IRUN-OLOT – LOS PIRINEOS MAGICOS!

Gens : Papa, Louma, Rapha

Août 2015 : 700 kms, 15 000 m de dénivelé, 8 jours. Honnête.

El camino

Le premier jour, nos corps ne sont pas encore marqués par l’épreuve, la chaleur et le doute. Nous quittons l’Océan Atlantique à Irun pour nous enfoncer dans le pays basque. Ca grimpe rapidement. Tout est vert, les forêts de feuillus couvrent les flancs des montagnes. Au détour d’un vallon ou d’un clocher, nous apercevons de temps en temps une usine ou une scierie en pleine activité. La région est à la fois sauvage et industrialisée, un mélange détonnant.

Nous prenons des petites routes qui sont à peine indiquées sur la carte, et on se régale : aucune circulation, de très beaux paysages et l’impression d’être loin de tout ! Comme la journée cycliste n’avait commencé qu’à 12h30, nous pédalons jusqu’à 21h, heure à laquelle on s’installe au resto.

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A 23h30, on est bien repus mais on n’a pas d’endroit où dormir. Il y a un hôtel à 7 kms mais il faut revenir sur nos pas : c’est trop dur psychologiquement. On tente le camping sauvage mais les environs du restaurant sont assez craignos : décharge de voiture, lampadaires allumés, bref pas terrible !

Ceci-dit, il fait assez bon et on n’est pas trop fatigués : pourquoi ne pas continuer la route à la frontale ? Le seul souci, c’est que la route en question, c’est un cool avec 800 m de dénivelé ! Le défi n’en est que plus beau ! On s’élance donc à minuit et demi, avec nos loupiotes et nos gilets jaunes pour prévenir les rares voitures qui vont nous croiser. On ne voit strictement rien car les nuages ou la brume se mêlent rapidement de la partie. Nos frontales dessinent des ombres déformées dans la nuit, il est 2 heures du mat et on est en plein milieu du pays basque, c’est une montée d’anthologie !

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On se rend compte qu’on a passé le col quand la route commence à descendre. On trouve finalement un endroit où installer nos tentes sur une petite route parallèle. Au moment de fermer les yeux, on s’aperçoit qu’on est juste en face de la nationale où passent tous les camions faisant un barouf d’enfer ! Trop tard pour changer, il est 3 heures du mat’, on s’endort tant bien que mal.

Le lendemain, on commence par une baignade dans le lac pas loin d’Eugi.

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On enchaîne avec la messe à 12h. C’est assez traditionnel : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ! La messe finie, on prend la nationale qui se révèle être assez vide de circulation, tant mieux ! On traverse de jolis paysages, des plateaux à moitié cultivés, des gorges avec des falaises impressionnantes, notamment près de Aribe où l’on déjeune. A la fin de la pause déjeuner, il est déjà 17h. Vu qu’on a à moitié dormi la veille, on décide de prendre un petit raccourci qui nous fera économiser 30 kms pour parvenir à une heure décente au camping. C’est chose faite à 19h30 quand nous entrons dans la bonne ville de Ochagavia.

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Le petit matin, c’est vraiment le meilleur moment pour pédaler. Il fait encore frais, on n’est pas encore trop fatigué, la lumière et la chaleur naissante réchauffent la route d’où s’élèvent des volutes de vapeur. Les kilomètres s’enchaînent bien. Nous entrons en Aragon, le paysage et la végétation changent rapidement, ça devient plus sec, plus rocailleux et plus vertical. De Zuriza à Anso, la vallée très encaissée nous réserve une très belle descente.

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On prend un premier sandwich sur les coups de 12h30 à Anso puis un deuxième pas loin de Echo.

Au moment de nous donner les sandwichs que nous avions commandés, le barman nous glisse à l’oreille : « Il y a une petite note pour vous dans le sandwich ». Bizarre…. Je pensais ne pas avoir bien compris ce qu’il voulait me dire mais au moment de manger les sandwichs, on découvre le petit papier en question : « Appelle-moi au 07 78 45 41 25, Jésus, le cuisinier » ! Hahaha, bon fou rire ! L’un de nous avait visiblement tapé dans l’œil du cuistot du bar !!

Réflexion faite, on s’est dit que c’était sûrement le barman qui avait voulu faire une blague à son pote cuistot en mettant le petit mot. Très bon en tout cas !

On se baigne dans la rivière et on repart de plus belle car il nous reste pas mal de bornes avant Jaca. On parcourt une quarantaine de kms, on passe deux-trois petits cols, et on aperçoit notre objectif à une dizaine de kms. Ca tombe bien parce que les jambes se font lourdes ! Malheureusement, les derniers kms sont en mode montée descente tous les 200 m, ça nous achève bien. A Jaca, on s’installe au camping (avec piscine !) où nous rejoint Louma qui arrive tout droit de Paris. Il a même eu le temps de faire les courses. On se met bien !

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Le lendemain, on part sur les coups de 8h. On prend une petite route qui longe une rivière et s’élève doucement vers le col de Sarrablo à 1200m. On évite un gros orage en s’abritant dans le petit village de Laguarta. La partie qui traverse le parc naturel de la sierra de Guara est très sympa. On finit par redescendre dans la vallée et on décide de s’arrêter à Boltana. Il est 15h et il nous reste moins de 10 kms, donc on est large. On se trouve un petit bistrot où on s’installe confortablement. Les plats s’enchaînent aussi rapidement que les bouteilles. A la fin du repas, on est très très bien.

Pour peu qu’on soit entouré par des gens ayant le même sens du défi, c’est généralement le moment où l’on commet les actes les plus glorieux ou les plus stupides, c’est selon. En tout cas, c’est à ce moment-là que notre vie bascula.

Il se trouve qu’il y avait un coiffeur juste en face du resto. Il se trouve aussi que germait dans nos esprits depuis quelques temps l’idée selon laquelle, la crête de l’iroquois, c’était quand même ce qu’on peut faire de mieux en termes capillaires. Jusque-là, nous n’osions pas. Jusque-là, nous étions couards, car isolés et sobres. Mais réunis et saouls, nous devînmes braves.

En l’espace de 30 minutes, le temps de faire passer la tondeuse sur nos 3 crânes écervelés, nous avons quitté le commun des mortels pour rejoindre la tribu des Iroquois et des punks à chien. Une nouvelle humanité s’offrait à nous !

L’avantage avec ce genre de coiffure, c’est que tu te marres pour pas cher. Les 2 jours qui ont suivi « l’acte fondateur », on se bidonnait rien qu’à voir la gueule de l’autre, et par ricochet en imaginant la sienne. C’était surtout de derrière que ça donnait le mieux.

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Bref, fiers comme des paons, on remonte sur nos montures et on se pose au camping de Ainsa, où l’on passe quelque temps devant le miroir pour apprivoiser notre nouveau moi.

La suite de l’itinéraire jusqu’à Olot nous régale. On se souviendra notamment :

  • Du monasterio de Santa Maria de Obarra dans un recoin de la montagne. Juste au-dessus, la vallée se ressert dans un goulot impresionnant.

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  • D’une très belle lumière et une vraie fraîcheur dans la descente du coll Creu de Perves. Pour la peine on se paye le bungalow au camping de Senterada
  • Du petit déjeuner charmant le lendemain matin à Pobleta de Bellvei

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  • Des chouettes villages de Peramea, surplombant Gerri de la Sal, Fornols et Josa de Cadi dans la Serra del Cadi

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  • Du cagnard pour monter au Col de Canto à 1725 m

Au bout de 8 jours de chevauchée, on arrive à Olot où l’on va saluer le cousin Gilles puis retrouver la famille dans un gîte posé. Les frères et soeurs et épouse apprécient notre look à sa juste valeur.

Bon vous l’aurez compris, encore une fois ce trip vélo aura été un Very Fat Trip !!

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