AUXERRE-DECIZE : NIGHT TRIP IN THE NIVERNAIS

Gens : Yannick, Barth, Louise, Charles, Marion, Sandra, Xavier et Lisa

Nous partîmes 8, fiers comme l’océan, prêts à braver le firmament…

Après avoir voltigé dans la circulation parisienne pour atteindre cette bonne gare de Bercy, nous voila réunis sur le quai. Il est 20h35, le train part pour Auxerre dans 3 minutes et tout le monde est la, ou presque. L’élément perturbateur, oui, je le nomme sans peur, Yannick! arrive au galop et jette sa bécane dans le dernier espace vide au bout du wagon. Je tiens à saluer la performance de l’ami Barth qui est arrivé, avec les honneurs, 10 minutes avant le départ. Un exploit que je suis malheureusement le seul à comprendre et célébrer. Le trajet est festif, nous remplissons le wagon de rires et, cela va sans dire, de nos vélos. Leffe moi kiffer la vibe! Arrivée sereine dans la nuit fraiche. Il est environ 22h, le ciel est sombre, mais tout est calme, paisible. Klik blam sloum, vélos en ordre de marche, photo de départ, premiers regards…sur l’itinéraire, où comment fait-on pour rejoindre le chemin de halage? Il est vrai que les organisateurs auraient pu jetter un oeil a l’itinéraire avant de partir, au chaud dans nos chaumières, mais la vie est tellement plus amusante dans l’imprévu! Et je suis fier de sortir mon smartphone pour montrer qu’aujourd’hui je maitrise la situation. J’ai pris mon temps, certes, pour avoir ce genre d’engin mais toi même tu sais que c’etait juste pour sauver l’environnement. Et comme il est sauvé, je me dis que, diantre! faisons nous plaisir et laissons nous tracer par le GPS. Donc je sors le truc et tout le monde pense « Quel aventurier intrépide! ». Je donne des cours d’intrépidité d’ailleurs pour ceux qui seraient intéressés. C’est simple, foncez.

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Bref, nous roulons maintenant le long du canal laissant derrière nous Auxerre la belle de nuit, illuminée du mystère de son histoire…Oh! Serre moi fort et partons! Au fur et à mesure que les étoiles se découvrent, nous nous couvrons. Le froid se fait en effet sentir. Pause générale pour enfiler les coupes vents, kway, HNI (habits non identifiés)…et oui! La voila! La première chute de Barth! Sur un coup de pied arrêté, Yannick n’hésite pas une seconde et lui donne le coup de grâce! Empêtré dans ses pédales, le malheureux n’a plus d’autres choix que celui de s’affaisser lourdement sur le bord du canal. La confusion est totale. Yannick balbutie quelques mots d’excuses visiblement plus destinés au public qu’au pauvre diable gisant à terre. Une barre est avalée, quelques habits techniques enfilés et le conflit est enterré. « On a frôlé la catastrophe » nous glissera plus tard, et sous couvert d’anonymat, un des cyclistes présent sur les lieux.

L’itinéraire est simple: suivre le canal. L’objectif est clair: survivre. L’état d’esprit qui nous anime est des plus valeureux. Mais je dois dire qu’avec ma polaire trop petite, je n’en mène pas large. L’humidité m’agresse de tous les côté, je suis submergé. Pas de place pour 3 vélos sur la même ligne, alors on est créatif et on discute par groupe de 2. Des nuages de buée nous sortent de la bouche à chaque respiration mais toujours pas de nuage à l’horizon. Comme prévu, le tapis d’étoile se déroule sous nos yeux ébahis. Mère nature est présente, on le sent.

Après une bonne 30aine de km, il est temps de s’arrêter. Nous trouvons une aire de pique nique qui convient parfaitement pour planter la tente. Le sol, jonché d’aiguilles de pin est sec et moelleux. Il mérite une note de 8/10. On se retrouve tous les 8 dans la tente de 3 pour manger un bout puis chacun retourne chez soi, dans sa petite intimité chaude, moyennement chaude voire très froide pour l’une d’entre nous. A noter, l’efficacité de Yannick et Barth dans le montage de leur tente définitivement high tech et « user friendly ».

Ron piche, Ron piche. Debout les morts! Gros reveil late back grasse mat’ vers midi. Petit dej en mode posay! toi même tu say! Puis on reprend la route avant 14h, il faut de la discipline, on ne va pas non plus se laisser aller. Combien nous reste-t-il de km? je ne sais pas, il faut demander à Louise. Ce canal est décidément très joli. On roule, nous roulons, vous roulez pas assez vite mais ca va.

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Aaaaaah, la pause midi qui fait du bien. Et le petit coup de rouge traditionnel! Authentique! Vous pensiez bien qu’il n’allait pas tarder et vous aviez raison. Le plaisir de partzger un repas dehors, dans l’intimité de la nature, mère des hommes, mère paradoxale de la douceur et de la violence. Euh. On enchaine sur un jeu de société super fatos, les 7 merveilles, soit en VO, « The 7 wonders ». Un jeu à fort potentiel stratégique, pas forcément évident à maitriser lorsqu’on écoute pas les consignes pourtant très claires de Lisa. Les ronflements de Xavier, paresseusement allongé dans l’herbe fraiche nous donnent le rythme. Puis nouveau départ vers l’infini et l’au delà. Le but est de manger dans un restaurant à chitry-les-mines et célébrer la fin du jour calmement. Mais tel n’était pas notre destin. A la tombée de la nuit, pause technique: polaires, lumières, barres…

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On repart, yannick talonnant le groupe. C’est alors qu’un drame se joue silencieusement. Ce fougueux yannick crève « sans vraiment m’en apercevoir. Cela s’est vraiment passé à l’insu de mon plein gré. Il semble que je sois techniquement responsable, mais certainement pas coupable! » nous confiera-t-il plus tard. C’est apparemment la ligne défendue par son avocat. Sur le moment les doutes sont là mais le choix est rapidement fait: « J’ai décidé de continuer à rouler, ma théorie étant que si autant d’air pouvait sortir d’un seul coup de la chambre à air, ce même volume d’air pouvait tout aussi y rentrer. Un coup de pédale et la boucle était bouclée » (sic). Faisant montre d’un courage hors du commun pour bien des mortels, il décide de se taire et d’endurer cette « épreuve venue du ciel » selon lui. Nos analystes tiennent néanmoins à souligner l’impact positif qu’aurait pu avoir une prise de décision rapide et surtout diamétralement opposée à celle qui a été suivie par le protagoniste. Après quelques hésitations, Yannick décide néanmoins de lever une alerte: « j’étais psychologiquement instable et j’ai senti que je devais informer l’équipe de la légère gêne que je ressentais en roulant à plat. Je ne voulais pas que l’on me chambre sur mon air dépité ». Le constat est sans appel. La chambre a air est impactée à 4 endroits différents, et cela de manière indélébile. « J’ai été choqué par la violence de ce que j’ai vu, et pourtant j’en ai vu des choses pas jolies dans la vie! Tenez, par exemple, la Fiat Multipla, quand vous la regardez, vous ne vous sentez pas bien. Bah la c’était pareil, en pire. » a expliqué Charles, encore sous le choc. Courageusement, Yannick et Charles décide de réparer les dégats: « pour que nos enfants aient un meilleur futur » assurent-ils. Problème de taille: J’ai toujours été un mec confiant, pourquoi aurais-je lu les conseils donnés par les organisateurs? Pourquoi subir le poids inutile d’une chambre à air de rechange alors que je peux compter sur les autres? » explique yaya, la mine déconfite. Il continue: « comment pouvais-je savoir qu’il n’y aurait pas assez de rustines? J’ai été un peu déçu par le manque de proactivité de Louise et Charles la dessus. J’ai pris bon côté des choses, ne me suis pas plaint et j’ai même inventé une nouvelle expression: « couper les rustines en 2″ qui signifie que l’on a du mal à joindre les 2 bouts. » Fin mot de l’histoire:  » j’ai d’abord accueilli l’idée de Charles de mettre une chambre à air mais pas de bonne taille avec scepticisme mais, séduit pas sa fougue et, je l’avoue, mon absence de solution viable (se faire rapatrier en jet ski n’a pas trop plu), je lui ai donné mon feu vert pour le lancement des opérations. »

Nos 2 amis finissent par retrouver l’équipe, nichée dans une guinguette quelques kilomètres plus loin. A la bonne franquette, croque-monsieurs et crèpes au chocolat mettront tout le monde d’accord. Sacrée soirée!

Nous plantons les tentes dans un coin d’herbe derrière la guinguette, non loin du canal. « Il nous suit partout celui-la! » fera plus tard remarquer Marion, pleine de bon sens, quoiqu’un peu agacée. Ce sera une nuit moins froide pour Lisa qui n’avait pris pour le week end qu’une petite couverture polaire, en dépit des avertissements des organisateurs sur les risques encourus.

Le lendemain, nous décidons d’aller prendre le petit dej un peu plus loin sur l’écluse 23, ou 24? A moins que…a moins qu’on s’en foute du numéro, oui monsieur, pardon monsieur. Le soleil est généreux aujourd’hui. Quel bonheur!

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Nous trouvons une écluse assez extraordinaire. Le patron, hippie jusqu’aux racines des cheveux, nous sert du chocolat chaud et du café sur une table fait main, nous tous assis sur les rondins de bois autour. Des sculptures « intéressantes » nous entourent, une barge a même été transformée en salon ouvert au 4 vents, avec canap et lourde sono! Extase lorsque Eric Clapton, en direct des enceintes, se met à nous jouer son album unplugged! Rares sont les moments ou l’on peut se rendre compte que l’on est heureux. Ce fut pourtant l’un de ceux la. « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages » a dit une fois Jules Barbey d’Aurevilly. On m’a parlé de cette théorie. On s’amuse à ouvrir, à fermer les écluses pour les touristes allemands de passage. On sieste un coup puis on frappe la route encore une fois. Maintenant on doit rouler.

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Je ne sais plus combien de kilomètres il reste, mais peu importe! Peu importe, la motivation est al. Nous serpentons le long du canal, accompagné par l’eau douce et paresseuse qui avance au rythme de ses minuscules vaguelettes…Lorsque le petit déjeuner et l’écluse magique sont loins, oubliés de tous, le démon de la faim et de la fatigue vient hanter les plus acharnés. Sandra et moi, pédalant tel Pégase sur les braises du mont pelé traçons notre route, oubliant au passage que tout le monde ne carbure pas au feu divin qui nous anime. C’est la que Barth en profite pour se faire victimiser une seconde fois. Cette fois c’est Marion qui décide de le pousser à terre, comme pour se venger. « En fait, je n’avais pas de but précis » nous confie-t-elle, « je voulais juste m’amuser un peu au dépend de ce pauvre diable ». Barth, de son côté, a ressenti une profonde injustice « Pourquoi moi? Pourquoi cet acharnement? Le sadisme est le fléau de nos sociétés modernes! Unissez-vous dans la lute contre l’injustice et likez la page facebook: Barth pour la Pédale d’Or 2014. Merci. » On sent de la tension, on sent qu’on a besoin de manger. C’est plutot simple. La troupe se rassasie. Sieste. Puis on arrive enfin à Decize! Decize la grande, Decize la belle, Decize l’indecize!

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On se pose dans un café. Des pintes de chouffe? Non, on fait pas. Comment ca « 2 demis »? Attendez, je vais voir. D’accord, 2 demis? C’est noté. #serviceclientalafrancaise.

Une fois dans le train (pas facile de mettre nos vélos, c’est assez plein!), on joue au 7 wonders. Un jeu de société bien stylé que je recommande. Un malheur arrive sur la voie, quelqu’un s’en est allé. Nous on est dans le train, on continue à jouer. C’est pas évident ce genre de choses. Je finis tout de même 1er ex aequo avec Yannick. GG (good game pour ceux que vous avé pas compris). On a 2 bonnes heures de retard, mais la vie va ainsi. Ce week end était génial. Merci l’équipe !

 

Charles

2 thoughts on “AUXERRE-DECIZE : NIGHT TRIP IN THE NIVERNAIS

  1. Picard

    Salut les cyclistes,
    C’est mon amie la bienheureuse Louise Thiolon, sœur du bienheureux Chârles Thiolon qui m’a suggéré de visiter votre blog. Pour le qualifier j’ai bien réfléchi à trouver une expression moins vulgaire et plus originale, mais je n’ai pas trouvé mieux que « ça déchire sa mère ». Franchement, j’irai même jusqu’à dire que « je me suis pissé dessus » à vous lire, ce qui est non moins vulgaire, mais bon je n’aime pas faire dans la dentelle, au risque d’en choquer plus d’un.
    Je suis vulgaire : tant mieux.
    Bravo !
    Continuer bien à titiller la pédale (no ofense),
    Picpic

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  2. d'Estaintot

    trop stylé chariot !!
    C’est vrai que c’était un super week end ! Je suis très fière de moi, parce que c’était pas toujours facile :)
    Merci pour les souvenirs, les photos, le roman policier qui va avec.
    A bientôt les zoulous ?
    Mar

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