » et quand je vois une vieille femme, sous entendu, pas au sommet de sa beauté, « mais délivre nous du mal! » Haha, voila un prêtre qui n’a pas la langue dans sa poche. Nous avons avec nous un personnage, entier. Un personnage de roman, de film. Un don camillo. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme ça avant. Il nous met des claques à l’occaz pour ponctuer une phrase, ou un réponse qui le fait rire. C’est paternaliste, mais avec raph on rigole, on est sérieux, puis on rigole encore. Quelle rencontre! Le repas se termine sur un café, qu’il achève de remplir avec une liqueur, comme du raki.

Là, on est prêt pour s’écraser sur le lit. C’est ce qu’on fait. hahaha, en écrivant ça, 1 mois après les faits, j’ai les images qui me reviennent. Sacré Don Pietro! Il nous a confié que c’était difficile de convertir les âmes aujourd’hui. Que les jeunes se détournent de l’église. A l’un deux qui lui disait que ca ne servait à rien, et qu’il n’en avait pas besoin, il lui a dit d’attendre encore quelques années, et qu’il verrait bien qu’en fin de compte il reviendrait. Dans les histoires, les gens se tournent souvent vers l’au dela, le mystique, la religion lorsque la mort approche. Je me pose souvent la question de savoir si je crois ou non. J’ai eu cette éduction catholique, mais quand à plonger entièrement et croire sans peur, ni doutes c’est une autre histoire. La société actuelle est plus douce, nous vivons mieux qu’au moyen age, est-ce la raison pour laquelle la communauté de croyants diminue? En europe tout du moins. C’est, pour moi, une des grandes questions de l’homme, qui a toujours cherché à croire en des choses divines, des choses qui dépassent sa condition d’homme, petite chose dans l’infini de l’espace, dans le mystère de la vie sur terre. A ce propos, j’avais lu la biographie de Pascal, qui m’avait vraiment marqué. Je me suis promis de lire ses pensées, même si c’est peut être pas le livre de chevet le plus relax qu’on puisse trouver. Je crois que ce génie avait une pensée vraiment intéressante, autant pour les chrétiens que pour les autres à vrai dire. Depuis que je me suis un peu intéressé à lui, je l’ai d’ailleurs retrouvé chez des personnes que j’admire. Premièrement chez Soeur emmanuelle, pour qui Pascal a été une des forces qui l’a poussée à se faire soeur et à s’engager toute sa vie pour les autres (notamment cette phrase : « l’homme est un roseau pensant »), mais aussi chez un homme athé, Alexandre Astier, qui le cite dans son dernier spectacle sur l’existence ou non des extra terrestres. Bref, je m’arrêterai la, mais ce Pascal est un homme qui mérite une certaine attention me semble-t-il.
La nuit n’est pas des plus reposantes. Mon estomac gonflé à bloc serait, parait-il, responsable. J’ai un train à 8h30, alors nous ne tardons pas trop. Il est 8h. En descendant l’escalier, Don Pietro nous attend. Alors que nous tentons de justifier le fait que le train passe bientôt et et qu’il faut qu’on se dépêche et blablabla, le voila qui nous coupe et nous ordonne de remonter prendre le petit déjeuner en nous administrant une petite paire de claques amicale. Nous choisissons librement d’obeir et remontons les marches pour s’assoir devant une tasse de café, des brioches, des madeleines…Il nous dit qu’hier soir a vraiment été un moment heureux, et nous ne pouvons qu’acquiescer! Puis nous sommes libres de partir, et le remercions encore une fois de son extraordinaire accueil. Quel souvenir! Je sais que nous n’oublierons jamais cette soirée, hors du temps.

Ah! Sacré Don Pietro! Grazie mille d'oeuvrer pour le salut de nos âmes!

Ah! Sacré Don Pietro! Grazie mille d’oeuvrer pour le salut de nos âmes!

Nous arrivons quand même à l’heure pour le train et je monte mon vélo dans ce bon train italien qui, il y a 5 ans, nous emmenait avec raph et gus vers Trieste (dans la même collection, lire « Trieste-Dubrovnik : Rififi en Croatie »). Je roule 40 mn jusqu’à Monfalcone. Dans mon wagon, le dernier, presqu’uniquement des passagers de couleur noire, avec des sacs remplis de petites choses à vendre au détail, comme des mouchoirs ou des accessoires plastiques. Ca discute, ca se salue, puis tout le monde descend au fur et à mesure, surtout dans une ville qui me parait de taille plus importante. Je ne sais pas qui ils sont, et je ne reconnais pas leur dialecte, mais j’imagine que ce sont des immigrés qui tente de gagner un peu d’argent dans le coin. Mais pour vendre des paquets des mouchoirs et gagner un peu sa vie, il faut en vendre des paquets justement. Ca doit pas être funky tous les jours.
Ca y est, Monfalcone en approche. C’est un nouveau départ. Je suis tout seul, et je me lance dans la traversée des balkans. ca me faisait un peu peur quand j’y pensais en organisant le trip, et voila que je suis à la porte d’une des plus grandes aventures de ma vie. Je ne suis pas au top ce matin, surement le fait d’être tout seul, de ne pas vraiment savoir où je vais, pourquoi je fais ça…mais j’avance.

Slovenie, vidi, vici

Slovenie, vidi, vici

 

Je discute avec 2 jeunes que je rencontre à la première station service après la frontière. L’un d’eux parle très bien anglais, il est vif et intéressant. Il me dit d’aller à Postojna, voir les grottes. En plus, aller en un jour à Ljubljana n’était pas vraiment possible. 120km, et trop de dénivelé. Le gars est marrant. Il a 20 ans, a fait des études d’informatiques, et m’explique que ça ne lui plaisait pas donc aujourd’hui il gère des chantiers de construction de maisons. A la station service, il vend des asperges sauvages aux touristes italiens qui passent, pour après se payer des bières tranquillou avec son pote. J’imagine aussi que l’activité économique dans le coin n’est pas folle.

C'est l'histoire de 3 moutons qui aimaient manger ensemble

C’est l’histoire de 3 moutons qui aimaient manger ensemble

La journée est magnifique. Il fait chaud, et la Slovénie tient ses promesses! Des montagnes, des collines, des vallées, des forêts…ça grimpe à fond par contre donc physiquement c’est pas évident. Ma sensation de flottement finit par passer et je commence à vraiment profiter de la journée. J’aime ce pays! C’est tellement vert, et la diversité des paysages se concentre dans un petit espace. Au détour d’un virage, un renard semble surpris de me voir et détale dans les sous bois. En haut d’une bonne côte, les corbeaux, énormes, se sont donnés rendez vous dans un champ. A mon arrivée, ils s’envolent et commencent à tourner dans les airs, comme des vautours dans la savane africaine au dessus d’un cadavre…Ca me fait rire au début, mais au bout de 5 minutes j’ai vraiment l’impression qu’ils me suivent. D’autres les rejoignent, et ensemble ils forment une tornade d’oiseaux de malheur au dessus de ma tête. J’exagère à peine. Je les vois finalement s’éloigner à mon grand soulagement. Imaginez s’ils avaient décidé de m’attaquer! La lutte aurait été terrible! Mais je n’étais pas encore prêt pour ça, j’ai un autre destin.
Je trouve une auberge de jeunesse providentielle à Postojna. Pas trop envie de camping sauvage ce soir. Nikel, je suis tout seul dans ma chambre. Il y a 2 autres gars dans l’auberge mais sinon personne. Enfin, personne, a part tout le gros paquet de jeunes qui vivent ici. C’est aussi un dortoir/foyer pour étudiant, et franchement ca a l’air super cool! un ancien batiment à la mode soviétique, entièrement refait, avec plein de place, un petit café, salle de sport, cantine. Douche, lessive, et skype avec mademoiselle. Dure condition de cycliste, encore une fois.
Je décide de visiter les grottes dans la matinée et de filer ensuite à Ljubljana. J’ai fait des demandes warmshowers mais pas de réponses pour le moment…on verra pour l’hebergement plus tard, il doit bien y avoir des auberges de jeunesse. Les grottes sont magnifiques! Plus de 24km de réseau souterrain. On se ballade dans un petit train pendant quelques kilomètres, on se croirait dans un film, ou dans un parc d’attraction. Des stalactites, des stalagmites partout, des salles gigantesques, des lumières. Puis tout le monde descend, et un guide nous fait visiter a pied une autre partie. Je vois et j’apprends pas mal de choses intéressantes. Les stalacti/mites se forment très lentement, pendant des milliers d’années. Les humains sont plus réactifs et le tourisme dans ces caves se développe depuis plus de 150 ans. Le train fait son apparition en 1872, et l’electricité quelques années plus tard. Les guides ne doivent pas faire visiter la cave trop longtemps, ca l’air n’y est pas sain pour les poumons. ils tournent avec le chateau qui se visitea quelques kilomètres d’ici. Il y a une salle de concert, naturelle evidemment, avec un plafond à 50 mètres de haut. Tout ça est bien beau, et bien impressionnant. J’aurai aimé visiter cette cave au début, lorsque le sol n’était pas bétonné, et sans electricité. C’est comme pour les grottes de lascaux. Sans lumière, c’est le noir total! Et visiter avec pour seule lumière sa petite lampe electrique ou sa bougie, dans un noir et un silence complet, ça doit être sacrément flippant. Le guide est sympa. Les blagues sont un peu trop attendues malheureusement et ne m’arrache qu’un maigre sourire de politesse.
C’est l’heure de rouler pour Ljubljana. Il se met à pleuvoir, sympathique.

Je ne retiens jamais le nombre de clignotements avant le déclenchement de la photo

Je ne retiens jamais le nombre de clignotements avant le déclenchement de la photo

Je reçois un message d’Andrej, un hôte warmshower qui me propose de venir chez lui ce soir! Cool, j’accepte. Enfon, c’est plutot lui qui accepte que j’aille dormir chez lui quoi. Ce forfait 3G en europe avec free a du bon, celui d’être connecté quand je veux et presqu’ou je veux. Je planifie donc moins, et vis plus dans l’instantané. Trop peut être?
J’arrive trempé à Ljublana, où Andrej m’attend. La route a été belle néanmoins, je le répète, la Slovénie est magnifique, et cette ville ne me décevra pas. Je ne suis pas rassuré, car je ne sais pas qui est Andrej, il s’est inscrit il y a quelques jours , et j’arrive dans un quartier avec des barres d’immeuble, sous la pluie, à la nuit tombante. Je m’imagine tout un tas de situations incroyables où Andrej est en fait un criminel, qui va me sequestrer, me rançonner, et que sais-je encore? Je le vois enfin, nous nous serrons la main, et prenons l’ascenceur direction le 6eme étage, avec tous mes bagages et mon vélo. Nous entrons dans l’appartement. La déco est quasiment inexistante, je me stresse un peu plus. Dans son salon, un trepied, avec un appareil photo vissé dessus. Serais-ce un psychopathe? Les murs sont blancs, le salon presque vide à part un canapé, une télé et un étendoir à linge…ok, je décide de passer outre tout cela, et prend ma douche. Déjà ça fait du bien, et puis ensuite, il prépare à manger. Des pommes de terre au four, avec des ailes de poulet. Une bonne grosse quantité. Il me propose un thé ramené d’inde par une copine, puis un verre de jagermeister…on discute et au final, le dude est juste ultra cool. Haha, c’est normal de ne pas être complètement détendu comme cela, avec un parfait inconnu, mais en y repensant ça me fait rire.

Nous nous mettons à discuter, et voila un 2eme verre de jagermeister au citron qui part. C’est bon ce truc. On se goinfre de poulet, j’ai les doigts gras comme un cochon. Il me propose d’aller boire des bieres avec des potes à lui, et j’accepte. Ses potes sont super sympas. 2 de ses amies parlent français. L’une en tant que traductrice et l’autre parce qu’elle bosse pour Leclerc. Elles ont passé 1 an en échange à Toulon et ont bien aimé, même si elles ne sont pas fan de rugby. Andrej décide de me montrer un de leurs endroits favoris, un squat qui s’est transformé en un ensemble de bar alternatifs bien sympa. Grosse musique, bières pas chères, honnête. On discute et je rencontre Sega, un très bon pote d’Andrej, vieux compagnon d’aventure. On discute un peu du communisme, mais il se fait tard, et je ne saurai retranscrire entièrement la discussion, ce qui d’ailleurs, avouez! vous arrange bien.
On se couche vers 5h, avec le sentiment d’avoir passé une super soirée!

Samedi 10 avril : Ljubljana

Reveil tardif suite à cette belle soirée. On prend notre petit dej et partons découvrir la ville.
Nous discutons beaucoup avec Andrej qui est un gars vraiment très sympa et détendu. Nous parlons des prototypes de GPS pour vélo qu’il a tenté de faire. Un concept auquel j’avais un peu pensé, sans aller bien loin. De son côté lorsqu’il pense à quelque chose, il tente l’aventure. Et il est un peu geek sur les bords, il adore l’electronique. Il avait donc acheté des transmetteurs GPS, GSM, en plusieurs exemplaires, de plusieurs fournisseurs…Le projet n’est pas encore bien avancé pour le moment. Ca prend énormément de temps. Et il y a pas mal de contraintes techniques. Mais c’est le genre de trucs qui me parlent! Je me vois déjà monter ma startup la dedans. Trêve de plaisanteries, il m’a aussi montré le site internet qu’il a créé et qui permet de faire une recherche sur tous les sites d’occasions européens du type « le bon coin », a la suite du vol de son vélo préféré, il me montre les caméras spéciales qu’il a acheté pour sécuriser sa cave, les paquets d’electronique qu’il a dans son armoire…le dude aime ça! Mais il aime également la nature et me raconte qu’il a un kayak et que parfois le week end ou après le boulot, il foncait avec son pote sega dormir dans les bois en hamac, ou encore qu’il a un nouveau moutain bike pour aller taquiner les collines aux alentours…

On va faire quelque chose de révolutionnaire

On va faire quelque chose de révolutionnaire

Nous nous balladons dans la vieille ville, montons au chateau, discutons du communisme et du fait que c’etait différents en Yougoslavie vis à vis de l’URSS, car ses parents ont vécu sous tito, nous discutons de sa famille, son père qui, un des pionniers de l’informatique en yougoslavie, avait ramené un ordinateur caché dans une portière de voiture, nous buvons un café, puis mangeons un burger à la burgerfest. Il me propose de rentrer nous reposer mais je préfère continuer à voir la ville, et au final, il reste avec moi et veut me montrer un endroit spécial, le ROG.
Nous entrons maintenant dans un nouvel univers. L’ancienne usine de vélo yougoslave, ROG, fait 7000m2. C’est un chiffre qui ne m’évoquerait rien si je n’y étais pas allé. Mais j’y suis allé et du coup je vois ce que ça fait. C’est grand! C’est grand et tout est un peu en freestyle, comme à Christiana, à Copenhague, ou le Tacheles, à Berlin (aujourd’hui fermé semble-t-il). C’est un batiment occupé aujourd’hui par des artistes, mais aussi par des skateurs, avec 1 assez gros skatepark intérieur au rez de chaussée et 2 autres endroits, comme une rampe au 3eme étage, donc la partie haute n’est pas loin de toucher le toit. Un joyeux bordel, ou peut être parfois un lugubre bordel, surtout quand il fait gris, qu’il pleut, et qu’on se retrouve dans un décor reproduisant le chateau de dracula. Le gars responsable de cet oeuvre de génie a parait-il un peu abandonné le projet. Tout est en cartons, sauf peut etre les escaliers, et rien de parait solide. C’est complètement irréel. On rencontre un artiste espagnol au 3eme étage, qui est la depuis quelques mois, et vient dessiner avec un autre gars ici, au ROG. Il expose des dessins au centre ville, et bosse dans un musée, voire donne quelques cours de graphisme à l’occasion. Personne n’habite vraiment dans le batiment, sauf notre guide qui y habite occasionnellement, lorsqu’il est à Ljubljana. Le gars doit avait une grosse trentaine. Le visage fin, éclairé parfois par un petit sourire, nous avons affaire à un mystique, poète à ses heures perdues. Le batiment étant fermé, il nous a ouvert, et après nous avoir montré sa chambre, lieu initialement de méditation de groupe, et nous avoir expliqué qu’ici il fait plus chaud parce qu’il y a des bonnes énergies, puis nous avoir expliqué qu’en fait il fait super froid l’hiver, et que les murs épais gardent aussi bien le froid que la fenêtre cassé le laisse passer, il nous fait visiter le lieu, tranquillement.

Le ptit terrain de foot du ROG

Le ptit terrain de foot du ROG

Dernier étage, petite rampe tranquille pour skateurs nerveux

Dernier étage, petite rampe tranquille pour skateurs nerveux

Nous dévouvrons un petit terrain de foot, des tas de vélo partout, des objets hétéroclites, une vieille voiture soviétique, la trabent, un boxeur mal aimable, un jeune dans la salle de breakdance à l’allure cool, serein, la chambre, fermée, d’un poète galactique qui a vécu ici avant de devenir schysophrène. Nous en apprenons plus sur le plasma, qui, guidé par une invention d’un savant iranien, permettrai de créer des habits, de la nourriture, de l’electricité…Pour 700€ on devrait pouvoir se procurer cette machine. Nous en apprenons plus sur le trou noir de la méditation, l’enfant au paradis qui guide les parents, et qui descend marche par marche dans ce trou noir, et auquel nous devons éviter la corruption de la société moderne…Bref, je ne saurai vous en dire plus sur ces sujets là, ça dépasse quelque peu mes compétences de mec rationnel. Le gars en question a eu un enfant, qui lui a été enlevé, surement par les services sociaux. Il n’a pas l’air méchant du tout, mais il vit sur une autre planète, et sa réalité est loin de la notre. Il prend quand meme le temps de nous montrer une grande partie du batiment, et nous en sortons presque 2 heures plus tard, la tête complètement ailleurs. Quelle étrange visite! Je m’en souviendrai longtemps.
Nous retournons prendre un burger, je goute à quelques bière IPA locales, très bonnes, puis nous retournons à la voiture. Une fille, plutot jolie de premier abord, interpelle Andrej. Elle est sur le perron de son appartement, de la musique des balkans, à sonorité arabe se fait entendre derrière elle. De la musique des balkans, c’est marrant. Ils discutent puis se rendent compte qu’ils ont une amie en commun. Au bout d’un moment nous montons en voiture puis rentrons. Là, Andrej m’explique que ca lui avait pris un moment mais qu’en fait il s’était souvenu que cette fille était en fait un garçon, en processus de changement de sexe. Je m’étais en fait posé la question au début, puis m’était dit que non, la ressemblance avec une fille était trop forte. C’est vraiment surprenant d’entendre une histoire comme ça, et d’avoir quelqu’un en face de soi qui, a part des sortes de brulures sur les joues, surement pour effacer la barbe, n’est pas la personne à laquelle on pense. Quelle complexité cela induit dans une vie!
Nous prenons une derniere biere dans le kino Šiška, un ancien cinéma convertis en salle de concert, bar et club. Ailes de poulet et pommes de terres grillées plus tard, nous voila définitivement rassasiés. Il me montre les pistolets qu’il a chez lui. Un P22, petite arme autrichienne, légère, avec des balles dum-dum qui ne traversent pas le corps mais rebondissent sur les obstacles. Ce sont les balles que les policiers francais ont depuis quelques temps, car malgré leur violence supérieure à des balles « full metal jacket », c’est à dire recouvertes entièrement d’acier (ou autre alliage) qui vont perforer, elles ne rebondiront pas ensuite partout, au risque de blesser d’autres personnes que la cible. Elles s’arrêteront au premier obstacle suffisament résistant comme un corps humain, et rempliront leur devoir de destruction. Le deuxième est un glock 9mm, une pure arme de gangster. C’est assez impressionant de voir de vrais pistolets comme ca, et de les tenir dans les mains. Il ne s’en sert plus du tout, car il allait autrefois faire du tir dans des centres, et souhaiterai s’en débarasser mais ca prend beaucoup de temps et il est compliqué de trouver des acheteurs (en tout cas, par voie légale!). Son grand père étant militaire gradé dans l’armée yougoslave, et son père a toujours eu des armes à la maison. il a appris à tirer étant jeune, donc pour lui ce n’est pas quelque chose de choquant.
Bref, 0 km au compteur, et pas mal de matière grasse avalée, mais une grosse journée ici à Ljubljana. Quel accueil! Ca me parait incroyable. Mais depuis le début du voyage, les surprises s’enchainent, les expériences aussi. J’apprends constamment.

J26, Dimanche 10 avril : Vers Zagreb
Nous prenons un bon petit dej, fruits, lait, muesli…Andrej m’assure que je peux même rester plus longtemps si je veux, sans problème. il est extrêmement accueillant, et comme je le disais avant, c’est un dude détendu. Mais il faut que j’avance! C’est déjà dur de quitter un endroit où l’on est aussi bien, alors si j’y restais plus longtemps…

Andrej, roi de la déco

Andrej, roi de la déco

 

Allez, ciao les amis, j’en ai déjà trop dit! Je vous avais promis plus court et plus fréquent, comme quoi on peut changer d’avis. Haters gonna hate, yo!

FREIBURG – MERANO : Les Alpes

J8, mercredi 23 mars : La forêt noire
Une matinée qui s’étire encore une fois. Surtout parce que je dois faire un peu de technique sur mon vélo: changement de l’huile dans le moyeu rohloff. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, j’ai un moyeu rohloff à l’arrière et c’est un bon truc bien stylé. 14 vitesses, 1 seule poignée pour un concentré de sensations fortes. Bref, nan c’est juste super pratique et ca demande que très peu d’entretien comme ce changement d’huile qui me prend du temps. Mais tout vient à point à qui sait mener son vélo à point.

"Il faut imaginer Sisyphe heureux" Camus

« Il faut imaginer Sisyphe heureux » Camus

Tiens, il fait froid.

Un homme prêt à tout pour parvenir à sa faim

Un homme prêt à tout pour parvenir à sa faim

On the road again, again. On est prévenu. On va grimper aujourd’hui. Belle montée là, vers le nord-est. Au début je me dis que ca va aller, en homme d’expérience je gère mon effort serein. Puis la, la pente passe dans les 10% facile, et là, je me rend compte que la première vitesse de mon rohloff c’est pas non plus la plus petite vitesse du monde, et que le vélo est lourd. Le bas du dos tire rapidement! C’est super brutal! On monte jusqu’a près de 1100 mètres…il fait assez froid la haut, et des gens font du ski de fond. Sans oublier les grosses cylindrées allemandes qui passent à donf, et qui veulent doubler quoiqu’il arrive, quitte à s’arrêter à moins d’un mètre de mon porte bagage…il a eu de la chance celui-là, si je m’aurai arrêté, je lui aurai refait le portrait.

Magique

Magique

Il neige très fort maintenant, on doit s’arreter mettre nos lunettes de soleil sinon les yeux ne peuvent plus s’ouvrir! la route monte, descend, monte…et enfin la libération, virage à droite pour Donauschingen, source du Danube.

 

Au pied des pistes

Au pied des pistes

Joyeux noël

Joyeux noël

Swagging in the snow

Swagging in the snow

Julius nous attend dans son appart au centre de cette petite ville. Nous avons acheté quelques bières comme offrande, et il en avait déjà, mais nous verrons rapidement que ce n’était pas une si mauvaise idée pour charger la mule. Julius, la grosse trentaine, est un dude fort sympathique. Raph remarquera que, tout comme lui, il peut s’avérer quelque peu avare de paroles, ce qui n’est pas mon cas. Il a préparé des boulettes de falafel que je fais frire, un poisson en barquette et quelques légumes. Nous mangeons bien! On discute, d’afrique pas mal, puiqu’il s’est marié avec une kenyane qu’il a rencontré en Uganda, à Kampala. Elle est toujours au pays, mais devrait arriver en avril. On regarde quelques parties du film Borat, un truc bien débile, avec des passages marrant tout de même, il nous joue quelques chansons à la guitare, on lui fait aussi un petit tri yann de derrière les fagots, les cordes vocales vibrent à l’unisson, les murs frissonnent de plaisir. Bref, on se met bien, puis viens le moment de se coucher, chacun son lit et les rêves seront bien gardés.

Avant l'arrivée, moment de contemplation

Avant l’arrivée, moment de contemplation

Trop talentueux sans doute

Trop talentueux sans doute

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J9 : Jeudi 24 mars
On part encore une fois bien tranquillement, vers 13h, après s’être enfilé des bretzels bien salés et préparé pas loin d’un kilo de pâtes en salade pour le déjeuner. La fameuse « pâte » du cuistot Dumont! Une main d’enfer dans un gant un peu lourd. Mais on a toujours l’estomac bien rempli et ça, yo no lo puedo negar.Et en plus on finira par tout manger. mauvaise langue.

Petite photo souvenir devant la source du danube, fleuve mythique que j’ai pu cotoyer en famille en 2008 de Vienne à Budapest. Cela dépasse l’entendement de ce pauvre Raphael, qui se contente d’actionner le déclencheur de l’appareil photo sans piper mot.

La route est douce, nous traversons des champs, et comme toute bonne piste vélo qui se respecte, nous faisons des zig zags interminables. Mais au diable la précipitation! Vive la lenteur…pendant un petit moment en tout cas.

C'est Raph qui prend la photo

C’est Raph qui prend la photo

Un zig + un zag ne fait pas une ligne droite, malheureusement

Un zig + un zag ne fait pas une ligne droite, malheureusement

Déjeuner musclé avec vue sur forêt noire. Puis nous continuons la route. Ca grimpe un peu mais rapidement ca descend. Nous descendrons presque jusqu’a Konstanz. Prop! Paysages de campagne, de petits vallons, de forêt. Ah, la nature, y a rien d’mieux.

C'est beau, non?

C’est beau, non?

Konstanz a vraiment l’air d’êter une ville agréable. Il y a des bons aménagements pour les vélos, ca fait plaisir.
David nous attend chez lui. Un joli appart, qui lui appartient à moitié avec son ex compagne. Elle vit au dessus d’ailleurs, avec leurs 2 garcons, et son nouveau mari. Situation intéressante s’il en est. On est bien dans cet appart ou les gens dessinent sur les murs de la cuisine lors de soirées « with a lot of love », avec une gameboy et supermarioland dans les toilettes, un jeu de fléchettes dans le couloir…Les portes ne sont jamais fermées comme ca les 2 enfants peuvent descendre voir leur père comme ils veulent. C’est plutot cool. David nous a préparé des pâtes, et une pure sauce aux légumes. Damned! C’est bon! Raph nous rejoint un peu plus tard, c’est en effet le jeudi saint et il doit prier pour moi.
Nous sortons ensuite dans un bar pas très loin, vraiment sympa, bonne ambiance locale et bonne bières locales évidemment. Nous rencontrons quelques uns de ses potes. Notamment un qui a monté sa petite entreprise de réparation de freins à disques. Konstanz est un bon endroit pour rider son moutain bike avec pas mal de forêts et de collines. D’ailleurs David s’y remet doucement après s’être fracturé des vertèbres dans le dos l’année dernière. Il est passé pas loin de la chaise roulante. La faute à un VTT electrique puissant qui l’a fait décoller lorsqu’il a accéleré. Il est tombé sur le dos. On lui a enlevé ses vis recemment. C’etait aussi un joueur de bike polo, et son vélo est maintenant accroché dans sa chambre. Ce sport a l’air intéressant, même si assez confidentiel.

Il aime être le plus grand

Il aime être le plus grand

On se met, encore une fois, bien, puis on rentre se coucher un peu avant eux.
J10 : vendredi 25 mars : Bonheur sous la pluie, ou Konstanz-Lindau
On visite Konstanz rapidos, puis on prend le ferry pour rejoindre Meersburg, de l’autre côté du lac. On mange une petite salade de riz/pois chiches, encore un délice. Heureusement j’ai trouvé une boulangerie sur le chemin, et contrairement à mister Dumont, je m’ai pas trop retenu et j’ai pris une ptite patisserie en dessert mon vieux! aiiiiiiight! du beurre, du sucre, a moitié crémeux…c’est bon!

J'avais mis du poivre dans ce mélange riz, pâtes, pois chiches, et c'était honnête

J’avais mis du poivre dans ce mélange riz, pâtes, pois chiches, et c’était honnête

Raph m’apprend les bases de l’échec. C’est un sujet qu’il maitrise bien, héhé. Facile mais trop tentant pour ne pas la faire. Bref, il maitrise les rouages du jeu, et je n’ai aucune chance. Le bateau arrive à quai, et heureusement nous sommes presque à égalité. Je peux donc sortir la tête haute.
Il pleut toujours.

Il pleuvra d’ailleurs jusqu’à Lindau. Et on ne verra quasiment pas le lac, la faute à des boloss qui indiquent super mal l’intinéraire. Mais on trouve une auberge de jeunesse, chère certes, mais ultra calay! On fait tout séchay, on prend un dinay avec de la puray, on se boit quelques reubiaY, et on va se couchay!

Demain Raph repart en France pour 3 jours, histoire de fêter les 90 ans de sa grand-mère ainsi que pâques en famille. Je continue donc seul, au courage!
J11 : Samedi 26 mars : Lindau-Wertach

 

Grosse journée, 80km et plus de 1200 de dénivelé positif. Je déjeune avec un panorama sur les alpes extraordinaire. On ne les voyait pas jusqu’ici. C’est assez motivant de voir ça et d’imaginer que je vais m’aventurer dedans d’ici peu. Il fait bon, le soleil brille, les côtes grimpent.

C'est beau, non?

C’est beau, non?

Sur la route, pala, palalam

Sur la route, pala, palalam

Pas le temps de m'arrêter, à mon grand regret

Pas le temps de m’arrêter, à mon grand regret

J’arrive à Wertach vers 19h30, il fait nuit noire, et il fait assez froid à 900 mètres d’altitude sans que ce soit intenable. Le plus proche camping est plein, je toque à la porte d’une maison de ferme pas loin pour savoir si je peux planter la tente dans le jardin, mais c’est un gros NEIN. Sa femme derrière demande ce qu’il se passe, et dès qu’elle comprends lâche un deuxième bon gros NEIN, très spontané. Je comprends rien à leur patois de bavarois, et je le remercie quand même, ce brave homme.
je trouve un petit chemin de randonnée pas très loin et je plante. Le sol autour est imbibé d’eau, c’est une période de fonte des neige et nous sommes dans une vallée donc toute l’eau descend. Mais il y a plein de copeaux de bois, ca atténue.

Wertach by night

Wertach by night

Je mange, et me couche, super fatigué. Je discute un peu avec Sandra quand j’entends des bruits dehors. Pas rassurant. Je décide de courageusement rester dans ma tente, et d’essayer de dormir quand même. en fait c’était probablement des souris qui couraient un peu partout. Rien de fou mais l’imagination se met à tourner très vite quand on est tout seul, pendant la nuit, dans une tente et qu’on voit pas ce qui se passe à l’extérieur.
J12 : Dimanche 27 mars : Avec vent et chateau

Guten morgen!

Guten morgen!

L'appel de la liberté.

L’appel de la liberté.

C’est pâques aujourd’hui, je vais donc tenter la messe locale. Une bonne partie des gens semblent remplir leur devoir catholique annuelle, au vu du nombre qui ne sait pas trop quand se lever ou s’assoir. Ne comprenant rien à ce qui se dit, je fais aussi partie de ces gens là.
Puis je file vers Füssen, une 40aine de bornes plus loin. J’ai un fort vent dans le dos, c’est magique. Ca aide dans les montées, mais aussi dans les descentes! incroyable! Je vais tâter du 67km/h, et encore, mon gars, j’allais monter à 70/75 easy t’as vu quand ce boloss de piéton marchait comme un escargot, j’ai du freiner, et j’ai du mal à digérer le truc mais tranquille j’ai quand même battu mon record perso. Mon tank à de la reserve!

All work and no play makes Jack a dull boy

All work and no play makes Jack a dull boy

J’arrive à füssen, je vais pouvoir laisser mes bagages dans des casiers pour aller visiter le chateau de Neuschwanstein, ou plus vulgairement, le chateau de disney. Mais avant, un petit mcdonald me permettra, à mondre frais, de m’engraisser comme il se doit. Pour info, c’est dimanche, donc c’etait le seul truc ouvert. J’entendais déjà les commentaires acerbes en écrivant cette phrase.
Les visites sont pleines avant que je puisse arriver aux guichets, du coup je vais simplement aller faire le tour du chateau, ce qui se révèle déjà bien sympa. Le chateau est effectivement très beau, très propre sur lui. La nature environnante est très belle, mélange de forêts, de falaises à pic, de roches, de cascade…

C'est vrai que c'est un bel endroit pour un chateau, même si, personnellement, je l'aurai construit en France

C’est vrai que c’est un bel endroit pour un chateau, même si, personnellement, je l’aurai construit en France

Un père et son fils me demandent le les prendre en photo. Ils viennent de caroline du nord! Je connais cet endroit! On se met à discuter et j’apprends que son fils, William Orrell, est champion du monde de cup stacking et qu’il a battu plusieurs fois les records mondiaux. Je suis impressionné mais je ne sais malheureusement pas ce qu’est le cup stacking, donc c’est marrant, on en parle un moment sans vraiment que je puisse visualiser le truc. Regardez ce que c’est, c’est super marrant, un jeu de rapidité, d’efficacité et d’adresse! Je n’arrive pas vraiment à parler au jeune, 17 ans, parce que son père répond à toutes les questions à sa place. Il a l’air plutot fier du fiston. ils sont d’ailleurs là pour un tournoi de cup stacking en Allemagne. William est parti dans le monde entier grâce à ce sport, confidentiel en France j’imagine. Il suit des cours d’université, parce que le dude doit être un peu précoce. Rencontre très symapthique!

Pour ceux qui sauraient pas qu’est ce que c’est le cup stacking, voici la vidéo. Le jeune qui joue est celui que j’ai rencontré.

Je décide de rester à Füssen pour la nuit. Il y a une auberge de jeunesse qui me convient. J’ai dans ma chambre 1 allemand qui rejoint Stuttgart en VTT, et un hongrois qui bosse à Bâle comme architecte et qui avait juste envie de se taper un petit trip en Allemagne. Les dudes sont bien cool. On discute un peu. Lors du diner, je me fais inviter par une famille de francais qui habitent en Allemagne depuis 4 ans. Ils avaient envie d’étranger, de parler d’autres langues. Elle a trouvé un boulot comme ingénieur à St gobain, et lui est prof de math il me semble, mais n’a pas encore trouvé un truc particulièrement fixe. Il donne des cours particuliers aux gosses, et est prof de shiatsu, si j’ai bonne mémoire! Leurs 2 enfants sont bilingues francais allemand, et parlent d’ailleurs mieux que leurs parents! J’aime bien cet état d’esprit, je trouve super sympa, a la fois pour les parents, mais aussi les enfants, de découvrir un nouveau pays, et de maitriser une 2e langue.

J13 : Fussen-Imst

Je me lève serein, le soleil brille et par le fenêtre je vois les sommets enneigés des alpes. La journée sera belle. gros gros gros petit dej, puis je « file ». Enfin « filer » selon charles thiolon c’est partir 1 heure après les autres quoi.

Je roule à 2km/h pour la photo, mais on dirait que je vais plus vite non?

Je roule à 2km/h pour la photo, mais on dirait que je vais plus vite non?

Je vais plein sud et ne tarde pas à franchir la frontière avec l’Autriche. Et un nouveau pays, un! Ca commence à monter symapthiquement. Aujourd’hui, il y a un col à passer, le Fernpass, à 1210 mètres. Je grimpe, je grimpe et suis sur une route extrêmement passante. Je compte 1 voiture toutes les 2 secondes, et je commence à enrager.

J’ai raté la piste cyclable à la sortie de la ville, malgré des capacités d’orientation extraordinaire. No comprendo. Cette piste suit la grosse route mais de l’autre côté d’une petite riviere, impossible de passer jusqu’à ce petit chemin de rando qui me permet de faire une descente en mode VTT. J’ai peur de la crevaison mais ca passe. La belle surprise c’est qu’en fait ce chemin est toujours partiellement enneigé. héhé. Bien entendu, c’est normal après tout. Je tente le passage en force…bon je me trouverai un vélo plus léger la prochaine fois.

Bref, ca passe à pied et je tombe sur un pont suspendu de l’espace. énorme !

Les gens dans le ciel

Les gens dans le ciel

J’hésite pas, je pose mon bike et je grimpe. J’ai finalement plus eu peur avant d’être sur le pont que pendant la traversée, même si celui ci bouge pas mal. Mais ca valait le coup.

I'm high

I’m high

Je continue ma route, Rapha doit arriver à Imst ce soir en meme temps que moi, pas de temps à perdre. Un bon passage neigeux encore une fois. Une galère de plus de 100 mètres et je comprends que le chemin vélo est recouvert entièrement. Le trafic n’a pas ralenti, c’est la folie. Je pense qu’il y a soit des départs, soit des retours en vacances.

Lorsque Juppé rencontre Pompidu

Lorsque Juppé rencontre Pompidu

Mon cerveau tourne plus vite que mes jambes. Je roule, puis s’ouvre une piste vélo asphalté et je m’enflamme un moment, avant de tomber sur 200 mètres de neige. Je prends de la vitesse et j’arrive presque à tout passé parce que c’est glacé. Mais bon, je dois finalement remettre mes chaussures dans le froid et pousser mon p*£¤^¨^^#² de vélo dont la roue avant glisse sur le côté et dont les pédales viennent m’éclater les tibias. bref, c’est reparti pour la route. Dej et sieste au soleil sur le béton devant un garage et voila le col qui s’offre à moi.

Pour pâques, les allemands colorent les oeufs, et la peinture traverse parfois la coquille.

Pour pâques, les allemands colorent les oeufs, et la peinture traverse parfois la coquille.

Je suis 1m80 au dessus du col

Je suis 1m80 au dessus du col

Enorme descente à plus de 50km/h, puis je retrouve une vallée beaucoup plus douce que celle que je viens de quitter. Plus de neige ici. Des chemins forestiers splendides par contre. J’arrive tranquillement à Imst et attend le gros raph au camping. Après 2 heures d’essais, et de tests infructueux, ce génie arrive à réparer la pompe du réchaud et nous pouvons enfin manger avant qu’il ne me mette une grosse raclée aux échecs. Pour le coup ce n’est pas la tête haute que je sors, mais le couteau et je lui plante dans le dos.

J14: Mardi 29 mars
En route pour l’aventure. Nous ne savons pas trop où nous arrêter, mais nous irons le plus loin possible, avec courage et altruisme. Une journée qu’elle est belle! Du vent un peu contre mais des montagnes mon ami, des sommets, des forêts, un supermarché providentiel…Nous dépassons les 1000 bornes!

Mad dogs on fire

Mad dogs on fire

Gros dej, on est posé près d’un petit lac, sur le ponton.

Seulement 75cl? Cette bouteille aurait du s'appeler "empty lake!"

Seulement 75cl? Cette bouteille aurait du s’appeler « empty lake! »

C'est un chiffre à selfie

C’est un chiffre à selfie

Passage éclair en petit Suisse, et on décide de tenter de monter jusqu’à la passe à plus de 1500 mètres. Il est déjà au moins 18h, mais le gros raph est chaud et je décide de le suivre. On se dit même qu’on pourrait pédaler de nuit pour pousser plus loin. En fait, ce qu’il ne veut pas dire c’est qu’il flippe pour la nuit sous tente. Avec son pauvre duver dcath, je le comprends. Il a pas voulu s’acheter un haut en laine mérino alors moi je ne peux plus rien pour lui vous comprenez, il veut pas écouter mes conseils de dude bien placé.

Upzz!

Upzz!

Just chillin' braa

Just chillin’ braa

on grimpe bien vénère, et on arrive à la ville 15km avant la passe. On discute avec un dude ultra enthousiasmé par notre projet, et un ultra enthousiaste de la vie en général je pense. Il a un chien dans le coffre de sa voiture. Alors que je m’approche de lui, celui ci me saute dessus et mords dans mes petites fesses pourtant pas si grasses. Bon, il ne mord pas vraiment mais déchire mon beau short. Moment de stupéfaction pour moi, les chiens peuvent être un peu méchantsLe mec m’explique qu’il s’en occupe parce qu’il a été maltraité dans sa jeunesse. C’est un chien probablement de la SPA. j’aurai du lui demander avant de me laisser porter par mon amour canin inconditionnel!
On nous indique un camping un peu plus loin et on décide de s’y arrêter. J’ai pas très envie de continuer, il y a des poids lourds qui passent régulièrement, il fait froid et je trouve dommage de pousser juste pour pousser, et de ne pas voir la passe. En plus il reste bien 50km avant de redescendre sous les 1000 mètres pour planter la tente au chaud.

Au camping, alors que le gars nous indique l’endroit où planter la tente, raph prend sa voix de victime au bout du rouleau et explique qu’on a pas des duvets chauds et est-ce qu’on pourrait dormir à l’intérieur dans la salle à manger par exemple parce que vous comprenez sinon on va se congeler les roustons et ca serait dommage pour notre future famille et j’ai envie de vivre, je veux pas mourir ce soir!!! bref, moment de sympathie et avec la gardienne, ils nous disent qu’on peut dormir dans la salle du sauna! Prop! Donc on est calé au chaud, avec toilettes et douche à dispo.Merci Raph, bien ouèj. Bon, moi j’aurai bien dormi mais bon…ca valait le coup! haha. Gros riz/pesto/thon/fromage. On dort.

Nous sommes dans la place

Nous sommes dans la place

J15 : Descente de mes dos
il y a 2 semaines, nous partions de Paris. Le temps passe bite. Nous grimpons jusqu’à la fameuse passe avant de prendre un lourd petit dej à la supérette du coin. nous sommes en Italie mes amis! L’italie! Il fait frisquet mais je m’attendais à moins.

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Le vent par contre, le vent mes amis! satané vent qui souffle, et on sait bien d’où il vient, et on sait bien où il va ce fieffé coquin! il me vient en pleine face ce bel *¤£$#!?. Nous passons un magnifique lac. C’est dommage il est gelé, il est même congelé. Mais ne nous attardons pas la dessus.

La nature nous aime et nous le fais savoir

La nature nous aime et nous le fais savoir

 

Ca roule, et on se met à descendre. Après une descente bien rude, et donc rapide, ca s’aplanit tranquillement, mais toujours en descente hein! Vous m’expliquerez donc pourquoi on doit pédaler au moins aussi fort que sur du plat???? L’envie de crier ma rage et ma colère cède la place à un abattement de circonstance. Pourquoi? Pourquoi aujourd’hui? Un des rares jours de tout le trip ou nous allons descendre de 1550 mètres à 200 mètres en 1 longue journée. Je me régalais de cette journée depuis des mois! Mon coeur bondissait en entendant les mots « descente vers Merano »! J’ai donc décidé d’écrire un poème pour conjurer le mauvais sort.

ô joie, ô espoir, ô descente amie,
que m’a tu laissé tomber, comme une chaussette pourrie,
que ne m’a-tu pas porté, tel un beau colibri,
vers l’au dela et l’infini, à 25km/h de moyenne,
je t’aurai remercié, sans avoir la haine,
mais le mal est fait, et le vent contre nous,
Nous a tous les 2 coiffé, d’un terrible joug,
tremble, ô descente ennemie,
et sache que je ne te porte plus dans mon coeur,
tu as trop causé de malheurs,
enfin, si je venais à te recroiser, on pourra en rediscuter.

Malgré cette infortune, nous continuons notre chemin, fendant le vent, chefeux dans le fent. Aie, un ptit vin local, pas si mal. Avec du jambon cru à la coupe, du fromage frais, quelques olives, et une petite sieste. Nous arrivons vers Merano vers 19h. Raph commence à avoir des problèmes de pédale, la vis se dévisse constamment. A surveiller! Heureusement qu’il n’a pas la clef pour serrer.

Un ptit tour de clef et ça repart

Un ptit tour de clef et ça repart

On plante dans un petit coin, on est les seuls campeurs, entourés d’allemands avec des campings car. Petite bière et pizza en ville. C’est joli.

Süd tyrol, le pays des pommes

Süd tyrol, le pays des pommes

Ciao, a tutti les amis! Je vais tenter de publier plus souvent, et un peu moins long…

PARIS – FREIBURG

jour 1, mercredi 16 mars : Le voyage que voila
Courte nuit habituelle avant les grands départs. Sauf que c’est probablement là mon plus grand départ. Pas loin de 6 mois devant moi. Je dors tout de meme 3 heures qui ont le mérite d’exister.
Petit dej sur la place notre dame, le point 0 de Paris. C’est d’ici qu’on calcule les distances de la capitale jusqu’aux villes de France. Je ne sais pas vraiment où je vais mais je serais parti du point 0 de Paris. Le voyage que voilà s’annonce bien organisé!

7h30 : la brioche est attaquée de toutes parts

7h30 : la brioche est attaquée de toutes parts

8h30 : une ambiance de franche camaraderie devant la cathédrale

8h30 : une ambiance de franche camaraderie devant la cathédrale

Petit passage a la pharmacie pour compléter ma trousse de secours, petit passage chez raph pour récupérer 3 bricoles et on file vers le sud est. Un peu de nature dans Vincennes puis c’est la ville, l’urbaine, la bétonnée. On roule une bonne 40aine de km avant de sortir de tout ce béton gris, mais le trafic ne s’arrête pas pour autant. On évite la nationale, mais les départementales sont tout de même passantes. Autant dire que c’est pas que du fun. Pause dans une boulangerie. On a les yeux plus gros que le ventre, on prend 3 pizzas pour 2, et on ne finit pas tout. Ca nous fera un apéro ce soir. Petite sieste à l’improviste sur nos sièges. Il est facile de se laisser aller. On a la flemme de se remettre en selle, mais back on the road again.
On finit par se retrouver enfin à la campagne, la vraie, la cultivée, la fermière. On est encore dans la région île de France, en seine et marne. Il est 18h, le vent souffle fortement et plutot contre nous, quelques gouttes viennent nous chatouiller désagréablement le visage, les paysages sont gris, quelques touffes d’arbres viennent combler les forêts englouties par l’agriculture, et, comment dire, ca fait un peu chier tout ça. Le beau soleil de ce matin a bel et bien disparu. Nous allons nous poser dans un petit bois en bordure de route lorsque je m’aperçois que je n’ai ni allumettes, ni briquet. D’ou me vient cet éclair de génie? Bref, nous poussons quelques kilomètres plus loin jusqu’à la croix en brie et achetons un briquet. Puis poussons encore un peu plus loin avant de trouver un petit bois qui accueuillera le camp de ce soir. Nous avons roulé 93km aujourd’hui, dont un peu moins de 15 dans Paris intra muros!
Je prends le temps de lire les instructions pour mon réchaud, qui, fonctionnant à l’essence, ne me rassure pas trop. quelques grosses flammes plus loin, j’arrive à lancer la bête. L’eau bout rapidement et voila le couscous prêt. Délice divin! Nous nous couchons rapidement, tous les 2 épuisés par une nuit plus brève que le jour.

 

J2, Jeudi 17 mars : A l’ombre des centrales et des silos

9h, le gros Raph finit enfin par se réveiller! Nous avons passé une nuit extraordinaire de plus de 10h. Pas loin de 12h pour lui. Bref, on avait besoin de sommeil et nous voila comblés.

Fierté assumée devant notre maison de toile

Fierté assumée devant notre maison de toile

Le ciel est bleu, le soleil brille. Mais il fait froid tout de même. Petit dej à base de fruits secs, on plie la tente et en route. On s’arrête rapidement dans un café. Pain au chocolat et café. Sereins. Notre première destinations est Provins, ville classé au patrimoine mondial de l’humanité. C’est vraiment beau en effet. Beaucoup de vieux batiments, une belle histoire, forgée notamment au XII et XIII siècle par les foires de champagnes et l’explosion du commerce avec l’europe.

Provins en background, Provider en frontground

Provins en background, Provider en frontground

Nous prenons notre temps, nous regardons. Passage chez decath pour gonfler les pneus et prendre une gourde, passage chez leclerc pour préparer le dej et on file manger en dehors de la ville dans un petit vallon qui nous offre une vue splendide.

La fabrique de nuages tourne à plein régime

La fabrique de nuages tourne à plein régime

On a fait 30km depuis ce matin, autant dire qu’on est à la cool. On ne lève le camp qu’a 16h, car on est bien obligés pour notre ego de rouler plus que 30 bornes aujourd’hui! Le reste de la journée est effectivement efficace et on finit sur un beau 77 km. le soleil se couche au milieu des éoliennes dans une splendide profusion de rose.

Plus puissants que les éoliennes

Plus puissants que les éoliennes

Nous trouvons un petit bois encore pas loin de la route et plantons la tente. Il fait plus humide et assez froid mais le réchaud est vite lancé. Mélange gourmand de chez carrefour accompagné de ratatouille. Yaourt aux fruits et nous voila au lit. Je dois dire que rien que pour ça le voyage à vélo ca vaut le coup. Tous les soirs on est au lit à 22h grand max et surtout, on a envie de s’y mettre dans ce lit. Raph se met à ronfler sans préavis, comme hier soir, et je tarde un peu à trouver le sommeil, mais tout est bien qui finit quand même relativement bien.
J3, Vendredi 18 mars : l’appel des éoliennes
Encore du beau temps qui s’annonce avec une belle lumière dans la forêt. Surtout, on a de la brioche et du chocolat crunch ce matin donc voila une bonne motivation pour quitter ce duvet si confortable et si chaud.

Raph frais, Raph du matin...

Raph frais, Raph du matin…

On est chanceux, le temps est encore magnifique. Les éoliennes se dressent dans les champs, tournant au ralenti car le vent est heureusement trop faible. Ne me méprenez pas, je suis pour les énergies renouvelables, hein. D’ailleurs je charge mes appareils electronique avec la dynamo dans le moyeu avant de mon vélo donc franchement je suis un mec bien. On est présentement à Arcis sur Aube. Joli petit bourg, avec son petit marché, son petit supermarché, et sa piscine. Raph nage ses longueurs pendant que j’en écris, posé sur la pelouse fraiche sentant le printemps…

Les géants de la région

Les géants de la région

Nous reprenons la route, pour aller manger plus loin, à côté de l’Aube. On dépasse un homme qui a une tête de roman, sur son vieux vélo un peu rouillé. Radis, salade, brie, pain de campagne tranché, oranges…c’est sympathique. Il fait super beau, l’eau coule sous le pont et forme des tourbillons. On se retrouve un peu dans le même scénario qu’hier, il est pas loin de 16h quand on se remet en route. Mais que la vie est douce à la campagne! Nous roulons bien. Nous croisons le chemin des églises à pans de bois. A Lentilles l’église du XVIe est éclairée par le soleil qui tombe à l’horizon. la lumière est splendide, nous prenons un petit moment pour l’admirer. Ce lieu incite au calme.

Lumières dans l'église

Lumières dans l’église

Nous continuons jusqu’a Puellemontier, l’église est fermée cette fois-ci. Le soleil se couche derrière nous, et on a l’impression qu’il grossit au fur et à mesure qu’il disparait derrière l’horizon. En le laissant derrière nous, nous avons au moins la certitude que nous allons vers l’est. C’est une bonne nouvelle.
quelques courses à Montiers sur Der puis nous continuons à rouler, la nuit tombant nous essayons de faire vite. Le premier chemin fera l’affaire et nous plantons la tente derrière un gros tas de troncs d’arbres, derniers témoins d’une forêt aujourd’hui dévastée par la frénésie humaine de destruction. Le ciel est dégagé, la soirée est belle. La bouteille de pinot noir passe toute seule et nous offre une douceur gourmande qui accompagne à merveille le riz. Nous mangeons comme 4 puis nous écrasons sur nos matelas. 255km au compteur. Que se passera-t-il demain?

J4, Samedi 19 mars : Aube de glace
Réveil froid. petit dej dans la tente. humidité. herbe glacée. en route. brouillard. on avance. Mal au genoux. la douleur genoux droit s’est deplacée vers le gauche…c’est ennuyant.

Mélancolie d'un matin glacé

Mélancolie d’un matin glacé

dans la petite supérette, on rencontre 2 gars qui preparent l »itineraire de leur futur trip vélo en champagne, en vélo couché. Ils nous vantent le confort de ce type de vélo. Après tout, pourquoi pas? On verra plus tard…

Pureté et bravoure incarnées

Pureté et bravoure incarnées

On mange dans un petit bar qques km plus loin. la patronne est très sympa. on prend une pinte et on pique nique a l’intérieur. La télé est forte. Le journal télé parle d’un violeur d’enfant. « Ces gars la il faut les tuer » dit-elle. « Mais encore faudrait-il être bien sûr que ce sont eux » glisse Raph « Oui, mais avec l’adn aujourd’hui…c’est extraordinaire ça ». Ca fait 27 ans qu’elle tient ce restau bar. Peu de fréquentation. « Les jeunes aujourd’hui jouent aux jeux vidéo ». Elle est résignée mais pas frustrée, ni enervée. « Le bar est mal placé, on est juste dans la rue parallèle à la rue principale. » Ils n’ont pas mis de panneau sur la route principale, dont ils sont éloignés de 50 mètres. Je me demande comment elle gagne sa vie. Peut etre qu’avec son mari ils font aussi d’autres choses. Un épisode d’une série policière américaine s’enchaine. Surprise, une histoire de meurtre. Mêlée avec des histoires de domination et de viols. Sympathique. Des pubs se glissent partout, les serviettes hygiéniques, les voitures, le dentifrice, les maisons pour 70000€ avec un prêt à taux 0…bref, je suis absorbé par l’écran que je regarde au travers d’un miroir puisque la télé est dans mon dos. Une fois notre repas terminé, nous la remercions et sortons. Le soleil apparait derrière le brouillard qui se lève partiellement. Ô joie!

Lumière dorée pour collines en champ majeur

Lumière dorée pour collines en champ majeur

Nous roulons bien, et finissons un peu avant sommerécourt, dans un champ, à planter la tente alors que la nuit n’est pas encore tombée. 340km au compteur….

J5, Dimanche 20 mars : Heureuse rencontre
Reveil doux, rayons de soleil sur la tente. il fait pas chaud, mais le soleil est efficace. Le duvet est bien mouillé. J’ai tenté cette nuit de mettre une couverture de survie au dessus de mon celui-ci pour empêcher l’humidité de le mouiller, mais en fait l’humidité vient du duvet, et de la chaleur qu’on dégage au travers. donc c’est pire, la couverture empêche que l’humidité s’évapore. expérience, quand tu nous tiens.

Encore lui

Encore lui

La journée est belle. Nous roulons 2 heures, puis Raph part devant pour essayer d’assister à la messe des rameaux à Vittel. Le pauvre est brocouille comme dit on dans le bouchonois. Je l’y rejoins 1 heures après, tranquillement.

Douce France

Douce France

Courses en supermarché puis on se pose dans un parc. Le soleil brille toujours, même si le vent est frais. Je prends quelques nouvelles de la famille, la ptite marthi a encore marqué pleins de buts, greg est au ski, louise a une entorse…tout va bien. C’est sympa d’avoir de leurs nouvelles. Les 5 derniers jours n’ont pas été coupés du monde mais rouler toute la journée et dormir dans la foret le soir, ca change. Sandra est bien arrivée en Argentine, elle découvre cette ville gigantesque petit à petit. On est loin l’un de l’autre, et c’est pas toujours facile de communiquer surtout lorsqu’il n’y a pas de 3G…Damned! Mais on a pris le pari de se retrouver en aout, et on fera tout pour ne pas perdre ce lien d’ici là. Ca semble largement possible.

Hôtel abandonné à Vittel. Un batime,nt à donner l'envie d'écrire des romans.

Hôtel abandonné à Vittel. Un batiment à donner l’envie d’écrire des romans.

Usine abandonnée avant Epinal

Usine abandonnée avant Epinal

Une dame, en passant, me questionne sur notre voyage. Je lui explique notre itinéraire, ce qu’on fait. Monique a un petit fils qui voyage beaucoup aussi. Après 1 an en Australie, il part 1 an au Pérou. Son frère est au québec. Elle a plus de 70 ans, habite a Vittel depuis 3 ans pour être plus proche de ses 2 enfants. Divorcée depuis un moment, elle vit seule dans un joli appartement qui donne sur le parc. J’en profite pour remplir nos bouteilles d’eau chez elle, et nettoyer au produit vaisselle nos gamelles et couverts. Elle est très sympa, et j’apprécie la discussion et la rencontre. C’est simple. Le vélo est super pour ça, rencontrer des gens de manière simple. La conversation s’engage rapidement autour du voyage, ses raisons, des détails sur les endroits où l’on dort, ce qu’on mange…puis je pose des questions en retour et j’en apprends un peu sur leur histoire. L’autre jour, c’etait un homme qui nous montrait le robinet du cimetierre pour remplir nos gourdes, et nous avait désigné une grange qui tombait en partie en ruine. C’etait sa ferme, mais maintenant « c’est le frangin qui a repris ». Il est trop vieux. J’aime ces rencontres, parfois courtes, parfois plus longues.
Ce soir nous arrivons à Epinal, et c’est une rencontre qui donnera un nouveau visage au voyage. Nous avons contacté Jean via le site warmshowers, un site de cyclistes qui s’hebergent les uns les autres. On l’appelle vers 15h, on lui laisse un message, et il nous rappelle dans la foulée. « Amis cyclistes, bonjour! » lance-t-il a raph. On sent déjà qu’on est bien tombé. En gros, pas de problèmes, il nous reçoit ce soir, il nous fait à manger, on s’occupe de rien. On est déjà un peu sous le choc, et on trace les 40km qui nous séparent d’épinal.
(Raph prend la main)
Pour moi, c’est un peu plus de 40 kms car j’ai oublié mes gants à la sortie de Vittel et je mets 20 min à m’en apercevoir. Bibi fait donc un petit aller-retour de 10 kms et 2-3 montées pour pouvoir continuer à protéger ses petites menottes. Mine de rien, on passe pas mal de temps avec nos vêtements et notre équipement, et on finit par s’y attacher. Quand j’ai vu que j’avais oublié mes gants, c’est bête à dire, mais j’avais les larmes aux yeux en pensant les avoir perdus. Quelle ne fut pas ma joie en les retrouvant dans le bas-côté de la route !!
Après de chaudes effusions, nous repartons à la poursuite de notre ami Charlox, qui nous a mis une demi-heure dans la vue. La poursuite s’annonce difficile, d’autant plus que je n’ai pas la carte et que Charles m’envoye de fausses indications pour que je prenne des détours !! Le chacal ! Elle est belle l’amitié cyclo-sportive ! Je finis finalement par le rattraper 5 kms avant Epinal.
Epinal, on en voit pas grand chose car on est tout de suite accueilli par Jean Welter, un grand gaillard alsacien. On monte dans son appart’ au 4e étage d’un immeuble du centre ville. C’est immense, y’a des vélos et des cartes partout, ça sent bon, il fait chaud, on se sent tout de suite bien !
Jean nous a préparé un repas royal : apéro qui va bien, bières allemandes et alsaciennes, mega pizza avec pâte faite maison, mousse au chocolat, compotes maison ! On sait plus où donner de la tête ! On parle pas mal de vélo, de ses projets de tour de France pour l’été (6000 kms en 2 mois et demi, il est chaud !), de ses voyages avec sa fille en tandem, et de nos différentes expériences cyclistes.
Bref, on passe une super bonne soirée avec lui, et c’est une première expérience Warmashowers vraiment chaleureuse ! Il nous fait même une lessive. On sait pas trop comment le remercier, on finit par s’endormir tranquillement dans la chambre qu’il a mis à notre disposition.

Jean, nous et Babar

Jean, nous et Babar

J6, Lundi 21 mars : Chateau en Alsace
Nous prenons le train à 7h30 direction Saint dié des Vosges. Peu de monde à bord à part quelques groupes de jeunes, type collégiens, sauf qu’ils sont habillés avec des habits de garde. Un gros « Sécurité »est écrit dans leur dos, ils ont des blousons noirs, des paires de gants en cuir noir accrochés au pantalon et des chaussures type rangers noires. C’est très étrange, pour les connaisseurs d’Harry Potter, on dirait des serpentards francais. Mais ce sont des jeunes comme les autres et la niaiserie du petit couple assis dans, notre dos nous le rappelle, parfois brutalement.
Nous prenons la route, direction Sainte marie.

Vu en France

Vu en France

Nous passons notre premier col à 770 mètres. Une jolie montée. Le soleil est plus ou moins au rendez-vous, et la neige apparait vers les sommets ce qui donne une très belle composition.

Sommet de prendre une photo

Sommet de prendre une photo

Le boulanger, sympa, nous glisse un 3e pain au chocolat. Il aime faire du vélo dans plus bel endroit de la terre selon lui, qu’il ne quittera jamais. Même qu’une fois il a fait 150km! haha c’est marrant de parler avec les gens de vélo, c’est un sujet passionnant, et de passionnés. Nous montons jusqu’au chateau du haut koenigsbourg, c’est long, c’est lent, c’est une montée qui nous sépare, qui nous laisse à part…bref, on y arrive et on mange comme des gitans, sur le parking, bravant bravement l’interdit supposé d’utiliser son réchaud sur le parking.

Bon ap'

Bon ap’

C’est stylé cet endroit, rénové par les allemands, récupéré par les français. Habile. On visite, on a froid puis on file vers biesheim, chez mes cousins issus de germain, pas loin de colmars.

Les Vosges se révèlent à nous

Les Vosges se révèlent à nous

On est encore accueillis comme des rois. Le riesling tiens moins longtemps que la conversation, plutôt bon signe ça. C’est très sympa de revoir celui qui, étant plus jeune, nous emmenait en bmw z3 au futuroscope!

j7, mardi 22 mars : A la frontière
La matinée passe, paresseusement. On prépare l’itinéraire, puis je skype avec Sandra, et finalement, mon cousin Edmond reviens à midi pour manger et m’invite à partager leur repas avant de se mettre en route. j’accepte.Nous partons enfin pour Freibourg où Christian et Olga, contactés via warmshowers, nous attendent. En route nous croisons le Rhin, puis la jolie ville de vieux-brisach. C’est très bon de passer cette frontière et d’être à l’étranger. Ca donne tout de suite un sentiment différent, et ca lance le voyage dans une autre dimension! Nous demandons notre route à un gars qui passe. A la ville suivante, il nous rattrape, une carte a la main, et le visage bien rouge, c’est la carte de Freibourg! Il a poussé un gros coup de pédale pour nous filer la carte, sympa le gars. C’est un américain qui vit depuis quelques années en allemagne.

Derrière le camion, Vieux-Brisach et le Rhin

Derrière le camion, Vieux-Brisach et le Rhin

La motiv n’est pas au rendez-vous. A vrai dire, malgré l’appel de la route, c’est dur de quitter des endroits aussi confortables que la maison de mon cousin par exemple. Et puis nous n’avons pas tellement de km à faire aujourd’hui, c’est assez plat, et les pistes cyclables ne nous font pas prendre les chemins les plus courts…bref, on prend un fou rire avec raph parce qu’on a pas du tout envie de pédaler en fait. On finit tout de même par arriver à Freibourg, visiter rapidement la ville, acheter un rétroviseur de vélo, puis filer chez ce couple. Une super rencontre! Christian a du vivre autour de 10 ans sur la route, à vélo, et olga, 6 ans, depuis qu’elle est avec lui. Ils ont notamment descendu toute l’afrique, du Maroc à l’Afrique du sud pendant plus d’un an…ca pique. Grosse leçon d’humilité, on est bluffé avec raph. On discute pas mal de l’afrique du coup, entre raph qui y a passé plus de 6 mois en Namibie, Afrique du Sud et en ethiopie, et moi qui a mes 3 petits mois en Tanzanie, bien riches. Ils ont voyagé presque 2 ans avec la petit Naila, leur enfant qui a aujourd’hui 5 ans. On dort bien.

Gute Nacht!

Gute Nacht!