MONTAUBAN – THIVIERS/LIMOGES : DELUGE DANS LE PERIGORD

Gens : Bambam, Barth, Charlox, Papa, Rapha

Day 1 : de Montauban à Rocamadour 133 kms

 

On est chauds, on est beaux. Il pleut un peu, on commence bien. Sentiment de liberté ce jeudi 30 avril au soir…avant d’aller prendre le train de 22h43 à la gare d’Austerlitz. Direction Montauban ! Le pays de la fameuse série des « Fortunes de France » de Robert Merle ! Pays mythique encore vierge de souvenirs. Pour ce trajet, Bambam, Raph, Barth et moi, Charlox, réunis dans un wagon couchette plus confortable que j’imaginais. Les lits ne dépassent pas 1,90 m, j’y trouve mon compte mais y en a un qui râle. On discute avec notre coloc, Stéphane, un fou du vélo qui fait Paris-Bordeaux et ses 600 kms en 3 jours. Il en est pas à son coup d’essai, et à son actif on compte aussi un Paris-Brest-Paris de 1200km en 81h environ ! Autant dire qu’on reçoit une belle leçon d’humilité, nous qui nous nous prenions pour des durs de la pédale… On passe un super moment dans ce wagon couchette à discuter, boire un ptit coup et manger des gateaux. Puis vient la nuit et le bruit du train emplit la petite pièce de ses grincement, tiraillements et ses cliquetis réguliers…

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Couchettes kiltran tavu !

6h : debout les morts ! Montauban est là. On a plus qu’a attendre « El Padre ». Mr Papa Dumont en personne. On l’appelle…pas de réponse. On tombe sur la messagerie. Merde qu’on se dit, outai papaoutai? On n’ose imaginer le pire : que Vianney soit en train de faire la grasse mat’ ! Mais non, nous voila rassuré, il arrive fièrement. Le téléphone n’avait pas sonné. C’est l’heure du ptit dèj, on se se cale tout ce qu’on peut dans le ventre et on est parti.

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Les 5 riders sont chauds !

Il ne pleuvait pas depuis notre arrivée. On était confiants. Comment ne pas l’être? Pourquoi repenser à tous ces oiseaux de mauvaise augure qui nous prédisaient un week end affreux et pluvieux? Et pourquoi a-t-il fallu qu’on enfile nos Kway quasi directement après notre départ?…Parce qu’il s’est mis à pleuvoir très certainement.

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Joie

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Pas Joie

On trace à travers la campagne, c’est joli. Même s’il pleut, ça reste joli, oui mâdâme, parfaitement mâdâme. Et c’est pas parce qu’on prend des gouttes dans les yeux que ça en devient moche. Je dirais même que ça ajoute un certain charme. Le charme peut être de faire ce que personne n’a envie de faire, du vélo toute la journée sous la pluie un jour férié.

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Cirque près de Saint-Cirq

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Bon il pleut quant même un peu

On arrive à Saint-Cirq-Lapopie pour le dej. On aura déjà roulé 80km. Un exploit pour moi! Un petit record de battu. Au moment d’écrire ce texte en ce beau jour de mercredi 27 mai, je ne peux d’ailleurs m’empêcher de verser une petite larme et de lever ma plume vers le ciel en criant « BRRRAAA TMTC ske jtai mi l’blizzard!!! tkt ta fé ton malin mé jté pa vu en hau alor vazy tla raconte pa!!!! ». Ce village, posé sur la falaise, avec ses rues en pentes vertigineuses est magnifique! La boulangerie fait également l’unanimité. Serait-ce dû au bon vin, à la salade de canard confit, à la quiche ou à « la façon qu’a la boulangère de tendre ses miches en souriant? » C’est vrai que les miches sont belles ici, un beau pain rond et généreux comme on aime.

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Village de Saint-Cirq Lapopie

Tout nous retient ici, mais on repart de plus belle, comme la pluie d’ailleurs. Notre destination c’est Rocamadour! C’est à un peu plus de 50km de là. Et entre elle et nous se dressent des montées, s’affalent des descentes et…et…pas d’inspiration pour cette fin de phrase.

Le bam a mal au genoux. Bien sur le dude avait une tendinite mais il est venu quand même le valeureux chevalier de l’asphalte! Bon, je lui prend son sac à dos qui est moins lourd que d’habitude d’ailleurs. Y a des souvenirs qui remontent…(cf Clermont-Clermont en mai 2013). Il finit par chevaucher le bourrin de Vianney qui, lui, peste contre ce jeune imbécile qui le force à monter un ptinazi. Ainsi va la vie, par monts et par veaux. Que dire sur le trajet qui nous amène à Rocamadour? Euh…c’est vert, c’est gris de pluie, c’est mouillé et c’est sympa d’être là mais on est trempé. Vous savez, moi, raconter ce genre de truc ça me gave un peu. Moi j’aime broder, vous avez du le comprendre dans mes récits antérieurs que vous n’avez pas forcément lu.

Tout mon baratin nous amène à Rocamadour. C’est vraiment très joli cet endroit, tout de falaises vêtu. S’il n’y avait pas cette montée de $*%!/&@# juste avant l’hôtel! Bon, ça passe crème on est des machines. La chambre est super, Barth et Bam partagent leur couche en frères de meute, et je me retire dans mes appartements avec Raph comme au bon vieux temps. Mais avant on va au restau se mettre chéro ! Ca sera un demi magret de canard à l’ancienne frangin, et on reprend du vin et de la bière ! Bon c’est pas un restau gastronomique, mais l’important est d’être posay! Mini route de nuit au retour, l’hotel est à 2 km. Qu’est ce que c’est bon, il ne pleut pas, on sait qu’on va dormir…tranquillité de l’âme et pet du coeur.

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Rocamadour 1

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Rocamadour 2

Charles

 

Day 2 : de Rocamadour à Hautefort 129 kms

 

Cette journée commence tôt grâce à la montre de Barth qui est encore réglée sur l’heure du réveil de la vielle soit 5h45 !! Bon d’accord, dormir c’est tricher. Mais tout de même, on l’avait un peu mauvaise. D’autant plus que le Barth en question dort d’un sommeil de plomb, il nous fait donc profiter de 3 sonneries d’affilée à quelques minutes d’intervalle : on a à peine le temps de se rendormir que ça sonne à nouveau ! Scandale !!! Dans de vandales !!! Sentez la chaleur !!! Sans notre bon coeur et infinie indulgence, cette journée aurait pu commencer en mode Saint-Barthélémy!!!! Il l’a échappé belle mais pas pour longtemps.

C’est au moment où l’on reprend la route que je mets mon plan personnel de vengeance à exécution. Détenant les cartes, je laisse à penser que la route que nous devons suivre redescend ver Rocamadour 200 m de dénivelé plus bas. Ca paraît pas mais 200m c’est un sacré morceau. Pour que le lecteur se représente bien la chose, ce dénivelé est équivalent à pas moins de 20 fois une distance de 10 m, ou encore 40 fois une distance de 5 m (tmtc j’ai fait terminal S). On me rétorque : « T’es sûr qu’il faut redescendre Raph ? » Et moi « Certain les amis, partons à présent ». Et la troupe s’ébranla.

Ce n’est que 200m plus bas et une fois le pittoresque village de Rocamadour traversé que je révise mon jugement : « Il se pourrait bien que je m’ai gouré les gars ». – « I beg your pardon??? » « Oui en fait, la route, elle passait par en-haut, faut qu’on retourne à l’hôtel ». Les visages se figent, les regards sont durs. Le temps s’égrène lentement et les hautes falaises qui nous entourent  sont propices aux envies de meurtre. Je parviens cependant à m’en tirer, feignant de me soumettre. Je m’excuse platement et nous repartons. Je sens cependant que quelque chose s’est brisé dans la confiance qu’ils me  faisaient. Cela me turlupine, il faudra prendre garde à maintenir le moral des troupes.

La route qui suit est merveilleuse : entourés de falaise, nous descendons doucement en lacet la vallée. Le soleil, dont nous avions oublié l’existence sous le déluge de la veille, nous fait même grâce de sa présence. Ca ressemble grave à un trou de verdure où chante une rivière… accrochant follement aux herbes ces haillons / d’argent, où le soleil de la montagne fière, luit. C’est un petit val qui mousse de rayons. Spéciale cassededi à TuTur du 08 pour ce slam qui manque pas de fraîcheur.

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On profite des rares instants de soleil

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Nous remontons ensuite tranquillement vers Payrac. En cherchant Marie-José, nous nous arrêtons au café pour notre 2e petit déjeuner. Au moment de repartir, Barth se détache pour aller acheter des timbres à la poste. Grossière erreur que de se séparer du groupe… Alors que nous descendons le long d’une rivière charmante vers Lamothe, il tente de nous rejoindre, s’égare, nous appelle, en vain, crie maman, pleure doucement, pour finalement tracer sa propre route, écrire son histoire. Nous le retrouvons à Masclat, 4 kms plus loin.

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Craquounet

Juste après avoir traversé la Dordogne, nous avons la chance de rejoindre une piste cyclable aménagée sur une ancienne voie de chemin de fer. Sur une vingtaine de kms qui longent la rivière avant de s’enfoncer dans le pays saraladais, nous pédalons gaiement,profitant de l’absence de circulation et du dénivelé limité. Cela ne m’empêche de crever pour la 3e fois. Chienne de vie.

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Château en bord de Dordogne

Arrivés à Sarlat pour le déjeuner, nous cherchons avant tout à nous différencier des hordes de touristes qui viennent admirer les vieilles pierres et s’entasser dans les restaurants. Nous cassons donc la croûte sous un abri bus proche de la gare après avoir dévalisé le rayon produits régionaux du Leclerc d’à côté. Les verres s’enchaînent et les terrines se vident, ça fait plaisir à voir. Malheureusement, nous devons ici nous séparer du Bam qui malgré sa vaillance et sa détermination, a été laché ignomineusement par son genou. Il reprend le train à Sarlat direction Paris… Comme le dit si bien L.M. Montgomery : “Next to trying and winning, the best thing is trying and failing.”

L’estomac lourd et les yeux humides, nous nous remettons en selle, visant la vallée de la Vézère. Celle-ci nous gratifie de deux beaux chateaux et des grottes de Lascaux surplombant Martignac. On troque nos pédales pour 45 minutes de culture préhistorique. Juste avant la visite, Charles et Barth s’éternisent aux toillettes, ce qui fait dire à Papa qu’ils n’ont pas quitté l’Age du Bronze. LOL. L’exposé du guide est clair, le style est rapide et limpide. Pour tout dire je lui lâche 2 euros à la fin de la visite pour l’encourager dans cette voie.

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Le Bogoss et son Taucha

Il est 19h et il nous reste tout de même 30 bornes à manger avant Hautefort. Ca pédale sec, les muscles tendus par l’effort. Hélas, la chambre à air de Barth lâche à 10 kms de la destination. Par mesure de solidarité, nous décidons de continuer notre route avec papa en laissant Charles et Barth derrière. Nous parvenons finalement à l’hôtel à 21h30 après quelques tentatives infructueuses dans le noir. Et c’est à 22h45 que l’arrière-garde nous rejoint. On avale vite fait des sandwichs qui font plaisir et on va se pieuter. 2 journées à 130 bornes, c’est quand même solide !

Rapha

 

Day 3 : de Hautefort à Thiviers/Limoges 30/87 kms

 

Réveil 7h, chambre 116. Dans le lit, deux beaux garçons ne décollent pas. Il faudra 10 min pour accepter cette nuit peu réparatrice ! 7h10 donc, Charles s’empare des toilettes, et se les attribue : il en fait sa demeure sensorielle, sa roseraie bien à lui. On ouvre les rideaux, le soleil pointe le bout de son rayon sur la droite du Chateau de Hautefort. Le temps est sec, voilà qui nous ravit.

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Château d’Hautefort

7h40 petit déjeuner. Rendez-vous était donné dans la salle du restaurant/accueil/télé/hall d’entrée à 7h30 et les Dumont y étaient bien à l’heure. A l’heure mais pas en tenu. Amateurisme.

Beurre salé, confiote, miel, croissants, bref petit dèj sans charme mais ô combien important. La veille mon pneu avait creuvé et je pense le retrouver à plat, car nous croyions entendre de l’air après l’avoir remonté. Il a tenu, nous irons jusqu’à Limoges avec. Départ 8h30, photo de groupe, descente, petite pluie fine, allons-y gaiement en direct de Saint Martial Laborie. Quelques kms plus tard, j’échange avec Vianney de mon choix d’avoir opté lors de l’achat de Tigran (ma monture)  pour un « marathon + » en pneu arrière (double membrane, blabla, quasi 0 chance de crevaison…). Moins de 1 km plus tard, alors en queue de peloton (pour ne pas changer) BAM !!! Ce même pneu vanté quelques minutes auparavant explose littéralement, une déchirure de 3 cms. La chambre à air est irrécupérable, quoique… Raphael grand serviteur devant les serviteurs, me voyant pris d’un grand désarroi, s’en va ensellé et chambre à air à la main en recherche d’un pneu 700*25 et de la chambre à air associée (la chambre à la main c’est pour aider à amadouer les voitures pour l’autostop qu’il dit!).

Il est 9h15 environ, nous repartirons en direction de Excideuil 3h plus tard ! Mais ça, nous ne le savons pas encore… Aucun pneu dans les villages altentour mais Rapha revient avec des aiguilles et du fil, ah bon ? La dernière chance pour avancer à vélo et éviter le stop, alors que nous sommes sur une route très peu fréquentée. Je couds, tu couds, il coud, … Non en fait JE couds mais avec le soutien de Charles qui dort (mais a fait le taffe la veille pour la roue avant) et Rapha qui m’oriente et me soutient dans cette démarche de Do It Yourself !

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Handmade repair

Pendant ce temps, Vianney a fait 30 bornes pour chercher une solution pneu, sans réussite, mais quel dévouement de la part du clan Dumont. Le papa nous attendra finalement à Excideuil, nous y reviendrons.

Je couds, nous rajoutons un bout de la chambre à air explosée au pneu puis je recouds pour finalement remonter le pneu !

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He did it !

Ouf ! ça tient, alors même que sans réparation, une chambre neuve sortait du pneu… Allégresse, nous pédalons nus dans la campagne !!! (photos censurées).

12h30 l’heure de la reprise a sonné. Arrivée  à Excideuil, ville de fabrication des chaussures Repetto, passage à la pâtisserie, puis retrouvailles avec Vianney. Il nous a concocté un déjeuner divin ! Salade Sodebo, sandwichs triangle et bière. Nous sommes des hommes heureux. Nous dévorons cela au bord d’une route, un peu en retrait de celle-ci. La joie et la bonne humeur est là ! Les plus jeunes jouent avec la nourriture ! Vianney le professionnel parmi les amateurs ralliera Limoges à la nage ! A moins que ça ne soit à vélo.

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Château d’Excideuil

Nous repartons donc à 3 vers Thiviers  petits joueurs qui attendont le train de 16h10. Ailleurs, la témérité bat son plein, la deadline de Vianney est son train : 76 kms en 3h30. Défi relevé !

Les derniers kms vers Thiviers sont pour ne rien changer un enchaînement de montées-descentes. Je suis léger , depuis ma réparation, Raph et surout Charles portent tous mes bagages.

Notre arrivée à Thiers est fracassante. Ce village est très charmant pour son extrême banalité. Direction la gare. Ter de 40 min, nous visionnons quelques photos du voyage . Nous rions !

Arrivée à Limoges, tour de la ville avec Charles. Raph petit kiki fait dodo dans un jardin publique. Magnifique cathédrale !

Clap – Fin des hostilités

Barth

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Izy

One thought on “MONTAUBAN – THIVIERS/LIMOGES : DELUGE DANS LE PERIGORD

  1. vianney

    que c’est beau !
    avec vous, on se prend pour des héros…
    grand moment et merci de m’avoir permis de le partager.

    Vianney

    Reply

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