MONTAUBAN – MEYRAS : L’AUBRIC à BRAC !

Gens : Bambam, Charlox, Louma, Louis, Rapha

On a cherché dans nos annales. On a creusé dans nos souvenirs de pédales. On a eu beau fouiller, sonder le fond de nos poitrines, passer en revue les magazines, on en a pas trouvé, de trips aussi fats que ce trip.

On a vu des châteaux au nom de président, des plateaux sauvages fascinants, des plats au fromage dégoulinant. On a roulé dans des fonds de vallées brumeuses, dans des descentes sinueuses. On a eu des journées pleines de soleil et des nuits de froid sommeil.

On a même vu la neige. On a même vu les loups. Ahoooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!!!

Faut dire que le programme était prometteur : 5 jours de vélo à 5 potes. Des nuits à moins 5°C, et pour se réchauffer, des côtes et des bières à 5 %.  Partir de Montauban pour rejoindre l’Ardèche avant le nouvel an. Tarn-et-garonne, Tarn, Aveyron, Lozère, Ardèche… une bonne diagonale du vide comme on les aime.

La Trace :

Part 1

Part 2

 

Avec Charlox et Louma, on rejoint Louis sur les coups de midi à Montauban. Courses en sacoches, on part tranquillement sur une dèpe blanche en direction de la vallée de l’Aveyron. Quelques villages de caractère nous offrent le charme de leurs vieilles pierres : Montricoux, Bruniquel, Penne, Cazals…

Ambiance à Montricoux

Ambiance à Montricoux

En arrivant sur Saint-Antonin Noble Val, nous entrons dans une véritable purée de pois que nous ne quitterons qu’en nous extirpant de la vallée un peu plus tard. Le brouillard nous trempe allègrement. Peu après Varen, on donne un sérieux coup de collier car on doit choper un train en marche du côté de Najac.

J’entends déjà les pharisiens s’insurger et les envieux ricaner dans leur coin. Je vais ici être très clair pour dissiper les malentendus. Oui Monsieur, nous avons pris le train ! Non, Madame, nous n’en avons pas honte. Premièrement parce que le Grand Charlox lors de son Illustre Voyage Cycliste en Européanie a utilisé à maintes reprises ce moyen de transport. Les mauvaises langues disent à ce sujet qu’on l’aurait d’ailleurs plus souvent aperçu durant ces 6 mois à la voiture bar d’un train de voyageurs à vider des bières bon marchés, susurrant sereinement des « Tu sais, j’ai pas mal barouder » à l’oreille de créatures innocentes, qu’en train de pédaler sur son vélo surchargé. Je pense qu’il s’agit là tout bonnement de racontars et je ne préfère pas leur donner de tribune ici. Deuxièment, parce que le trajet initial nous faisait passer par une grosse dèpe rouge et que nous avons fait le choix stratégique de passer par des petites routes tortueuses, nous rajoutant des kms et du dénivelé, plutôt que de poursuivre sur de grandes lignes droites sans intérêt. Troisièmement, parce que tel était notre bon plaisir, et que nous n’avons pas à nous justifier, merde !

Dans la vallée de l'Aveyron

Dans la vallée de l’Aveyron

Toujours est-il qu’on monte en 4e vitesse une côte soutenue, qui nous fait cracher nos poumons de citadins encroutés. Et alors qu’on atteint le col, et qu’on se dit qu’on est un peu juste pour le train, la route s’ingénie à nous faire passer par des montées descentes en cascade. Nous n’y croyons plus et pourtant dans un sursaut d’énergie et d’orgueil nous parvenons tout de même à la gare, 2 minutes avant l’arrivée de la locomotive. Caramba, une sacrée aventure que nous avons vécue là !

Le train nous dépose 20 min plus tard à 21h à Villefranche de Rouergue. J’essaye de faire découvrir à mes amis cyclistes les merveilles de son architecture telles la place Notre-dame et son marché ou encore l’arcade Alphonse de Poitiers, mais ces ignares ne sont pas réceptifs. De vrais bovins. On se pieute en contrehaut de la ville.

Le lendemain, on pédale sur le plateau pour rejoindre le Bam à Saint-Christophe Vallon. Ce que nous faisons sur les coups de midi. Celui-ci nous attend, étendu tel un gitan sur le parvis de l’Eglise. Nous attendent également un bon kilo d’aligot et quelques bières du pays de la meilleure facture. Positif !! Après quelques montées descentes, dont certaines plus raides que d’autres, nous dégringolons vers Estaing, son château et la vallée du Lot. A ce propos, saviez-vous que le château a été racheté par Valéry Giscard d’Estaing et ses frangins en 2005 grâce à nos impôts ? C’est véritablement intolérable. Mais cela ne m’étonne pas beaucoup de la part de cette famille d’usurpateurs dont le titre est vieux de moins de cent ans : « Edmond Giscard, père de Valéry, fut autorisé, par un décret pris en conseil d’État en 1922, à relever le nom d’Estaing, éteint avec sa trisaïeule Lucie-Madeleine d’Estaing de Réquistat Dubuisson, dernière du nom, « issue d’une branche apparemment bâtarde [donc roturière] de l’illustre famille d’Estaing ». Che pas pour vous, mais moi je trouve ça affligeant.

Bref, on se trouve une petite pelouse douillette en face de l’Eglise de Perse, par où passe le chemin de Saint-Jacques. Feu, merguez et chipolata, on fait péter une tite teille du languedoc et on se met ienb !

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Notre coin pénard

Le lendemain, tout est gelé, à commencer par nos moignons et nos roustons. Le vélo de Charles avec sa technologie Roll Off rechigne à passer les vitesses. Faut dire que quand on n’investit pas dans du bon matos aussi… Comment y fera quand je l’emmènerai sur les plateaux du Tibet ou de la Cordillère des Andes ?

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Bon d’accord, on s’est gelés les miches

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Glagla

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Saint-Côme d’Olt

Le paysage est magique au fond de la vallée du Lot. On se cale dans un petit bar à Saint-Côme d’Olt, avec Jean-Pierre et Raymond qui sont au demi-sec, et ils ont bien raison. Réchauffés, on se lance sur la côte qui va nous mener sur les plateaux de l’Aubrac. Il fait super beau, ça devient de plus en plus sauvage, on se régale ! Voyez plutôt :

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On atteint Aubrac puis Nasbinals, où on s’attable devant de gros burgers comme on les aime. On repart sur le plateau, et là c’est vraiment du bonheur. On fait un détour par la cascade du Déroc. Avec le coucher de soleil, la lumière est incroyable. Les prés sont séparés par des murets de pierre et des cours d’eau qui serpentent dans des tourbières. Leur dites pas mais j’emmènerai ma femme et mes gosses ici et on s’y installera.

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Allez viens, on fera plein d’enfants

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J’inviterai mes potes de temps en temps

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Je te susurrerai des mots doux au soleil couchant

On prend notre temps pour atteindre le gîte du soir. Il y a quelques belles baraques rénovées qui font rudement envie ! On arrive de nuit dans une maison chauffée, où un dîner nous attend. Le pied !

Petit réveil matinal, et départ à l’aurore. Il est 10h. Evidemment le soleil se lève sur un ciel d’un bleu profond, et dès que nous sortons du hameau, la beauté du paysage nous frappe sans retenue. Une terre blanchie, neigeuse, froide et immobile, d’une beauté magique. Un moment unique suspendu dans nos mémoires.

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L’objectif est de foncer au parc des loups du Gévaudan pour ne pas rater la visite de 11h. Mais nous restons en extase, et prenons un nombre conséquent de photos, comme pour tenter de marquer le moment plus profondément, pour entretenir le souvenir, avec la peur que le temps passe trop vite, et qu’on oublie ce qui s’est passé ce matin là. Nos petits cerveaux tentant d’ancrer le présent par peur du futur…très humain tout ça. Le soleil vient éclairer ce tableau, et réchauffer lentement l’atmosphère. Les températures étaient négatives cette nuit. Nous avons la tête tournée non pas dans la direction de la route mais sur le côté, le côté gauche plus précisément. Là ou le soleil se lève, là d’où viennent les rayons. Ce plateau de l’Aubrac aura été une merveille. J’ai envie d’y passer la journée, prendre 1000 photos, toutes les mêmes, blanches, jaunes, marrons au fur et à mesure de l’avancement du jour, et de la fonte des glaces sur les champs.

Le chrono nous rattrappe, et nous devons avancer. Les paysages évoluent. Nous nous éloignons du plateau et les forêts font leur apparition. C’est plus escarpé, plus pentu, toujours aussi beau. Le Raph se rend compte finalement qu’on a une heure d’avance. Mais ca valait le coup, je n’aurais pas troqué ce lever de soleil contre un lever plus tardif.

Voila enfin la surprise concocté par Mr Dumont à ses congénères cyclistes. Nul ne savait à quoi s’attendre, à part moi bien sûr. La surprise est de la taille d’une meute de loup ! Petite déception quand on les voit dans des parcs pas très grands. J’avais imaginé qu’on irait marcher en forêt et faire une approche furtive pour les voir dans leur habitat naturel, mais j’ai du trop regarder les documentaires sur Arte, parce qu’après coup, ça me parait compliqué de faire ça en 1h sans équipement.

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Admirez la dentition !

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Ahouuu !

Un petit pique-nique plus tard nous revoilà en route. A l’est ! Ca roule bien, les paysages sont beaux, pour changer. Louma se retrouve à lécher sa selle, engluée de miel suite à une légère altercation avec l’ami Bam, coutumier du fait. Après tout, il a raison de ne pas se laisser faire. Si on te vole une tartine, jusqu’où cela peut-il aller ? Question ouverte, réponse fermée. Miel sur selle, langue sur miel, cul collant, la totale.

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En même temps il l’avait cherché

Nous montons le col du cheval mort, 1453m. Le soleil se fait rasant. Puis c’est la descente ! Le froid devient plus pressant. Nous n’avons rien pour manger le soir, puis nous tombons sur cette petite épicerie à Chateauneuf-de-Randon. Il fait nuit maintenant. Les couches s’accumulent sur nos épaules. La station service accepte à contrecoeur de remplir nos gourdes. C’est trop aimable.

Puis nous attaquons la dernière partie. Direction Cheylard, environ 15km plus loin. Lumières allumées, mulière ammulées. C’était pour le plaisir du bon mot. Petites routes, étoiles brillantes. Rouler de nuit est toujours une expérience différente. Regards sur la carte, on prend une route qui n’y est pas. Et la partie la plus fun de la journée commence ! La route est entièrement gelée.

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Là on commence à se marrer

Il y a bien quelques centimètres, et ça descend, pas trop sévèrement heureusement. Louma tente bien de prévenir son frère, « Attention à la glace ! » « Quoi ? » zip boum, 2e chute. Bam n’est pas en reste malgré ses pneus de 50mm. Louis et moi tenons bon. Faut dire qu’on a de l’expérience nous, on a pas mal baroudé.

Le village de Cheylard l’Evêque en contrebas est presque désert. Nous allons déranger un homme chez lui, qui après un regard à son local rempli d’engrais chimique nous dit qu’on peut aller demander au garde forestier un peu plus loin, et qu’il doit avoir des garages ou un gite forestier. En effet celui-ci nous précède en voiture sur 2km de montée puis s’engage sur un chemin de terre avant d’arriver devant une petite maison. Une seule pièce, des paillasses, une table, des chaises, du bois pour le feu. Il nous a même apporté du petit bois pour démarrer tout ça. Nous n’avions pas super envie de dormir dehors. Il faut dire qu’il allait faire dans les -10°c et déjà la nuit passée sous tente il y a 2 jours n’avait pas été de tout repos. Et puis tout était déjà gelé ici. Nous passons une soirée extraordinaire, et n’en croyons pas notre chance d’être au calme dans une petite maison au milieu de la forêt, avec un gros feu, un repas décent…Difficile de décrire le sentiment profond de joie et de bonheur qui nous habite ! Bénies soient ces heures. La nuit déroule son scénario classique mais les étoiles brillent plus fort qu’à l’accoutumée. Le froid est mordant, les pauses toilettes sont efficaces. Seul regret, et pas des moindres : nous n’avons que 3 bouteilles de bière et 1 bouteille de vin. Triste sir ! Bon sang, qui a fait les courses ?! Radin ! J’en viens néanmoins à penser aujourd‘hui que c’était au contraire l’idéal pour sublimer ce moment. Nous chantons, nous rions. Nous chantons plus fort, et rions encore plus fort. Puis c’est dodo. Mauvais choix, je suis sur la paillasse du haut. Le vide à ma droite, le Bam à ma gauche. J’ai voulu faire mon brave mais je passe la nuit à avoir peur de tomber.

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Very Fat Soirée !!

Nettoyage de la petite maison puis départ. Montée sur route glacée.

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Mon Bruto Megalo (pour rappel, héros de mon tour d’europe quelques mois plus tôt) s’en sort plutôt bien avec ses roues de 50mm. Du gros pneu et une aisance de conduite exceptionnelle me propulsent premier du peloton. Paysages vallonés entre Cheylard et Luc, forêt verte, chasseurs, ciel bleu, glace, givre, soleil…On n’est pas malheureux.

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Raph et Bam haranguent le peuple du haut de la tour du château du Luc, heureusement remis en valeur depuis 1978 par les amis du château du Luc, Louis et louma font des blagues, le marché du biscuit prend de la valeur, et nous revoila en selle. On aimerait arriver vers midi au mas d’un ami, mais ca monte, et on prend notre temps. Nous arrivons au col de la croix de Bauzon, 1308m. Vue magnifique sur l’Ardèche en contrebas, sur les sommets enneigés la-bas au loin…peut être le parc des Ecrins. La descente est sublime. Longue, intense, pas trop rapide. Voila quelques jours qu’on est dans le merveilleux, et ça continue.

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OMGGGGG !!!

Nous arrivons en Ardèche. Le petit village de La Souche, son bar local et son supermarché qui feront l’affaire pour un pique-nique improvisé. Ça joue à la pétanque de manière sérieuse. Carreau sur carreau. Clac ! Ce goût des choses bien faites n’est pas pour me déplaire.

Quelques centaines de mètres avant l’arrivée, nous avisons un terrain de foot. Le fameux terrain de Meyras. On avait justement pris un ballon. C’est l’occasion de montrer qui est le patron. Un petit 2 contre 2, à bout de souffle, à bout de fatigue, mais un moment génial. Puis nous arrivons chez notre ami, accueilli comme des héros. Ah, nous voyons bien ces regards impressionnés, ce respect que nous imposons sans même forcer. J’en fais peut être un peu trop. La soirée sera courte pour le Bam, malade comme un chien et qui ne supporte pas la 2e gorgée de bière. Il doit également partir demain matin à 5h pour rejoindre valence et y prendre un TGV pour Paris. Bonne année à toi l’ami ! Au final, je commence aussi à ne pas me sentir bien. Un sentiment qui se confirme d’heure en heure. Je vois passer toute la nourriture sous mes yeux, impossible d’avaler quoi que ce soit, et c’est dodo à 2h. Un souvenir cuisant pour quelqu’un qui aime pousser la soirée jusqu’au bout ! Et que dire du champagne ? Tant pis, je me force. Seul Louis s’agite comme un fou, puits d’énergie sans fond. Le lendemain, départ matinal des Dumont, et Louma ne se sent pas au top non plus. Ah !

Je passe une journée de plus ici, et le lendemain rejoins Raph a Aubenas et nous prenons la direction de Montpellier que nous atteignons le lendemain dans la journée. Nuit dans la famille avant de reprendre le train 2 jours après pour Nantes.

Un voyage qui restera dans les mémoires.

Bonne année 2017 !

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Fraîcheur

One thought on “MONTAUBAN – MEYRAS : L’AUBRIC à BRAC !

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